Trois mois plus tard, Florentine est bonne cavalière.
Sous la tutelle de Pauline, la leçon quotidienne parfait l'instruction.
L'épreuve finale est organisée par sa petite amie.
Pauline compte réunir les cinq meilleurs coursiers des écuries.
Ils seront montés par leurs maîtresses respectives.
Pauline, Cécile, Carmen et Bérénice sont toutes des dianes.
Florentine est la seule fille d'écurie.
L'épreuve...
Une course au galop…
Trois tours de piste...
L'information circule depuis des jours.
Les demoiselles ne parlent que de cela.
Au petit matin du jour de la course, Florentine se réveille dans les bras de sa compagne.
Elle connaît la chambre de Pauline mieux que le dortoir d'avant.
Lorsqu'elle se réveille, elle a toujours ce loup affamé qui la regarde de haut.
En effet, accrochée au mur de l'alcôve, une gravure d'une fable de La Fontaine...
Le Loup et l'Agneau...
Pauline la connaît par cœur.
Elle adore la réciter.
Elle ne s'en lasse jamais.
— Choisis-toi une fable, Florentine… Toutes les orphelines ont leur préférée... Déjà toute petite, je voulais être ce loup... Croquer des brebis… Je voulais tout le temps avoir raison...
Florentine est trop fourbue pour penser aux fables ou à quoi que ce soit.
L'entretien des chevaux, les leçons d'équitation et les jeux de dagues l'épuisent.
Presque toutes les nuits, Pauline la fait foutre après le fouet.
Elle est à bout de ses forces.
Si elle n'avait pas son étalon, Florentine pense qu'elle se serait tuée.
Lorsqu'elle avait évoqué cette pensée suicidaire, Pauline, plutôt que de la cajoler, s'en était amusée.
— Vas-y..! Va sauter dans la rivière… Plonge ta dague dans ton cœur... N'hésite pas, ma petite chérie... Je te défie de le faire...
Florentine ne veut pas mourir.
Elle a trop peur pour son cheval.
Son amant…
Obligée de bouger pour aller travailler, Florentine écarte le bras lourd de Pauline endormie.
Elle se glisse hors du drap.
Elle remarque que la porte de la chambre est restée ouverte toute la nuit.
Elle sursaute.
Un renard la regarde.
Elle n'a jamais vu pareil animal de si près.
C'est un renard adulte, au pelage roux magnifique.
Florentine a très peur.
Sans le quitter des yeux, elle tâtonne pour attraper sa dague pendue à la chaise.
Pauline, qui ne dort jamais que d'un œil, a senti l'agitation nerveuse de sa compagne.
Elle se tourne sur le côté.
Elle voit le renard.
— Tu es de retour..! s'enchante-t-elle. Viens, mon beau... Viens...
Comme si elle commandait un animal de compagnie, Pauline tape sur le lit.
Florentine est figée.
L'animal bondit, silencieusement.
Pauline, nue, caresse l'animal qui se frotte contre elle.
— Je ne te voyais plus depuis des lunes..., se réjouit Pauline. Où étais-tu parti..?
— C'est…
— C'est mon renard... Regarde…
Pauline écarte le drap.
La jeune femme ouvre les cuisses pour laisser l'animal la sentir.
— Je l'ai trouvé perdu dans le domaine quand il était petit... Depuis, il me prend pour sa maman ou sa catin, selon les jours…
— Il ne mord pas..?
— Des lapins et des rats… Mais, on ne mord pas ceux qu'on aime...
L'animal se couche sur le flanc.
— Caresse-le..., encourage Pauline. Il adore ça...
Florentine hésite.
L'animal lève le nez vers elle comme s'il comprenait les mots.
D'un petit hochement de la gueule, il encourage Florentine à essayer.
La jeune fille pose une main prudente sur la belle pelisse.
— Il est doux...
— Tu veux voir sa petite verge..?
— Non, je dois y aller...
— N'oublie pas la course de vitesse, en fin de journée...
— Comment le pourrais-je..? dit-elle, en soupirant.
Pauline ignore Florentine qui s'habille en vitesse.
Elle est toute occupée à caresser et à serrer le renard contre elle.
Elle a maintenant les cuisses bien écartées.
L'animal n'hésite pas à lui donner des petits coups de langue sur le con.
Après le travail d'une journée, le moment de la course est arrivé.
Montée sur son étalon, Florentine approche de la ligne de départ.
Hydrogène est nerveux.
L'adolescente l'est tout autant mais elle a surtout peur de défaillir, de ne pas être à la hauteur de l’événement.
Les dianes sont alignées.
Deux noires…
Deux rouges...
Florentine termine de nouer la lanière de son tricorne sous son cou.
