Maintenant, tout est en place.
Il s'agit de passer à l'acte final.
Pour commencer, nous appelons le cousin, Bernard Mesnillard.
Zoé est à mes côtés.
Elle lui dit, de vive voix, qu'elle est d'accord pour le Bukkake.
On parle de la clause, entre nous, qui veut que je sois présent.
Un petit moment d'hésitation à l'autre bout de la ligne mais, après réflexion, il ne voit pas d'inconvénient.
Il suffit de fixer une date.
C'est pas plus compliqué que ça.
Le Bukkake avec Zoé aura lieu à minuit.
Il nous demande juste d'arriver deux heures avant, pour nous préparer.
— On doit amener quelque chose?
— Pas la peine… On a tout sur place.
Après, il suffit de patienter.
Des longues journées à l'Autoplus à tout faire sauf à penser à ce qui arrivera le vendredi.
Croyez-moi, ce n'est pas si facile…
J'aimerais bien l'avoir ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour avoir, sans cesse, les mains occupées.
Parce que moi, dès qu'il y a un moment sans activité, je ne pense qu'à ça.
Et surtout à ce que Zoé demande de moi…
Toute une vie à me cacher et là, je dois m'exposer devant des dizaines de mecs qui, à poils, me nargueront de leurs grosses queues bandées.
C'est pire qu'une torture, c'est la culmination de toute une vie de honte.
Honte qui a commencé avec ma première humiliation devant Marie-Ève, avec sa petite branche à la main.
— Mais, il est tout petit…
La question que je me pose, depuis la visite chez les Mesnillard, est:
— Comment est-ce que Aline a su?
Elle me voit dans ma belle voiture de sport.
Peut-être que son cœur bat un peu plus fort.
Est-ce enfin sa vraie mère, venue la chercher?
Non, ce n'est qu'un mec…
Un jeune con.
Un ver de terre.
Comment a-t-elle su que j'étais le ver de terre idéal?
Quelle expérience…
Elle qui n'avait que seize ans.
Une lolita de la France profonde…
Alizée…
Moi, Lolita… Ce n'est pas ma faute à moi…
Ouais, sauf que j'étais pas juste un autre mec qui bavait.
J'étais un ticket de sortie.
Avec mon fric dans la main, je représentais sa destinée.
Et puis, à passer des heures à attendre et à rêver, Aline l'avait certainement vu.
C'est un peu tiré par les cheveux mais moi, j'y crois.
Le poste à essence des Mesnillard, c'était la marque Mobil.
Une Mustang, le logo c'est un cheval.
Une Aston Martin, c'est une paire d'ailes.
Si vous combinez les deux.
Cheval plus ailes…
Vous obtenez un pégase.
Justement, le logo de Mobil.
Un cheval ailé pour s'envoler.
Je pense que quand Aline l’a vu.
Elle est montée dessus.
Je deviens fou à penser à tout ça.
Qui était cette femme pour abandonner son enfant chez les ploucs?
Pensait-elle que ce serait mieux?
Que son milieu, à elle, était tellement pourri, que c'était lui faire une fleur?
Aline, princesse abandonnée, au libertinage gravé dans son ADN.
Aline, une infante, issue de la plus haute société.
Je devais être tellement minable, à ses yeux.
Et Zoé…
Qui, de A à Z, ferme la boucle de l'Ouroboros, le serpent qui avale sa queue.
Zoé qui réclame que je m'émancipe.
Que je brise mes chaînes devant une foule d'hommes.
En suis-je seulement capable?
Je peux supporter toutes les humiliations de la part de ma femme, puisque je l'aime…
Mais est-ce que je peux supporter les humiliations de tous ces étrangers?
Ne me suis-je pas programmé, moi-même, à l'autodestruction?
Je suis la Porsche qui fonce vers le carrefour.
Je n'ai plus de freins.
L'accélérateur est bloqué.
Je vais m'écraser.
Zoé ne le montre pas mais elle est certainement aussi anxieuse que moi.
Je ne connais pas son degré d'expérience sexuelle.
Gabriel, comme s'il devinait que c'était la fin, ne décolle plus du piège où il s'est englué.
Est-ce qu'il sera présent, vendredi?
Probablement…
Je veux dire, ça ne serait pas drôle autrement.
Le père de Murielle passe me voir.
Il est satisfait.
Les gendarmes ont arrêté ma filature.
Le procureur de la république confirme que devant l'insuffisance de preuves, il n'y aura pas de poursuites judiciaires.
Le crime parfait!
Difficile à imaginer, mais c'est encore possible de nos jours.
Pour le remercier de tout son bon travail, et parce que je n'ai pas encore payé ses honoraires, je l'invite vendredi soir au Lutin des Bois.
— Vous connaissez?
— De réputation…
— C'est pour un Bukkake, je précise… J'ai mis votre nom sur la liste des invités VIP.
Je ne sais pas s'il y a une liste de ce genre mais je trouve que ça fait classe.
