La première fois que je rencontre Mathilde, c'est dans l'immeuble de la GBF, la Générale de Banque et de Finance à Rueil-Malmaison.
J'y suis pour un stage en entreprise.
Elle aussi d'ailleurs…
Sept garçons et une fille.
Lorsque je raconte notre rencontre, j'aime bien en faire un conte de fées.
Il était une fois Blanche-Neige et les Sept Nains…
Moi, je suis Timide ou à la limite, Simplet.
Le premier jour, on fait connaissance dans une salle de réunion.
Mathilde est déjà présente.
Elle est assise dans le fauteuil en bout de table.
En entrant dans la pièce, je ne vois que sa chevelure blonde.
Je fais trois pas à l'intérieur lorsqu’elle pivote vers moi.
J'aime bien décrire Mathilde comme le sosie de l'actrice américaine Kirsten Dunst dans Marie-Antoinette.
Au début du film, elle est dans sa baignoire.
Elle fait face à la caméra.
Elle sourit.
Mathilde…
Même visage.
Même sourire.
Surtout ce regard espiègle mi-ange mi-démon.
Peut-on véritablement croire au coup de foudre?
Moi, j'y crois.
J'aime bien le raconter à mes relations.
Dès cet instant, je suis conquis.
Je suis, à ce moment précis…
Eh bien, je suis à elle, tout simplement.
Le stage est une sorte d'examen de pré-embauche à la GBF.
Après ce premier accueil par un responsable du personnel, je suis placé au sous-sol dans la salle des marchés de bourse, le back-office.
Avec ses diplômes bien supérieurs aux miens, Mathilde monte droit dans les étages.
Le stage dure huit semaines.
Après quoi, un directeur prend chacun d'entre nous par le bras pour soit l'accueillir dans la maison, soit pour l'encourager à se trouver une autre situation.
À l'époque, ça tourne bien.
La GBF recrute.
Les sept nains sont engagés à la mine.
Blanche-Neige, bien entendu, demeure au château.
Je débute dans le métier de trader, position que je n'ai pas quittée depuis.
Un travail sous des tubes fluorescents.
Six écrans d'ordinateur.
Trois claviers.
Deux postes téléphoniques avec accès à des dizaines de lignes.
Du café fort, à volonté.
C'est déjà la folie des produits dérivés…
La GBF a besoin d'une armée de fourmis pour les bouger.
Je suis une fourmi dans une colonne d'autres fourmis.
Ce qui change, c'est la charge sur mes épaules.
Des contrats au comptant.
Des contrats à terme…
L'achat.
La vente.
Je vois Mathilde souvent.
Toujours de loin…
Elle est dans l'aquarium d'une salle de réunion.
Elle longe un couloir tout en discutant avec ses collègues de la direction.
Je la croise dans le parking entourée par un groupe de clients.
Une femme…
Des hommes.
Plus beaux.
Plus riches.
Plus puissants.
Je n'ai aucune chance.
Et puis, un soir…
Je termine mon service comme d'habitude après dix heures d'affilée à la mine.
Comme toujours après le boulot, j'ai le cerveau embrumé par tous les chiffres.
Tous ces ordres et ces contrordres qui me prennent la tête.
Nuit de novembre…
Il pleut des cordes.
J'ai couru jusqu'à ma voiture garée en plein air au dernier niveau du parking.
Le seul étage où j'ai le droit de stationner.
Ma voiture de l’époque, c'est une Porsche 911 de 1985.
Vert foncé.
Le modèle avec le gros aileron à l'arrière.
Une voiture d'occasion que j'ai achetée en Normandie à un particulier.
Après des années d'effort à bosser sans arrêt, cette Porsche est ma première récompense.
Le joujou que je m'étais promis si je décrochais un bon job dans la finance.
Je suis derrière le volant…
Je vais tourner la clé dans le contact lorsque la portière droite s'ouvre brutalement.
Je me penche pour voir.
Une silhouette inconnue vient s'asseoir à mes côtés.
Elle tourne son visage vers moi.
Mathilde, toute trempée…
— Quel temps de chien, me dit-elle, en guise de bonjour.
Je suis complètement éberlué par sa présence.
Que me veut-elle?
Que fait-elle dans ma voiture?
— Salut… Jules… Désolée de tomber comme un cheveu dans la soupe mais ma voiture ne veut pas démarrer. Je dois être au Vésinet… Euh, maintenant, en fait… Tu ne peux pas me déposer? T'es un chou.
Un chou…
C'est tout ce que j'ai entendu.
La princesse parle à son chou.
Je rêve!
