Clara se retrouve devant l'entrée de l'hôtel à fumer.
Elle réfléchit.
Yves fait partie de sa vie.
Le père de ses enfants…
Elle ne pourra pas le quitter.
Le lien est trop fort.
Elle l'aime sans l'aimer ce qui représente un sentiment particulier.
Elle se voit vivre avec lui mais sans dévier de son chemin.
L'idée de partager un espace lui convient.
Tout partager, sauf son intimité…
Pourquoi cette aversion physique envers celui qui l'a trompé?
Pourquoi cette exclusivité dans le couple marié?
Sa pensée est interrompue par la porte automatique coulissante.
Un homme sort de l'hôtel.
Il serre le col de son manteau.
Ils échangent un regard.
— Ah, vous êtes là… Je vous cherchais… Bonsoir, madame Chauvigny.
— Bonsoir, Victor… Mais, appelez-moi Clara.
— Vous allez bien?
— Très bien, merci.
Clara ne sait pas trop quoi lui dire.
Il n'a pas l'air de vouloir partir.
— Je suis content que David ait pu organiser notre rencontre… Désolé d'être en retard. Heureusement, vous m'avez attendu… Voilà… Je voulais vous faire une proposition… Comme vous le savez déjà, nous reprenons le développement de Cerizay. C'est un gros morceau… Un énorme chantier… Je suis à la tête du projet… Je suis un peu votre débiteur, vous savez… L'affaire était compliquée mais, sans vous, je dois l'admettre… Je ne serais pas là où je suis… Enfin, voilà… Si vous voulez rejoindre notre équipe, vous avez le profil parfait… Pas la peine de m'envoyer un CV, je connais déjà votre parcours et vos capacités. Voici ma carte professionnelle… Si vous êtes tentée par une nouvelle expérience, je suis convaincu que ce serait intéressant pour votre carrière. Moins monotone que chez Credifix, très certainement...
Victor sourit de toutes ses dents.
Clara prend la carte qu'il lui tend.
— Appelez-moi dès que vous êtes décidée à changer de vie… On parlera plus en détails… Bonsoir, Clara. Désolé, je dois filer… Laurence m'attend… N'hésitez pas à m'appeler… Vraiment… C'est une belle opportunité.
Surprise par la proposition, Clara ne sait pas quoi ajouter.
Victor lui tourne le dos.
Il est déjà parti.
Clara écrase sa cigarette du bout du pied malgré le cendrier installé à un mètre d'elle.
Elle sourit.
C'était donc ça le rencard de David?
Une offre d'emploi…
La proposition inattendue chamboule complètement son état d'esprit.
Clara a envie de boire un deuxième verre.
Envie de passer un bon moment avec son mari...
Elle a compris qu'il avait une chambre au Mercure.
Qu'il bandait encore pour elle…
Pourquoi pas?
Clara traverse le hall en direction du bar.
Elle entre dans l'espace à l'éclairage tamisé.
À sa grande surprise, Yves n'est pas seul.
Un homme est debout à ses côtés.
Le visage éclairé par la lampe suspendue, elle reconnaît son visage.
Hervé Prouant.
Clara s'approche d'eux.
Yves l'aperçoit du coin de l'œil.
— Clara, viens que je te présente…
Clara sourit mécaniquement.
— Bonsoir, dit-elle.
— Bonsoir, dit l'homme en lui serrant la main.
— Mon épouse, Clara… Hervé Prouant, confirme Yves, en finalisant les présentations.
— Enchantée.
Face à elle, l'homme fait moins âgé que sur la photo du journal.
Il n'est pas habillé comme un homme fortuné mais plutôt comme un agriculteur du coin.
Casquette sur la tête.
Mal rasé…
Veste de chasse épaisse sur un vieux cardigan troué.
Son regard est brillant, comparable à celui d'un animal rusé.
