Après le déjeuner à la cantine de son entreprise, Clara fume sa cigarette quotidienne en compagnie de Joëlle.
La veille, rien n'a été décidé.
Clara et les enfants sont rentrés tard après la visite chez ses parents.
Après l'agitation de les mettre au lit, Clara était trop épuisée pour parler avec Yves.
Elle était allée se coucher sans dire un mot.
Lui n'avait rien fait de la soirée.
Il s'était commandé une pizza.
Il avait regardé un match de foot à la télé.
Il n'avait même pas rangé le carton et les serviettes en papier usées.
— T'as pris une décision? demande Joëlle.
— Je ne sais pas… Ma mère pense que je ne devrais rien dire. Le laisser se dépatouiller.
— Vraiment?
— Elle pense qu'une infidélité est toujours passagère… Que c'est avant tout une histoire de sexe. Que ce n'est pas la peine de détruire le couple pour ça.
— Elle est du genre décontractée.
— Elle en a vu pas mal dans la famille… Mon frère est divorcé, tu sais. Cela s'est mal passé, même si c'était prévisible.
— Il a trompé sa femme?
— Même pas, je crois… Je ne pense pas. Il est tout simplement con. Sa femme en a eu marre de vivre sous le même toit que lui. Elle a pris les enfants et elle s'est barrée.
— Bien pour elle… J'applaudis.
— Tu ne devrais pas… Un divorce, c'est toujours un échec… Je veux dire, l'ex de mon frère se débrouille. Elle ne voulait pas rester à Caen. Elle est fleuriste, du côté d'Agen… Ça doit être joli, là-bas… Leurs cousins, mes enfants les voient à Fontenelle pendant les grandes vacances. Je ne reste pas quand mon frère y est. Je ne le supporte pas… Là, j'admets… Quand t'es con, t'es con… Et c'est pour la vie. Mais Yves n'est pas con, justement. Je veux dire… Regarde, il a pas mal réussi… Il ne vient pas d'un milieu super friqué. Ses parents sont des bourgeois moyens. Son frère et sa sœur sont sympas. Ils font tous assez solides quand tu les rencontres. Yves fait tout pour briller chez lui. Une compétition entre eux… Je crois que si Yves divorçait, ce serait mal vu… Il perdrait un peu la face. Il perdrait sa place de premier de la classe.
— Tu t'en fiches de ces gens… Pense à toi, Clara.
— C'est un tout… Une famille. Les pièces d'un puzzle qui s'assemble au fil du temps… De savoir qu'on fait partie d'un ensemble, c'est rassurant. Je ne me vois pas toute seule comme toi.
— Je te fais pitié, c'est ça?
— Honnêtement… Un peu tout de même… Surtout parce que je te trouve superbe. Tous les mecs devraient être à tes pieds.
Joëlle retrouve son sourire.
Clara la détaille.
Elles ont presque le même âge mais Joëlle fait plus jeune.
Moins épuisée…
— Que veux-tu… Le célibat, c'est mon dada.
— Et t'as probablement raison… C'est ce qui te convient. Mais, nous ne sommes pas toutes pareilles… Je ne me vois pas seule.
— Je ne suis pas seule, Clara.
— T'as trouvé quelqu'un?
— Non… Je suis un peu dans le désert, en ce moment… J'ai l'habitude. Et puis, je n'ai pas tes talents… Il me faudrait une paire de seins comme les tiens.
— Arrête…
Joëlle écrase sa cigarette du pied.
Elle recrache la fumée avant de déclarer:
— T'as certainement raison… Ta mère aussi a raison. La famille c'est plus important que l'individu. Je ne peux pas vraiment savoir. J'ai toujours vécu toute seule. C'est le problème d'être fille unique… La solitude… J'ai grandi avec… Parler à mes poupées… Parler à moi-même. C'est un autre chemin… En effet, je suis de piètre conseil mais tu es ma meilleure amie. Alors, je tiens beaucoup à toi… Ton bonheur est un peu le mien. Je n'aime pas voir que ça ne va pas chez toi. C'est tout…
Émue, Clara serre Joëlle contre elle.