— Trois tours..., déclare Pauline, en élevant la voix. Qui donne le signal..?
— Un… deux… trois..! crie Cécile, sans attendre.
— Partez..! clame Pauline, en lançant son destrier.
Florentine ne s'attendait pas à un départ aussi précipité.
Les quatre cavalières se sont élancées.
Elle n'a pas encore bougé.
— Vas-y..., Florentine, lui crie Angeline, entourée de toutes les autres filles d'écurie.
L'adolescente frappe les flancs d'Hydrogène de ses bottes.
Il se rue, enfin.
Les quatre dianes sont très loin devant.
Florentine prend de la vitesse.
Il y a un enjeu à cette course.
Pauline exige qu'elle arrive dans les trois premières, sinon elle n'aura pas le droit de s'aventurer dans le parc.
Elle sera condamnée à rester aux écuries.
Les leçons d'équitation ne seront pas terminées.
Ce qui implique, encore plus de coups de cravache.
Encore plus de fatigue…
— C'est vraiment pas juste..., râle Florentine à haute voix. Je ne vais jamais les rattraper...
Le grand galop ne l'effraie plus comme au début.
Son étalon est fait pour la course.
Par contre, les dianes, montées sur des juments moins rapides, ont de l'expérience.
Ce sont toutes des jeunes femmes d'une vingtaine d'années.
Cinq ans de plus qu'elle…
Et puis, les orphelines grimpent sur des poulains depuis qu'elles savent marcher.
Elles n'ont peur de rien.
La vitesse les grise.
Florentine ne possède qu'un seul avantage dans cette course, son amant.
Elle serre les genoux vers l'avant.
Elle lève son postérieur un peu plus haut.
Elle laisse Hydrogène filer.
— Vas-y, mon amour... Plus vite..! Plus vite..!
Florentine galope quotidiennement mais, aujourd'hui, l'étalon a compris que ce n'était pas un exercice.
Florentine sent en lui un dynamisme nouveau.
Une force supérieure qu'elle ne soupçonnait pas.
Ce n'est plus que du grand galop...
Il lui offre le maximum de sa puissance.
Premier tour…
Les postérieurs des chevaux des dianes commencent à se rapprocher.
— Vas-y, mon amour… Plus vite..! On va gagner..! Plus vite..! Plus vite..!
Toutes les filles d'écurie voient Florentine défiler à toute vitesse.
Elles réagissent en l'acclamant.
Il y va aussi de la rivalité avec les dianes.
Si seulement, l'une d'entre elles, pour une fois, pouvait gagner…
Un cheval galope facilement à trente kilomètres heure.
Les juments des dianes, lancées à pleine course, peuvent approcher les cinquante kilomètres heure.
Florentine est au-delà.
Hydrogène est décidé à les rattraper.
Un animal créé pour la vitesse.
Mais, la piste est courte.
Florentine est juste derrière les quatre cavalières lorsqu'elle passe le second tour.
Elle va si vite qu'elle entend à peine les encouragements des filles d'écuries et des dianes qui hurlent leurs soutiens respectifs.
Florentine sent que son cheval peut doubler.
Mais, où passer..?
Les quatre dianes forment un front devant elle.
L'extérieur..?
La corde..?
À ce moment, Cécile tente une percée.
Elle s'écarte pour la dernière longueur ce qui provoque une ouverture.
Florentine pousse son étalon en frappant ses flancs.
Il a compris.
Il se glisse juste dans l'espace proche de Bérénice, ce qui lui fait gagner un temps précieux.
Florentine est troisième.
— Vas-y, mon amour... Fonce..! Fonce..!
Hydrogène a un sursaut d'élan comme une voiture de course qui engagerait une nouvelle vitesse.
Il passe la jument de Carmen.
Il arrive ensuite à hauteur de celle de Pauline, qui n'en revient pas de le voir si près.
Florentine ne contrôle plus son étalon.
Elle lui laisse son pouvoir.
Elle le laisse aller…
Pauline est éberluée lorsque, à bout elle-même, elle voit Hydrogène lui passer devant.
Florentine traverse la ligne d'arrivée avec trois mètres d'avance.
Les filles d'écurie laissent éclater leur joie.
Leurs tricornes s'envolent au ciel.
Florentine tire sur les rênes.
L'étalon, à la limite de ses forces, s'arrête après un temps.
Il se met à piaffer.
Il a compris qu'il a gagné.
Il souffle comme jamais.
Il secoue la tête de gauche et de droite.
Ses flancs sont couverts de transpiration.
Florentine revient au pas vers le groupe.
Les autres chevaux sont tout aussi agités.
Ils sont exténués.