— Hervé m'annonçait à l'instant le mariage de sa fille…
— Félicitations, monsieur, répond Clara poliment sans trop savoir. Vous devez être enchanté…
— Appelle-moi Hervé… Je déteste les formalités. Honnêtement, cela ne me dit rien qui vaille cette union… Mais, je ne suis pas en mesure de l'empêcher… J'ai toujours refusé cette institution, personnellement… J'ai beau répéter à Laurence que c'est rien que des conneries, elle ne veut pas m'écouter.
Clara échange un regard interloqué avec Yves qui demeure de marbre.
— Bon, je vais vous laisser en amoureux… Ton mari me disait que tu montais à cheval. J'ai toute une écurie de bourrins, tu sais… Il faudra venir chez moi avec vos enfants… Vraiment… J'insiste... Bon, à la revoyure comme on dit…
Hervé serre la main de Yves.
Spontanément, il ôte sa casquette et fait la bise à Clara.
— Encore merci, ajoute-t-elle un peu décontenancée.
— C'est sérieux pour l'invitation à monter… Je veux voir ton joli cul sur mes canassons, rigole Hervé, entre vulgarité et provocation.
— Allez, salut vieux, conclut Yves. Avant que ça dégénère…
L'homme n'est pas du genre à éterniser un départ.
Courbé, presque bossu, il s'éloigne d'un pas sec en se recoiffant.
— C'est un original, commente Yves. Et là, ce n'est rien… Ce soir, il était presque normal.
— Laurence, c'est sa fille?
— Il a des enfants à droite et à gauche, si tu vois ce que je veux dire… Il a toujours vécu comme il l'entendait. Il parle à tout le monde comme s'il les connaissait depuis le lycée… Un sacré personnage… Un peu fou, très certainement…
— Il savait pour ta relation avec Laurence?
Yves jette un coup d'œil à la serveuse qui, bien que distante, est à même d'entendre ce qu'ils se disent.
— Viens… J'ai déjà réglé.
Yves referme la porte de sa chambre d'hôtel.
Le lit est fait mais ses affaires sont éparpillées sur les meubles.
Il se colle aussitôt contre Clara.
Elle se laisse embrasser.
Elle a envie de lui mais sans le vouloir vraiment.
Elle ne parvient pas à recoller ses sentiments.
Elle le repousse après un moment.
Il soupire.
— Je ne pensais pas que tu allais revenir après ta cigarette…
— Je ne sais pas ce que je veux, Yves. La soirée a été très mouvementée… Je suis fatiguée.
— Tu veux rentrer?
— Non, je veux juste m'allonger à côté de toi. Mais nue…
Yves écarte la mèche tombée devant les yeux de Clara.
Il pose un baiser sur ses lèvres.
Il commence à se déshabiller.
Clara est contente de retirer sa robe.
Yves ne laisse qu'une petite lampe allumée.
Clara se retrouve nue sous la couette blanche de la chambre d'hôtel.
Yves approche.
Il est à nouveau très en forme physiquement.
Ne plus diriger la Stimco semble lui convenir.
Il se glisse dans le lit.
Il avance son bras.
Clara approche pour se laisser enlacer.
Ils regardent tous les deux le plafond.
Clara brise la glace.
— Ça fait bizarre d'être dans un hôtel alors qu'on a chacun un appartement pas loin.
— On devrait le faire de temps en temps… Se retrouver à Paris… Faire connaissance dans un bar comme deux étrangers…
— T'as lu ça dans… Comment sauver votre couple en dix leçons?
— Tu veux toujours divorcer?
— Oui… Je veux divorcer mais je veux partager ma vie avec toi.
— Je ne comprends pas, Clara.
— Si t'as pris un grand appartement, c'est que tu pensais à nous… À moi, et à tes enfants… J'ai compris que tu veux partager ton espace avec nous.
— Oui… Plus que tout.
— C'est d'accord... On emménage chez toi dès que nous serons divorcés. Mais, chacun sa chambre… On partage le reste.