Mais, non…
Elle est bien à mes côtés.
Son parfum emplit l'habitacle.
Je la regarde.
Elle me regarde.
Mes yeux marrons.
Ses yeux bleus.
Mathilde me sourit.
Elle l’accompagne d’un petit rire étouffé.
Ses fossettes si craquantes qui ornent cette bouche tant désirée.
— C'est quoi l'adresse?
— Le Vésinet… C'est tout droit. Je t'indique le chemin.
Je démarre le moteur sans hésiter.
Je suis en mission commandée.
Une chance inespérée…
Rueil-Malmaison - Le Vésinet.
À peine dix minutes de route pour l'épater.
Je dois être un homme.
Un vrai!
— Si tu peux aller vite, ça m'arrangerait, m'informe Mathilde, en bouclant sa ceinture.
De la vitesse?
Il suffit de demander.
Sous la pluie battante, je fonce.
Une conduite sportive dont je ne pensais même pas être capable.
Je suis concentré en pilote de Formule Un.
Doublant.
Klaxonnant.
Faisant rugir le moteur.
Passant des vitesses courtes.
Brûlant des feux.
Nous arrivons à destination en moins de huit minutes.
— C'est la maison, là au coin, précise Mathilde, en me désignant la façade d'une magnifique villa.
Regardant la montre Cartier à son poignet, elle me gratifie d'un:
— Pas mal, Jules… Pas mal du tout, ta conduite.
— C'est Julien.
— Pardon?
— Mon prénom, c'est Julien.
— Un Julien? C'est encore mieux, ça…
Se penchant vers moi, elle dépose un baiser sur ma joue.
Un simple baiser…
Un quart de seconde, à peine.
Elle ouvre la portière et file vers la grande demeure illuminée.
Julien s’approche du coin de la cuisine où je rêve du passé.
Son sweat-shirt est dégoulinant de sueur.
Pour ajouter à l'offense, il glisse une main vulgaire dans son short pour aligner sa pièce maîtresse ou pour s'assurer qu'elle ne s'est pas envolée.
Il s'installe devant l'assiette que je lui ai préparée.
— Merci, ma petite chérie.
Il avale une bonne rasade de café.
L'observant, je suis sidérée par la vitesse avec laquelle il accepte la situation.
Ma petite chérie...
Je suis déjà sa petite chérie.
Lui n’est pas mon chou, du tout.
Julien mange en malappris.
Coudes sur la table.
Fourchette en levier.
Il avale mécaniquement bouchée après bouchée.
— C'est phénoménal… La force masculine, c'est carrément le pied.
Il semble ne vouloir parler que de lui-même.
Il avale deux grandes gorgées de café avant d'ajouter:
— Je me sens… Eh bien, comme jamais…
Plus il est enthousiaste, plus je suis terrorisée.
— Comment va t'on faire si ça ne change pas?
— Faire quoi, ma petite chérie?
— Demain, lundi… Au boulot.
— J'y pensais, justement… J'ai déjà tout calculé. Je trouve qu'on a qu'à assumer chacun son rôle. Tu es Mathilde… Je suis Julien. On échange tout. Papiers. Clés. Portables. Boulots.
— Je ne sais pas ce que tu fais à la GBF. Enfin, pas en détail…
— C'est rien de bien fantastique. Des dossiers… Des réunions. Tu verras, c'est pas trop sorcier.
— Et toi? T'as jamais fait de trading de ta vie.
— J'ai fait une semaine quand j'étais à Londres. Disons le franchement, c'était pas trop compliqué. Et puis, dès que j'ai une question, je t'appelle… Et toi aussi… Si t'as une question… Tu m'appelles. Fastoche, non?
— Même les portables? Je veux dire… Si ton père t'appelle et c'est moi qui répond.
— Ben, quoi… Tu joues la comédie. Tu sais, en gros, ce que tu dois dire. Tu te débrouilles… Moi, je fais pareil de mon côté.
Julien marque une pause pour réfléchir.
Un détail l'embête…
Mathilde était très secrète avec ses appareils électroniques.
Ils étaient protégés par des codes sophistiqués.
Pas question que j'y touche ou que j'y mette le nez.
Julien réalise du coup qu'il me donne accès à tout.
— Pour les portables, c'est à voir, me dit-il, en mordant un bout de toast. Je vais effacer les messages. Les historiques… Te laisser juste les contacts… T'as qu'à faire la même chose avec le tien.
— Je n'ai pas de secrets, je déclare avec sincérité.
— Ben alors, ça sera pas trop fatigant pour toi, ma petite chérie.