— Merci d'être là, ajoute Clara. Je vais trouver une solution. Je crois que si je ne travaillais pas chez Credifix je perdrais la raison. Avoir cette histoire qui me tombe dessus et en plus être toute la journée à la maison… Je ne pourrais pas. Quoiqu'il arrive, je te promets de ne jamais démissionner.
— Mariée à ton boulot, comme moi…
— Au moins, la boîte ne va pas nous tromper…
— On pourrait être licenciées.
— Le crédit aux particuliers est un secteur qui ne connaît pas la crise.
— Sais-tu que c'est la première cause de divorces dans le pays? Ce n'est pas l'infidélité comme beaucoup le pensent… C'est un niveau de dettes trop élevé.
— Je le sais… Et parfois, je pense à toutes ces familles qu'on traumatise avec nos courriers menaçants. Mais, t'as raison… Le mariage est un contrat de propriété. Ce n'est pas un contrat d'amour… Je pense que c'est de là que vient la confusion… Surtout chez nous les femmes, qui sommes moins tracassées par les biens matériels. Hollywood déforme notre vision… On ne voit pas que c'est une affaire d'immobilier. Ma maison… Ma femme… Mes enfants… Ma voiture.
— Pour pas mal de mecs, la voiture vient en premier.
— Le couple se construit à coup de crédits amoureux. On hypothèque nos avenirs…
— Si le mari ne paye pas ses traites?
— Courrier de relance… S'il n'arrête pas, c'est le contentieux. Tu vois, j'en suis au début…
— Une escapade de ton mari, ce n'est donc rien?
— Pour le moment… Ma mère a probablement raison. Tant que son but n'est pas le divorce, ce n'est pas grave. Je crois que c'est ce que Yves voulait me dire, l'autre soir. Il n'a pas l'intention de vivre avec cette Laurence… Une histoire professionnelle plus que personnelle. Notre maison est solide. Elle doit le rester.
— T'es pas jalouse, alors?
— Si, affreusement… Et c'est un sentiment stupide. Pourquoi est-ce que ça devrait me faire quelque chose qu'il trempe sa queue dans la chatte d'une autre, tant qu'il continue de me baiser, moi?
Joëlle regarde l'écran de son portable.
— Faut que je remonte… J'ai des piles de lettres de rappel à préparer.
Clara lui sourit.
— Moi aussi.
Clara est au milieu du rayon produits frais du Carrefour lorsque la solution lui vient à l'esprit.
Une joie presque instantanée…
Après l'école, les enfants déambulent derrière son Caddie comme des zombies.
Ils sont épuisés.
Ils veulent rentrer.
Clara ne veut pas traîner.
Elle ajoute à ses achats des yaourts sucrés et des desserts industriels.
Elle fonce vers les caisses.
Clara est subitement pleine d'élan.
Son sentiment de joie est puissant.
Une porte dans son esprit vient de s'ouvrir sur un nouveau monde.
La vie qu'elle a toujours voulu, sans jamais le formuler aussi clairement.
Peu de monde aux caisses…
Les enfants déposent les achats sur le tapis roulant.
Clara emplit les sacs.
Total affiché.
La jeune caissière baille d'ennui.
Paiement par carte bancaire.
Deux minutes plus tard, Clara charge le petit coffre de la ZOE pendant que les enfants s'installent.
Son idée ne la quitte plus.
Elle calcule le pour et le contre…
Clara roule tranquillement.
Après neuf kilomètres, elle quitte la départementale pour la petite route qui les mène chez eux.
Elle gare sa voiture sous le carport.
Elle se rappelle mentalement de ne pas oublier de brancher le véhicule électrique.
— Vous m'aidez les enfants… Chacun porte deux sacs.
— Est-ce que le papier toilette compte pour un sac? demande Nicolas, roi du moindre effort.
— Non… Seulement les sacs qu'on a apportés.
Clara coupe le moteur.
Elle quitte le véhicule.
Elle s'occupe de la prise électrique en premier.
Elle ouvre la malle arrière.
Les enfants, cartables sur le dos, se partagent les sacs les moins lourds.