Ils ont donné tout ce qu'ils pouvaient.
Florentine, tricorne levé à bout de bras, revient glorieusement vers les spectatrices.
Elles sont toutes en liesse.
Heureuses d'acclamer la gagnante après une victoire de légende...
Seule Pauline, essoufflée, mais impeccable dans sa tenue, garde la bouche fermée.
— Bravo Florentine..! Bravo Hydrogène..! s'enthousiasme Angeline.
Pauline pose pied à terre.
Elle inspecte sa monture.
Elle passe la main contre les flancs.
Puis, sans se retourner, sans un mot pour la gagnante, mène son cheval par la bride vers l'écurie, côté jardin.
— Bravo, Florentine..., déclare Cécile, une diane rouge... Je n'ai jamais vu ça… Je n'ai jamais vu un cheval aussi rapide...
— Félicitations..., dit Bérénice, l'autre diane rouge, qui pose pied à terre à son tour.
Florentine est radieuse d'entendre des compliments de la part de ces jeunes femmes.
Elle caresse les flancs de son étalon.
— Tu choisis qui, alors..? demande Carmen, la diane noire.
Florentine se couche sur la crinière de son étalon qui secoue la tête de joie.
— Que veux-tu dire par là..? demande-t-elle.
— Pauline ne t'a pas dit..? La gagnante peut choisir sa petite amie… N'importe qui des écuries... Dianes comprises..! C'était l'enjeu… Nous étions toutes d'accord...
— Alors, tu choisis qui..? demande Cécile, avec excitation.
Toutes les filles réunies regardent Florentine avec anticipation.
Du groupe des filles d'écurie, Angeline se positionne le plus favorablement.
Elle lui sourit de plaisir.
Florentine comprend ce que sa victoire représente.
Fini les coups de fouet de Pauline…
Elle peut choisir qui elle veut.
Elle peut commander à n'importe quelle fille de faire sa toilette et de partager son lit.
— Je… Je veux rester avec Pauline..., déclare Florentine. Elle ne m'a pas encore tout appris.
La décision surprend l'assemblée.
Un murmure généralisé...
Angeline est peinée mais ne veut pas le montrer.
— T'es sûre..? demande Carmen. Tu sais qu'on vous entend toutes les deux… C'est intense, parfois... Je veux dire, Pauline… Elle n'est vraiment pas tendre avec toi...
— Avec Pauline, intense est un euphémisme..., rigole Bérénice. Je te la laisse, volontiers… Apparemment, tu y as pris goût, toi aussi...
Florentine pose pied à terre.
Elle mène Hydrogène par la bride.
Elles retournent toutes vers les écuries.
Ces dianes, si hautaines au début, semblent l'accueillir dans leurs rangs.
— Je crois que c'est Pauline qui va être la plus surprise..., conclut Cécile, en riant amicalement.
Florentine médite en chemin.
Pauline ne sera pas surprise de sa décision.
Rien ne pourrait la surprendre.
Par contre, l'équilibre de force sera inversé.
Ce sera à Florentine de décider si elle vient dans son lit, et non l'inverse.
Ce sera à elle d'initier l'amour ou le fouet.
Mais, après cette grande victoire, qui représente tant pour elle, c'est avec son étalon qu'elle veut coucher.
De retour à l'écurie, Florentine donne à boire à Hydrogène.
Elle le nourrit.
Le panse…
Le brosse...
Le soigne...
Elle lui parle longtemps.
Lorsqu'il est bien confortable dans son box pour une nuit sereine entre amants, elle se déshabille.
Nue contre lui, elle embrasse l'animal langoureusement.
Elle le caresse partout si bien qu'elle se retrouve, comme la première fois, sous l'étalon pour recevoir sa pollution.
Elle a soif de sa semence.
Elle le branle tendrement.
Elle ouvre sa bouche en grand pour tout avaler.
Ensuite, couchée sur la paille, souillée de sperme, semblable à une fiancée lascive, elle se laisse lécher par l'homme de sa vie.
De sa main, elle se donne du plaisir.
C'est la première fois qu'elle le fait en solitaire.
La complicité est telle, dans cet espace obscur, à peine éclairé par la veilleuse du couloir, qu'elle ressent enfin un peu d'amour…
La jeune fille comprend que l'amour n'est pas une sensation.
Ce n'est pas une agitation des sens, telle que pratiquée par les libertines qui l'entourent.
Ça, c'est le plaisir…
L'amour est une autre dimension.
— Si tu meurs, je meurs… Si je meurs, tu meurs...
Ils sont unis pour le meilleur et pour le pire.
Si son cheval n'est plus de ce monde, alors elle quittera ce monde, elle aussi.