Voilà qu'il recommence à me diminuer.
— Et pour l'argent? je lui demande.
— Je te donne le code de ma carte bancaire. Tu me diras le tien.
Il avale la dernière gorgée de son café.
— Bon, je te laisse ranger, m'informe-t-il. Je vais prendre une bonne douche. J'ai envie d'essayer des fringues d'homme. D’ailleurs, tu pourrais t'habiller, toi aussi… Parce que, franchement, ta tenue de sport… C'est pas trop folichon… Je te montrerai, tout à l'heure, comment faire pour te maquiller.
Il saute du tabouret haut.
Il file vers la chambre en sifflotant.
— Putain, c'est dingue… Je sais siffler, ajoute-t-il, avec fierté.
Je n'ai pas touché à ma nourriture.
Je demeure assise.
Passive…
Immobile.
Je regarde mes mains fines posées sur le comptoir devant moi.
Ces mains de femme que j'adorais tenir dans les miennes.
Sentir leur douceur sous mes doigts.
Des mains parfaites.
Crémées.
Manucurées.
Je note mentalement qu'il manque l'alliance à mon annulaire gauche.
Une bague en or blanc de chez Van Cleef et Arpels avec la date de notre mariage gravée à l'intérieur.
Où était-elle restée dans le processus de la transmutation?
Je ferme les yeux…
Je cours le long du ponton.
Je suis prisonnière du mystère qui m'obnubile.
Il est vrai que Mathilde m'a toujours fascinée.
Pas que sa beauté…
Aussi son charme.
Son maintien.
Ses gestes coutumiers.
Lorsque je bouge, à présent, suis-je encore Julien?
Je me sens étranger dans un corps étranger.
Un virus…
Un parasite.
Mathilde se force à jouer au mec.
Elle extériorise l'idée qu'elle s'est faite d'être un homme.
Vulgarité.
Sans gêne.
Domination.
Qu'elle est mon idée de la femme?
Qu'est-ce que c'est, pour moi, que d'être une femme?
Je ne sais pas…
J’en reste au pouvoir d'attraction.
Des traits.
Des courbes.
De la sensualité.
Quel regard portent les hommes sur une femme telle que moi?
Pour le moment, je n'ai vu que Julien et Pascale.
J'ai subitement envie de m'habiller correctement et d'aller me promener.
Dans un parc…
Dans une rue.
Croiser des inconnus.
Des hommes…
Sentir leurs regards posés sur mes formes.
Une excitation.
Je débarrasse les assiettes en vitesse.
Je laisse le plus gros en plan.
Notre femme de ménage passe tous les lundis.
De ses mains invisibles, elle remet en état notre intérieur.
Elle fait notre linge.
Elle trie nos ordures.
En remontant vers la chambre à coucher, je découvre Julien qui sort de la douche.
Il n'a pas fermé la porte de la salle de bain.
Il m'apparaît nu dans toute sa gloire masculine.
Il observe ses abdominaux dans le miroir.
Il n'a pas de six-pack mais un ventre plat, musclé, légèrement poilu.
Plus bas, je vois sa queue.
Déjà rigide…
Un sexe d'homme ce n'est pas trop compliqué.
Il suffit d'une idée, une seule pensée sexuelle, pour le stimuler.
En y portant la main avec cet état d'esprit, c'est quasiment automatique, il se met à bander.
C'est ce que Julien fait en ce moment, fasciné par son nouvel apanage.
Sentant ma présence, il se tourne vers moi.
Il me fixe un peu sottement.
Moi aussi, je l'observe, fascinée par ce double de moi dans toute sa nudité virile.
— Viens, me dit-il, en me tendant une main hésitante.
— Quoi?
— Viens…
J'hésite.
— Allons, c'est comme avant, tu sais, argumente-t-il. Rien n'a changé, en fin de compte. Nous sommes toujours mariés. Nous formons un couple. Le même couple…
— Comment ça, c'est comme avant? je m'énerve. Ça n'a strictement rien à voir!
— Mais, si… Tu te trompes. Un homme et une femme… Julien et Mathilde. Tout le monde nous voit comme nous sommes… C'est comme ça depuis cinq ans. Cinq ans de mariage, ma petite chérie… Ce n'est pas rien.
— Arrête de m'appeler, ma petite chérie, tu veux!
— Mais, tu es ma petite chérie… Je ne vais pas t'appeler autrement. Mets le toi le dans ta petite tête, bon sang. Tu es Mathilde. Je suis Julien. Pour le moment… Pour toujours.
— Pour toujours?
L'idée me terrifie.