Ils parviennent à tout transporter.
Chargés comme des mulets, ils passent la porte d'entrée.
Les lumières sont allumées.
Une musique douce de jazz baigne la maison.
Yves vient à leur rencontre.
— Bonsoir… Je vous donne un coup de main.
Mécaniquement, il pose un baiser sur le bord des lèvres de Clara.
Il s'empare de ses deux sacs, les plus lourds.
Les enfants déposent tout à terre.
— Allez vous laver les mains, ordonne Clara. Je prépare le dîner.
— J'ai encore des devoirs, s'inquiète Béatrice.
— Pourquoi tu ne les as pas fait à l'étude?
— J'ai pas tout terminé.
— Je t'assure… Dans le public, t'aurais plus le temps de rêvasser… Je ne sais pas si c'est bon ces masses de devoirs à la maison.
Béatrice s'éloigne en tirant à deux mains son énorme cartable.
Yves revient pour un deuxième chargement.
— T'es rudement de bonne heure, constate Clara.
— Hier, on n'a pas eu le temps de parler…
Clara grimace en accrochant son manteau.
— Tu veux parler?
Clara ôte ses bottes.
Elle masse ses pieds.
— Oui, confirme Yves.
Il n'attend pas.
Il transporte sa charge vers l'espace cuisine.
Clara soupire.
Elle enfile les tennis blanches sans lacets qu'elle porte à la maison.
Elle prend le gros paquet de papier toilette.
Elle retrouve Yves qui commence à ranger les achats.
— T'étais pas inquiet hier soir quand nous n'étions pas là?
— Non… J'ai appelé ton père.
— Quel Judas, celui-là…
Clara vide les sacs.
Elle range les surgelés.
— Si j'étais partie?
— Où?
— Pour de bon… Avec les enfants.
— C'est ce que j'ai dis… Où?
— À Fontenelle.
— Et l'école?
— Satané école.
Clara a des gestes rapides.
Par habitude, elle va deux fois plus vite que Yves.
— Va voir les enfants… Je m'occupe du repas.
Yves approche de Clara.
Il hésite à la serrer contre lui.
Elle devine son incertitude mais préfère l'ignorer.
— Qu'est-ce que t'écoutais?
— Charlie Parker… C'est que je mets quand j'ai le blues.
— Parce que toi, t'as le blues?
Yves ne répond pas.
Il se dirige vers les chambres des enfants.
Après le repas, Yves termine de ranger la cuisine.
Clara revient des chambres.
Elle a enfilé sa combinaison du soir en polaire moelleuse.
Des chaussons de fausse fourrure aux pieds.
Toujours son idée en tête, elle approche de l'îlot cuisine.
— Les enfants sont couchés. Dépêche-toi, j'ai quelque chose à dire…
Clara n'attend pas sa réponse.
Elle avance vers les canapés.
Elle répète mentalement la formule entendue dans un film.
Lorsqu'on sait comment sera le reste de sa vie, on a envie qu'elle commence immédiatement.
Après la cuisine, Yves range le disque resté sur la platine de la stéréo.
Clara le regarde faire.
Ses pensées des deux derniers jours s'entrechoquent.
Les paroles échangées avec Joëlle et sa mère…
Un peu sur la défensive, Yves approche.
— Béatrice m'a demandé un portable, déclare-t-il pour entamer une conversation.
— Elle le demande à toi… Jamais à moi.
— Tu penses que c'est le moment? C'est assez pratique tout de même… Si elle veut nous joindre.
— Ça doit être pour ça qu'elle t'en parle… Tu ne lui dis jamais non.
— Qu'est-ce que tu veux? Je suis un gars sympa…
Yves s'installe dans le canapé en face de Clara.
— Personne ne peut se passer de moi, ajoute-t-il, en étalant le bras le long du dossier.
Clara remonte ses genoux sous elle.
Yves s'est changé après le travail.
Pantalon d'intérieur noir.
Pull fin à même la peau.
Mocassins souples.
Il fixe Clara qui ne relève pas la dernière remarque.
Elle cherche ses mots.