— Alors, pourquoi divorcer?
— Je veux mon indépendance. Mon nom. Mon identité… Mon métier. Mon argent. Mes impôts. Mon temps. Ma liberté… Peut-être que Hervé Prouant a tout compris depuis longtemps… Le contrat de mariage est néfaste. Il est certainement obsolète dans notre société moderne. On n'a pas besoin de se lier civilement dans une forme d'exclusivité sociale… Par contre, on peut partager une vie commune. Comme tu le disais… Un espace… Un grand salon… Une ville. Autant rentrer le soir et avoir quelqu'un à qui parler… Pas la peine de vivre isolés, chacun dans un studio glauque, comme mon frère... Nos enfants sont le fruit du hasard, t'as raison… Je pense qu'à un niveau génétique la combinaison est valable. Deux beaux enfants intelligents qui peuvent faire ce qu'ils veulent de leur temps. Ils peuvent faire ce qu'ils veulent de leurs vies… Leurs choix sont les leurs. À nous de parler avec eux de nos expériences, succès et déboires… Cette information, ils la traiteront comme bon leur semble… Ma mère est l'exemple de la femme coincée dans l'institution. Les murs de son emprisonnement, elle les a construits elle-même par son silence. Elle ne s'en rend même pas compte… Mon frère et moi, elle nous a jamais mis en garde des difficultés qui nous attendaient… Mon père est comme tous les hommes mariés… Il est le bénéficiaire d'une distinction sociale taillée à sa mesure. Le mariage est une institution masculine par excellence… Je ne pense pas qu'on ait demandé aux femmes leurs avis en instituant tout ça.
— Alors, pourquoi tu t'es mariée avec moi?
— J'étais peut-être aussi sotte que Laurence l'est aujourd'hui… Souviens-toi de notre première rencontre. J'allais à des mariages presque toutes les semaines pour servir du champagne et des petits fours… Je pensais que c'était un passage obligé. Un rituel qui donnait à la femme le bonheur éternel… Le mariage, c'est une belle fête mais, dès qu'elle est finie, les emmerdes commencent… La première, c'est la perte d'identité. Tu perds ton nom… Tu perds ta liberté. Tu n'es même pas propriétaire des x mètres carrés de ton logis… Par contre, à toi de prendre le balai et de t'attaquer aux toiles d'araignées. Le chemin n'est pas égalitaire… Il n'y a pas de partage… L'homme a gagné, à peu de frais, une bonne à tout faire… Une bonne à faire des enfants.
— Existe-t-il une alternative?
— Je ne sais pas. À nous d'être créatives… À nous de changer l'équation. Les x et les y doivent être équilibrés autrement. Rendons l'institution illégale… Supprimons les avantages fiscaux… Laissons aux couples le droit de se rencontrer et de se séparer à volonté.
— Et les enfants? Le produit commun d'une union…
— Que chacun les reconnaisse… Mais, la première chose que je changerais c'est le nom de famille… Les enfants devraient obligatoirement porter le nom de la mère… Cela changerait beaucoup de choses… Surtout les comportements des hommes… La responsabilité est commune. Après ce n'est qu'une question de règles du jeu. On n'écrit pas assez de lois en leur nom… On ne les voit pas comme des citoyens. Comme si un enfant n'existait véritablement qu'à dix-huit ans… Le contrat de mariage est obsolète. Le contrat de l'enfant est à inventer… Une union légale, au moment de la naissance, qui garantit à l'enfant qu'il sera pris en charge par ses deux parents… Je ne suis pas assez calée pour exposer tous les détails. Mais, cessons de se faire la guerre autour d'eux… Le divorce déchire les enfants. C'est injuste… C'est mal pensé. Tu as raison, ce qui compte c'est le partage de l'espace commun…
— Et l'amour?