— Je… Je ne sais pas…
— Allons, Éric… Si vous avez jamais fantasmé d'éjaculer sur le visage de ma fille, c'est une chance qui peut se réaliser.
Le type est vert, en m’entendant.
Je crois qu'il va avoir une syncope.
— Quoi? Zoé? Vous déconnez…
— Pas du tout… Mais, ce n'est pas la peine de vous décider maintenant… Passez, si vous le voulez…
Du coup, je crois qu'il me sait coupable.
Le crime parfait.
Le jeudi soir arrive, enfin…
Pour la première fois depuis son ouverture, je vais fermer l'Autoplus le vendredi, un jour de semaine.
Je prétexte de faire un inventaire.
On repousse les rendez-vous.
Toute l'équipe a quartier libre.
Gabriel passe dans la soirée pour venir chercher Zoé.
Ma fille, en leggings noirs, le cul moulé à l'arrière de sa bécane.
Très bandante.
Le petit voyou couche avec elle pour la dernière fois.
Je les écoute baiser, assis sur les marches de l'escalier.
J'ai une culotte de Zoé sous le nez.
— Putain, que t'es bonne!
Trop excité, je retourne dans mon trou.
Je sors le DVD de sa cachette.
Je m'installe.
Ce sera la dernière fois que je le regarde alors je veux en profiter.
Profiter d'Aline…
Avec tout ce que j'ai appris sur ma femme ces derniers jours, je ne peux pas m'empêcher de pleurer en pensant à elle.
Tout ce qu'elle était.
Tout ce qu'elle a fait.
Notre nuit de noces…
Bukkake avec la Mariée
(Si vous ne savez pas ce que c'est, ce n'est pas la peine de venir.)
Je regarde chaque instant de cette folie collective.
La joie impérieuse d'avaler toutes ces queues pour se noyer dans le sperme.
Se noyer.
Le lendemain, c'est le grand jour.
Ma routine est perturbée.
Je m'habille.
Je range mes affaires.
Je démonte mon trou.
J'enlève le lit de camp.
Je déplace mon ordinateur dans la remise.
J'ai le DVD à la main.
Je prends mon blouson.
Je prends mes clés.
Je roule jusqu'à l'immeuble de la gendarmerie, au centre-ville.
Au comptoir de la réception, je demande l'adjudant Passais.
— Vous êtes? demande la planton.
— Arnaud Belgeard.
— C'est à quel sujet?
— Je viens confesser d'un crime.
Le bleu est surpris.
Il décroche un combiné.
Il parle silencieusement dans l'appareil téléphonique.
Il me demande d'attendre sur un banc.
J'attends.
Après quelques minutes, l'adjudant Passais apparaît.
— Monsieur Belgeard, je…
— On peut parler?
— Oui… Suivez-moi.
J'avance derrière lui dans les étages de la direction départementale de police judiciaire.
Il me trouve une salle de réunion équipée d'un magnétophone.
Nous nous installons.
— Bien, je vous écoute…
Il met le magnétophone en marche.
Je sors le DVD de ma poche.
Je le glisse sur la table.
— Voilà, c'est la preuve…
— La preuve de quoi?
— La preuve du meurtre de ma femme.
— Qu'est-ce que c'est?
— C'est pas tout neuf… C'est un cadeau de mariage… Je vous le laisse. C'est une vidéo. Vous pourrez la visionner et l'ajouter au dossier.
— D'accord… Vous confessez… C'est vous qui avez tué votre femme, monsieur Belgeard?
— Non… C'est mon père.
Bon, je ne vais pas raconter tout ce que j'ai dit à l'adjudant Passais puisque je vous ai déjà tout dit.
Si vous êtes du genre futé, vous l'avez probablement déjà deviné.
C'est le a plus b de Arnaud Belgeard…
C'est pas trop compliqué.
Pour ceux qui ne voient toujours pas, c'est simple.
Quand mon père a appris que j'avais ramené une petite parasite comme Aline chez moi, il a bien pensé que ça ne pouvait amener que des emmerdes.
Il a pris les choses en main.
Quand j'étais au travail, il est allé chez moi pour dire à Aline de foutre le camp.
Un gros dur comme lui, il en a vu d'autres…
Ce n'est pas une petite croqueuse de diamants qui va lui faire peur.
Ben, ouais…
Mais, c'était sans compter sur Aline.
Si mon père sort d'un milieu dur, Aline sort d'un milieu plus dur encore.
Des fiers-à-bras.
Des vieux dégoûtants.
Des petits voyous.
Elle a déjà tout vu.
Rien ne lui fait peur…
Parce que ma Lolita, aux amours diluviennes, elle a une arme imparable.
Bien plus mortelle qu'un fusil ou un couteau.
Un mot.
Un seul…
Et, ce mot, c'est oui.
Oui.
À l'idée de se taper une belle petite gamine, les types feraient n'importe quoi.
Même mon père n'a pas résisté.