— Allez, viens prendre une douche bien chaude.
— J'en ai déjà prise une, après… Après, ce matin…
— Viens… Approche-toi… Je veux te dire quelque chose.
— Quoi?
— Viens…
J'approche timidement.
Le détail troublant est que la queue de Julien ne s'est pas dégonflée.
Un homme ne peut pas mentir avec sa verge.
S'il garde une idée excitante en tête, cela se voit.
Arrivée à un mètre de lui, il me tire à lui.
Mes jambes flanchent.
— Retire-moi tout ça… On a pas idée de s'habiller comme ça.
De honte, je baisse le nez.
Ses mains tirent sur mes vêtements.
Je ne résiste pas.
Je ne sais pas résister.
En quelques secondes, j'ai la poitrine nue.
De sentir mes seins exposés, j'ai un fort sentiment de gêne.
Aussi, une excitation incertaine…
Je cherche, mentalement, à me mettre à sa place.
Un homme caressant une poitrine de femme.
C'est excitant, non?
Ça fait bander.
— Ils sont beaux, commente-t-il, avec appétit.
Mes émotions me dominent derechef.
Des larmes montent dans mes yeux.
— Mais… Mais, tu es une femme, je lui dis, troublée. À l'intérieur, tu es encore toi… Je le sais… Parce que moi, je suis encore moi-même. Je n'ai pas changé.
— J'ai toujours aimé les seins des femmes, commente-t-il. Depuis toujours… Les miens, en particulier… Ils sont magnifiques, tu ne trouves pas? J'adore les caresser.
Se penchant en avant, il tire sur la ceinture de mon survêtement et sur le bord de ma culotte.
Les deux habits glissent ensemble à mes pieds.
Je suis nue.
Tremblante…
Subjuguée.
Une chimie nouvelle enchaîne ma chair.
Mon esprit est enseveli.
Mon corps est bloqué.
Incapable de bouger un seul muscle, je lutte intérieurement contre cet état pathétique.
Julien glisse une main épaisse à l'arrière de ma nuque, tirant mon visage vers ses lèvres fermées.
Je partage avec lui un baiser, presque dégoûtée à l'idée de l'embrasser.
Je sens le poids que Julien fait peser sur la base de mon cou.
Il me dirige vers le bas.
D'abord, à demi…
Ensuite, avec plus d'appui.
Je comprends aussitôt l'idée sexuelle qui l’excite.
Il veut expérimenter la bouche d'une femme sur sa queue bandée.
Une fellation…
Le sexe avec Mathilde a toujours été compliqué.
Pour moi, en tout cas…
Elle est une déesse.
Je la vénère.
J'ai envie de tout faire avec elle mais, en adorateur soumis, je suis entre ses mains.
L'amour physique se traduit par une série de règles qui ont façonné notre jeune couple.
Mathilde était claire sur le sujet.
D'abord, pas de sexe avant d'être mariés.
J'ai accepté.
Une fois mariés, pas de libertinages possibles entre nous.
L'amour n'a lieu que dans l'obscurité de notre chambre à coucher.
Sans trop d'ébats préliminaires…
Mathilde repousse mes mains trop aventureuses.
Elle me susurre qu'elle n'aime pas ça.
Que ce n’est pas bien.
J'obéis, en bon nain.
L'amour est ordinaire.
Toujours la même chose.
D'abord quelques baisers.
Ma main sur sa poitrine quelques minutes.
Ma main entre ses jambes écartées, quelques secondes.
Elle me tire à elle.
Elle tourne le visage de côté pendant que je la grimpe.
Je la pompe mécaniquement jusqu'à l'éjaculation.
Dès que c'est arrivé, elle me repousse.
Elle tourne le dos pour s’endormir.
On n'en parle plus après…
Jamais de véritable moment d'intimité.
Ai-je rêvé de me faire sucer?
Des dizaines de milliers de fois…
L'a-t-elle fait une seule fois?
Non, jamais.
Julien me force à m'agenouiller comme si, dans cet inversement des rôles, il a subitement tous les droits sur moi.
Je résiste.
— Allons, c'est une expérience, précise-t-il, en complice. Laisse-toi faire… Ne me dis pas que tu n'y as jamais pensé. Les hommes aiment ça… C’est bon de se faire sucer par sa petite femme.
— Pas comme ça… Avant, oui… Quand j'étais à ma place… Mais, pas…
— Eh bien, ça revient au même… Pour une pipe, il faut qu'il y en ait un des deux qui soit le receveur. Maintenant, c'est à ton tour… Ne me dis pas que ça ne t'est jamais arrivé… Tu ne t'es jamais fait sucer?