— N'est pas une obligation… Arrêtons avec cette tyrannie qui n'a pas de sens. Je ne suis pas obligée d'avoir un sentiment amoureux pour qui que ce soit. Si j'admire quelqu'un, c'est pour ce qu'il fait. Si mon fils devient un monstre, je n'ai pas d'obligation à l'aimer jusque sur l'échafaud.
— C'est un peu fort…
— Arrêtons de nous mentir… Mettons les choses au clair. Montrons aux autres qui nous sommes, véritablement.
— Je ne sais plus qui je suis, déclare Yves dans la confusion.
— Je ne peux pas t'aider… C'est à toi de trouver ton chemin... De trouver la personne que tu voulais être.
Yves médite.
— Je peux te poser une question? demande Yves, après un moment.
— Oui.
— C'est comment de baiser un adolescent?
Clara se réveille à l'aube.
Yves dort profondément.
Ils ont parlé.
Ils ont baisé.
Ils se sont endormis.
Clara se glisse hors du lit.
Elle urine dans la petite salle de bain puis s'habille sans faire de bruit.
Elle file.
La femme à la réception la regarde d'un œil critique.
Maman ou putain?
Clara s'en fiche.
Elle est contente de retrouver l'air frais.
Elle n'habite qu'à dix minutes à pied.
En chemin, elle achète des croissants frais.
Elle compte préparer un chocolat chaud aux enfants.
Leur annoncer le retour de leur père…
L'après-midi, ils seront grimpés sur leurs chevaux.
Le soir, ils seront devant leurs devoirs.
Ils se coucheront tôt.
Ils dormiront bien.
Clara est gonflée d'une bouffée d'optimisme.
Les choses se mettent en place.
Elle voit la sortie du tunnel.
La fin d'une période agitée.
Deux mois plus tard...
Le divorce à l'amiable est prononcé.
Après la comparution devant le juge, Clara et Yves emménagent ensemble.
L'appartement est magnifique.
Un cinq pièces de grand standing dans un immeuble ancien mais rénové du centre-ville.
Ils ont chacun une belle chambre qu'ils sont libres de meubler selon leurs goûts.
Le Conseil des Ministres a lieu le mercredi soir après les devoirs.
Yves trouve l'idée excellente.
Il note méticuleusement ses doléances envers Clara mais aussi envers ses enfants.
Nicolas qui ne range pas sa chambre et qui laisse des gouttes sur la cuvette des toilettes.
Béatrice qui ne range pas dans la cuisine et qui écoute de la musique trop tôt le matin.
Chacun doit respecter l'autre…
Chacun doit suivre le règlement intérieur.
Financièrement, les comptes sont tenus en temps réel.
Yves a programmé une feuille de calcul qu'il partage avec Clara et les enfants.
Chacun sait ce que coûte l'électricité…
L'eau.
Les charges de l'immeuble.
Les impôts locaux.
Chacun doit contribuer selon les mètres carrés de sa chambre individuelle.
Les enfants doivent comprendre que rien n'est gratuit.
Chaque semaine, lorsque les comptes sont passés en revue, ils voient le détail et le montant de leurs soldes débiteurs.
Ils savent, exactement, combien ils coûtent à leurs parents, ce qui les responsabilise beaucoup.
Yves s'est loué un espace de travail partagé.
Il passe ses journées à aider des plus jeunes entrepreneurs qui rêvent de start-ups et de sociétés 2.0.
Il a placé deux millions à la bourse qui lui rapportent cinq pour cent par an.
Sans travailler, ses revenus s'élèvent à cent mille euros brut.
Clara est indépendante financièrement.
Elle paye sa quote-part de loyer à Yves selon la formule négociée.
Elle paye sa quote-part de la femme de ménage.
Elle paye sa quote-part pour les enfants.
Elle gère son argent.
Clara a changé d'emploi.
Elle n'est pas retournée à Credifix après la nuit avec Yves.