Pas un viol…
Tout comme moi, Aline l'a séduit.
Séduit en moins de temps qu'il faut pour démonter un pneu.
Ils se sont retrouvés dans ma chambre à baiser comme des fous.
Mais, après la baise, avec sa grosse queue dans la chatte de ma petite amie, mon père a eu des remords.
Il a acheté son silence.
Il lui a donné du fric.
Il l'a installé dans un hôtel.
Mais c'était trop tard pour lui.
Il avait mordu à l'hameçon.
Ou plutôt, il était mordu à la queue.
La vipère qui mord et qui ne lâche pas.
Mon père s'est occupé d'elle d'une manière que je ne pouvais pas.
Et lui aussi, il est tombé amoureux…
Aline colle à la personne comme de la bouse de vache coincée dans les rainures de vos baskets blanches.
Pas facile de s'en débarrasser.
Mon père a tout fait pour qu'elle dégage.
Un gros paquet de fric pour disparaître.
Tiens, juste la somme qui manquait à son copain Bernard pour ouvrir le Lutin.
OK…
Sauf que Aline n'allait pas s'arrêter là.
Elle voyait plus loin.
Elle se moquait de nos tronches.
Elle visait l'Autoplus.
La grosse vache à lait.
Tout a fonctionné à merveille.
Aline est partie, puis elle est revenue pour planter ses griffes dans le point faible.
Moi.
Elle est enceinte.
Elle veut m'épouser.
Elle sait que je suis fou d'amour.
Et puis, du coup, c'est épouser toute la famille…
Parce que Zoé est l'enfant de mon père.
Zoé est ma fille.
Zoé est ma sœur.
Quelle arme à feu!
L'histoire est bête comme chou.
Une histoire de chantage.
Un secret gardé contre du fric.
Mon père a raqué.
Tous les mois, pour la famille Mesnillard.
Aline a vécu dans l'insouciance.
Elle pouvait continuer à faire tout ce qu'elle voulait.
Bukkake avec la mariée…
Bukkake avec la belle-fille, aussi.
Parce que le dernier type sur le DVD, celui qui a le droit de planter sa queue dans la chatte de ma femme et d'y éjaculer.
C'est mon père.
J'ai toujours su que c'était lui.
Il a une tache de naissance sur la cuisse.
Je l'ai vue des centaines de fois, cette tache.
Pas d'erreur possible sur l'identité.
Admirez maintenant la détermination d'Aline à nous torturer.
Plus elle nous serre.
Plus elle nous fait suer.
Plus on en redemande.
Enfin, il y a des limites à tout…
Aline voulait toujours plus.
Elle voulait que mon père cède la majorité des parts dans la SARL de l'Autoplus à Zoé.
Après toutes ces années, elle en avait marre de nos tronches.
Marre de notre bled pourri.
Je l'avais bien senti, moi aussi.
Dès que Zoé aurait ses dix-huit ans, Aline comptait mettre les voiles.
Voir le monde.
Partir.
Peut-être, à la recherche de sa mère…
Ou sur ses pas.
Qui sait?
Des minables comme moi, il y en avait plein le pays.
Plein la planète.
La demande d'Aline, en y réfléchissant, n'était pas si incroyable.
Un jour ou l'autre, tout serait revenu à Zoé.
Une question de temps.
Mais, non…
Pour mon père, c'était la goutte d'eau de trop.
L'Autoplus, c'était son seul et véritable enfant.
Alors, il suffisait de faire ce qu'il aurait dû faire depuis longtemps.
Commettre le crime parfait!
Tout bidouiller.
Un calculateur de Porsche.
Un drone.
Louer une chambre dans un hôtel, à bonne distance.
Il s'est entraîné chez lui.
Un vrai pilote certifié.
Une fois que le plan est imaginé, c'est un jeu d'enfant.
Aline…
Morte dans un accident de voiture.
En sachant comment elle conduisait, il n'y aurait même pas d'enquête.
— On y a pensé, m’interrompt l'adjudant Passais.
— Quoi?
— À votre père… Ou à quelqu'un de votre famille… On a fait des recoupements avec tous les hôtels, les auberges et les offres de locations dans le périmètre. Rien! Votre père a un alibi en béton.
Sur le moment, je suis désarçonné.
Je suis pourtant certain de ne pas me tromper.
Il doit y avoir un morceau qui m'échappe.
— Je ne sais pas… C'est à vous de questionner mon père. Montrez lui le DVD… Juste la dernière scène. Il ne sait pas que je l’ai. C'est ça qui le fera avouer.
Le gendarme m'abandonne un long moment.
Probablement pour regarder le film et en parler à son supérieur.
Lorsqu'il revient, je sais qu'il a compris ce qu’il peut tirer de mon témoignage.
C'est à lui de jouer.
Lorsque je quitte la gendarmerie, je suis exténué.
Mais, je me sens léger.
L'épreuve n'est pourtant pas terminée.
Le Bukkake approche.