Après un moment de silence, elle entame:
— Yves, j'ai réfléchi…
— Moi, aussi.
— Non, tu ne parles pas… C'est moi, ce soir. Je l'ai bien mérité.
— Vas-y, alors… Je t'écoute.
— Je ne veux plus continuer comme ça… En fait, je crois que j'avais déjà un problème, avant. Ton aventure avec cette femme, ce n'est peut-être que la goutte d'eau… Le coup de sabot qui me fait réagir… Laisse-moi exposer mon point de vue et après, tu me diras ce que tu en penses… Donc, voilà… Même si je déplore ta conduite, je la comprends… J'accepte les circonstances. Je te connais. Je sais ce que tu fais au quotidien et ce n'est pas facile… Ce que je vois surtout c'est que je t'aime. Tu es l'homme de ma vie… Si je t'ai épousé, ce n'est pas pour rien. Alors, je te fais le pacte, ce soir… Maintenant… De ne jamais divorcer. Nous avons investi treize années dans notre mariage. Deux beaux enfants… Intelligents. Pleins de potentiel. Nous avons cette belle maison. Des amis. Des relations. Nos parents. Tout ça n'est pas rien… Non, tout ça, c'est énorme… Nous sommes quasiment dans l'élite du pays… De la région, au moins… Je ne veux pas perdre ça… Je veux tout garder. Mari… Situation. Enfants. Maison. Voiture… Je veux tout. Et c'est pour cette raison que je ne mets pas de conditions à ce que tu as fait. En fait, je te félicite… Tu t'es fait du bien… Tu as saisi la vie à bras ouverts… Parce que je sais… Que tu m'aimes aussi… Tu es comme moi, je crois… Tu ne veux pas me perdre… Tu ne veux pas perdre tout ce qu'on a bâti… Nous sommes unis.
Clara marque une pause.
Yves écoute sans réagir.
Elle reprend son souffle avant de poursuivre.
— Mais, je veux changer aussi… Je veux avoir tout ça, moi aussi. Je veux m'élever à ton niveau. Je veux retrouver ma liberté et c'est pour ça que… Parce que justement nous avons tout ce capital humain et matériel… Il est donc possible, pour nous deux, d'avoir un mariage ouvert. C'est-à-dire que Laurence… Tu la vois autant que tu le peux… Mais, moi… Si je trouve quelqu'un qui m'intéresse, je veux aussi avoir cette liberté.
Richard fronce les sourcils.
Il écoute.
— Un mariage ouvert veut dire que nous nous aimons… Que nous restons toujours ensemble. Pas de divorce… Pas de séparation. Il faut que ce soit clair… Pour Laurence, aussi. Tu dois le lui dire. Parce que si elle s'imagine qu'elle peut venir piquer tout ce que je possède, je ne vais pas la laisser faire… Moi, c'est pareil… Si je trouve un homme, c'est juste pour moi toute seule. C'est pour l'aventure… Pour me changer les idées. Nous ne pouvons pas être jaloux de nos aventures. Tu dois accepter les miennes comme j'accepte les tiennes… C'est le premier point… La fondation. Qu'est-ce que tu en penses?
Yves se frotte le menton.
Il se penche en avant en croisant les mains.
— D'accord… Je suis d'accord.
Clara est un peu surprise de la rapidité de sa réponse.
Il ajoute:
— Comme très souvent, je suis sur ta longueur d'onde, Clara… Je crois que c'est un élément qui nous rend forts, tous les deux. On veut la même chose… Je ne veux pas te perdre. Tu es mon amour… Laurence ne m'offre rien de comparable. Si je suis avec elle, c'est presque à un niveau thérapeutique. Juste pour m'évader à des moments où justement tu n'es pas là parce que tu as aussi ta vie… Je ne te veux pas sous ma coupe. Je comprends tout ce que tu dis… La question, c'est un peu les enfants… Qu'est-ce qu'on leur dit?