Elle a envoyé sa lettre de démission dès le lundi suivant.
En renonçant à sa prime de départ et à ses congés payés, elle a pu partir immédiatement.
Elle a appelé Victor Laubiers pour commencer son nouveau métier.
Elle fait partie de l'équipe commerciale du projet Cerizay, ensemble immobilier vendu sous le nom de Quartier des Conquérants.
Très vite, Victor reconnaît ses qualités dans la présentation.
Clara attire les regards masculins.
Rattachée au service des ventes plutôt qu'au service de crédit, Clara retrouve toute la féminité qu'elle avait temporairement gommée.
Sa décision la plus particulière est un appel pour un rendez-vous au cabinet de dentiste du père de Richard.
Elle se retrouve dans le grand fauteuil.
Avant de l'examiner, David déclare:
— Je vous félicite Clara, d'avoir suivi mes conseils. Tant pour mon fils que pour votre carrière… Je vais vous faire un merveilleux sourire pour vos clients… Vous savez, je possède quinze pour cent du groupe Massais alors vos très bons résultats sont aussi les miens… Ouvrez grand.
C'est seulement en fin d'examen que Clara ose demander:
— Comment va Richard?
— Très bien… Bonnes notes à l'école. Toujours passionné d'escrime… Toujours avec Aglaé.
— Je…
— Son camarade Thierry n'était pas une bonne influence. Ils se sont séparés à l'amiable… C'est pour le mieux. Encore une année à Caen… Le bac… Ensuite, Richard pourra aller à Paris faire des études.
— J'en suis ravie.
— Caen est une petite ville, je suis sûr que vous vous croiserez un jour ou l'autre…
— Oui, probablement… Une bise sur la joue, rien de plus. C'est promis, sourit Clara.
David grimace avec malice.
En quittant le cabinet dentaire, Clara pense à cet homme de l'ombre qui agit en secret et qui connaît tant de gens.
Clara a une idée étrange…
David et Yves, amis d'école, se transforment en Thierry et Richard.
Un passé comparable?
Une répétition des comportements?
Clara a coupé les ponts avec Joëlle.
Après des années d'amitié, elle ne veut plus la voir.
Sur son portable, elle bloque ses appels et ses messages entrants.
Clara devine bien que c'est déchirant pour son amie mais elle a besoin d'une rupture franche.
Joëlle n'est pas dans le besoin.
Elle saura se débrouiller.
Trouver une nouvelle oreille à qui raconter ses mensonges...
Ses fables à l'infini.
Et puis, Clara a arrêté de fumer.
Le temps file.
Une nouvelle année...
Clara fréquente régulièrement des salons de vente immobilière.
Elle attire les intéressés.
Lorsqu'elle flirte innocemment avec un client, ils lui demandent souvent si elle est mariée.
Clara ne répond jamais qu'elle est divorcée.
Elle ne porte pas d'alliance.
Elle n'est pas célibataire.
Elle ajoute ensuite dans la foulée:
— J'habite avec un homme et mes deux enfants.
Clara retourne alors la question.
La plupart du temps, les hommes sont mariés.
Elle laisse ouverte la possibilité d'une rencontre…
S'ils répondent qu'ils sont seuls, séparés ou divorcés, Clara leur fait comprendre qu'elle n'est pas intéressée.
Avant de coucher avec eux, Clara précise que ce n'est qu'une affaire de sexe.
Pas d'affection…
Les hommes mariés comprennent parfaitement.
Les hommes divorcés veulent toujours s'accrocher à des planches.
Ils cherchent une liaison.
Clara Brieux devient rapidement la meilleure vendeuse chez Massais.
Elle sourit volontiers de son succès.
Les hommes feraient n'importe quoi pour plaire à une femme séduisante.
Pour se glisser entre ses cuisses…
Quitte à perdre l'argent d'une réservation sur un achat immobilier.
L'amour physique avec ses clients n'est pas comparable avec la passion de Richard.