Non, jamais…
Pas une seule fois dans ma vie.
Je l'admets…
L’expérience est nouvelle.
Alors, je cède à la confusion.
Je me retrouve, à genoux, sur le tapis moelleux de notre salle de bain.
Un sexe d'homme en érection devant les yeux.
Cette verge ne me fait pas peur en l’état.
Elle m'est familière.
Je l'ai eu tant de fois entre les mains que j'en connais la moindre aspérité.
Julien pointe le gland vers ma bouche.
J'ouvre timidement les lèvres en pensant aux millions d'homosexuels pour qui la chose est routinière.
En pensant aux millions de femmes qui acceptent une fellation sans rechigner.
En pensant à Mathilde en train de sucer ma queue…
De profonds frissons traversent mon corps.
Julien retire la main posée sur ma nuque.
Il préfère agripper une poignée de mes cheveux blonds.
Je ferme les yeux en me concentrant sur l'étrange bout de chair qui glisse entre mes lèvres.
Je cherche mentalement à me mettre à sa place.
Imaginer ma femme en train de me sucer.
Je pense au miroir de plein pied.
J'ouvre les yeux pour y chercher mon reflet.
Julien a la même idée.
Il se regarde dans le miroir mural en train de se faire sucer par sa femme obéissante.
Je mate le fantasme réalisé…
Un peu de désir entre mes jambes serrées.
Les mains posées sur l'arrière de ses cuisses velues, j'essaie de trouver un rythme lent, sans m'étouffer.
À chaque mouvement, Julien avance les hanches.
Je comprends après une ou deux poussées qu'il veut plus qu'une simple fellation.
J'ai vu la scène un nombre de fois incalculable dans des clips pornographiques.
Il s'agit pour la femme d'ouvrir sa gorge afin que le sexe masculin s'y enfonce le plus loin possible.
Avec sa main dans mes cheveux, Julien contrôle les mouvements.
Je veux le repousser mais il me tire à lui, sèchement, provoquant un premier haut le cœur.
Ma bouche est envahie de salive.
— C'est bien, ma petite chérie… Bien profond, comme ça.
Julien se retire un instant pour me laisser respirer.
L'instant d'après, il replonge de plus belle.
Suis-je capable d'accepter un phallus au fond de ma gorge?
Une salive abondante dégouline le long de mes lèvres pour s'écraser plus bas sur le tapis.
— C'est bien, ma petite chérie… Avale à fond.
Julien est déterminé.
Je n'ai plus qu'à assumer le défi physique.
Il n'est pas question de plaisir.
Je dois accepter l'exercice sexuel en star du X.
Je pige vite qu'en retenant mon souffle, j’y arrive.
Ne pas respirer lorsqu'il s'enfonce…
Pour la première fois, la queue de Julien pénètre loin au fond de ma gorge.
J'ai le nez presque contre son abdomen.
Il la laisse en place quelques secondes, puis se retire…
Je respire.
— Putain, que t'es bonne, ma salope. Putain, que c'est bon… T'es une vraie pro, tu sais.
J'entends à peine son délire sexuel.
La bêtise de ses propos…
Trop anxieuse de pouvoir surmonter le prochain assaut, je compte mentalement toutes les fois qu'il a éjaculé depuis son réveil.
Cette pipe sera la troisième fois.
Il va durer plus longtemps qu’avant.
J'ai besoin de l'aider.
Pour le stimuler, je pose une main sur son sexe comme pour l'aider à se branler.
À chaque retrait, je l'accompagne franchement en le branlant et en caressant ses couilles.
— C'est ça… C'est ça, ma salope. Suce-moi bien… Suce-moi… T'es ma petite putain…
L'éjaculation me prend par surprise.
Je recule mon visage par réflexe si bien que seul un peu de son sperme termine dans ma bouche.
Le reste éclabousse mon visage.
Je n'ai pas de haut le cœur.
Mon sperme ne me dégoûte pas.
J'ai une connaissance parfaite de son goût et de sa consistance pour m'être masturbé des milliers de fois depuis l'âge de quatorze ans.
Cette giclée représente une expérience surréaliste…
Le fantasme universel de s'auto-sucer.
Julien savoure son orgasme en râlant un peu.
Il me tient par le menton pour admirer son œuvre.
Il attrape la serviette de bain humide.
Il m'essuie le visage.
Il termine avec sa queue.
Enfin, il quitte la pièce en me laissant le goût amer de son sperme dans la bouche.
Pas un mot d'amour…
Pas un mot gentil.
Pas un merci.