— Justement, c'est le second point… Celui-là, il a mis un peu plus de temps à germer. Mais, à partir de maintenant, je ne veux plus mentir… Ni avec toi… Ni avec les enfants… Parce que ce sont les mensonges qui sont toxiques. Je veux dire la vérité… Comme elle est… Sans la cacher… À tout le monde… Parce que je n'ai pas honte de qui je suis… De qui nous sommes et de ce que nous faisons. On expliquera aux enfants… Je m'en fiche si ça les traumatise… Mais, je ne pense pas que ça risque d'arriver… Et toi aussi, il faudra que tu leur parles. Ce n'est pas que moi qui doit gérer… Ce qui m'amène au troisième point.
La gorge un peu sèche, Clara accélère la cadence de son débit.
— Le troisième point, c'est le rééquilibrage dans le couple… Nous sommes d'accords sur les fondations. Maintenant, il faut construire les murs. Chacun de nous doit poser des briques… Voilà, ce que je veux… Une semaine chacun… Je vais faire un calendrier. Cinquante deux semaines dans l'année, c'est facile à diviser en deux… Une semaine de foyer… Une semaine de liberté… Pour nous deux… Qu'est-ce que ça veut dire? Pendant une semaine, tu t'occupes de la maison. Des courses… Des repas. Tu emmènes les enfants à l'école. Tu vas les chercher. Tu surveilles les devoirs. Tu les mets au lit. Tu ranges. Tu repasses. Tu fais du linge. Arrive dimanche… Parce qu'on change le dimanche… C'est à mon tour… Et là, tu as une semaine pour faire ce que tu veux… Coucher chez Laurence, si tu veux… La seule règle c'est que vous ne baisiez pas ici. Surtout pas quand les enfants sont présents… Tu peux la faire venir chez nous mais ça reste civilisé. Même s'ils sont en stage de neige ou à Fontenelle… En gros, notre lit conjugal est hors limites. Toutes les pièces ici sont à nous… Elles sont réservées pour notre intimité. C'est le château fort… Il doit être solide parce que notre amour est solide. Parce que c'est un mariage basé sur le respect, sur l'égalité et sur la liberté.
— Liberté, égalité… Infidélité. J'aime, ironise Yves.
— T'es pas infidèle parce que tu me dis tout ce que tu fais et moi je te dis tout ce que je fais. On ne se ment pas. On ne se ment jamais.
Yves lui sourit.
Il secoue un peu la tête avant de déclarer:
— J'ai envie de toi comme t'as pas idée.
Clara se lève d'un bond.
Elle se déplace vers lui.
— Baisse ton pantalon…
— Quoi?
— Je n'ai pas arrêté de fantasmer aujourd'hui au boulot… Cela fait trop longtemps que je n'ai pas eu une queue dans la bouche.
— Je croyais que tu n'aimais pas…
— Pas au lit… Pour moi, c'est une activité de salon… Si on parle de pipe, c'est pas pour rien.
Pour lui démontrer qu'elle n'hésite pas, Clara s'attaque à défaire sa ceinture.
Elle ouvre le bouton.
Elle descend la fermeture éclair.
Elle tire sur l'habit tout en attrapant le slip au passage.
Le sexe de Yves est à peine bandé.
— Si les enfants nous espionnent, s'inquiète-t-il.
— Tant pis, pour eux… Ou tant mieux… Je n'ai pas envie d'être une mère hélicoptère. Je ne veux pas qu'il leur arrive du mal mais je ne veux pas me mettre dans leurs têtes… Je veux qu'ils aient la liberté de réfléchir par eux-mêmes. Parfois, je crois qu'on vit dans un Disneyland. On présente un monde qui n'a plus rien à voir avec la réalité. Les parents baisent… C'est normal… C'est dans l'ordre des choses… Il est temps qu'ils le réalisent.
Clara ouvre la bouche.
Elle glisse le bout du pénis entre ses lèvres.
Elle décalotte le gland.
Yves laisse échapper un râle de satisfaction.
— Si je ne savais pas quel jour c'est… Je dirais que c'est Noël et mon anniversaire, roulés en un.
Clara ferme les yeux.
Satisfaite d'avoir son mari en bouche, elle se demande pourquoi elle n'avait pas pensé à tout cela depuis longtemps.