La plupart des hommes mariés sont anxieux.
Ils la pénètrent avec lourdeur.
Ils s'acharnent sur ses beaux seins.
Clara a rarement un orgasme mais elle savoure l'intimité.
Elle apprécie l'effort qu'ils mettent à vouloir lui donner du plaisir.
Elle accepte qu'ils éjaculent en elle.
L'instant qui leur plaît le mieux…
Lorsqu'elle rentre chez elle après une rencontre, elle se sent rechargée.
Elle raconte ses aventures à Yves.
Un peu ivre dans leur salon, elle décrit chaque détail.
Jusqu'aux caresses et leurs sensations...
Il en devient plus curieux, plus tendre et plus attentionné.
Devenu un amant occasionnel, il fait des efforts pour mieux la baiser.
Ils ne dorment jamais ensemble.
Clara apprécie la tranquillité de sa vie de famille.
Les enfants grandissent.
Yves est taciturne, parfois frustré de les avoir avec lui, mais il s'occupe d'eux.
Les parents d'Yves se montrent plus conciliants de les voir tous réunis.
À Fontenelle, toute la grande famille Brieux se retrouve autour de tables joyeuses.
Clara estime la situation des autres.
De son frère et de ses cousins…
Elle trouve que sa petite famille est la plus rayonnante et la plus épanouie.
Béatrice attire tous les regards...
Ses seins nus sont magnifiques.
Nicolas étoffe sa charpente.
Il n'est plus un petit garçon.
Bientôt, il sera aussi beau que Richard…
Béatrice et Clara parlent très souvent de leur sexualité même si Yves et Nicolas sont dans la pièce.
Clara parle de ses rencontres à l'extérieur.
Béatrice de ses premiers émois.
Clara insiste sur un point:
— Tu dois apprendre, ma chérie, que le romantisme est un mythe. Une invention de quelques jeunes écrivains, d'autrefois, qui passaient trop de temps à fantasmer sur les femmes, en se masturbant… Ils avaient peut-être un talent littéraire mais ils n'avaient aucun sens de la réalité. Le romantisme, c'est faux et archi-faux… Tu n'aimeras pas le même homme jusqu'à la fin de tes jours… Surtout pas avec la même intensité que lors de votre première rencontre... La passion dure, au mieux, une année… Nous sommes des mammifères volages. Il ne faut pas l'oublier. Lorsque tu commences une passion amoureuse, note le jour dans ton calendrier. Tu verras si j'ai raison… Après ce temps, prépare-toi à changer d'amant… Élargis tes horizons… Maintenant que tu sais ce que représente l'amour physique, choisis celui qui te baise le mieux… Ne répond pas à ses fantasmes de vie à deux… Il voudra construire un château autour de toi. Il l'imaginera peuplé de vos enfants… Tu n'es pas naïve... Ce château de pierres est une prison…. Quel bel oiseau voudrait vivre enfermé dans une cage, même dorée? Reste libre toute ta vie, Béatrice… Fais ce que tu veux… Choisis tes études. Choisis ton métier. Choisis ton espace de vie. Choisis si tu veux ou non des enfants… Quand… Avec qui… Ne laisse pas ton amant t'imposer ses choix, surtout si tu es dans une phase passionnée… C'est là qu'il cherche à te piéger… Tu penses que tes sentiments pour lui sont éternels? Ils ne le sont pas... On parle beaucoup de la libération de la femme… Eh bien, elle doit le rester… Libre... Les femmes doivent refuser l'institution du mariage… Elles doivent protéger leurs indépendances et leurs bonheurs individuels. Tu n'as pas à te sacrifier pour qui que ce soit… Ni tes parents… Ni ton amant… Ni tes enfants... Tu dois vivre ta vie, un point c'est tout... Pour la simple raison que tu n'en as qu'une et que tu es unique au monde. Tu n'es que toi...