— Tu as peut-être remarqué que tout allait par trois..., déclare Angeline en montrant trois doigts.
Elle tend ensuite un balai à Florentine, en ajoutant...
— C'est comme le tricorne sur nos têtes… Trois... Trois époux… Le premier s'appelle balai... Je te présenterai les deux autres, plus tard... Les premiers jours, tu ne feras que balayer. Toute la journée… Le dortoir... La salle commune... Les couloirs... Les salles d'entreposage... Les greniers… La cour... Est-ce que tu as déjà utilisé un balai de ta vie..?
— Non.
Angeline rigole gentiment.
— Comment tu faisais..?
— L'aspirateur... Mais, pas souvent...
Angeline rigole de plus belle.
— Eh bien, ici… Nous faisons tout comme dans l'ancien temps... Parce que ça active le corps et que ça nous rend plus jolies... Ta première leçon est d'apprendre le geste et la méthode... En gros, tu commences par les murs et tu déplaces les déchets vers le centre. Ensuite, tu ramasses avec la pelle… Tu remplis le sac de jute que tu videras sur le tas de fumier... Je te montre un peu... Ensuite, ce sera à toi…
La leçon est simple.
Florentine apprend le geste.
Angeline supervise.
— À partir de demain, tes tâches sont les suivantes... Tu commences par vider et rincer les pots de chambre.
— Quoi..?!
— L'une de nous doit bien le faire… On n'a pas de filles de chambre, ici..., dit-elle, en riant.
Angeline aime rire.
Elle expose volontiers ses très belles dents.
— Après le chant du coq..., reprend-elle. Une fois que tu es habillée... Tu t'occupes des vingt-et-un pots de la chambrée... Comme t'es nouvelle, je suis sûre que tu trouveras des petits cadeaux odorants... Le plus important c'est de ne pas les renverser, sinon, c'est la cravache... Une fois que tu as fait ça, tu commences à balayer… Le dortoir... L'escalier... La salle commune... L'écurie... Avant midi, tu prépares la table pour le déjeuner... Tu prends la brouette plate... Tu ramènes les plateaux de la veille et tu vas chercher les nouveaux à la cuisine du château... Je te montrerai… Après la sieste de midi, tu continues de balayer le bas... Le couloir de l'écurie... La sellerie... La cour devant... Si Clotilde te donne un ordre, tu arrêtes ce que tu fais et tu l'exécutes immédiatement... En fin de journée, tout doit être rangé... Le balai, le sac et la pelle... Tous les objets ont une place. Les détritus vont toujours sur le tas de fumier. T'as des questions..?
— Oui.
— Vas-y...
— Comment je fais si j'ai mes règles..?
Angeline ouvre des grands yeux d'incompréhension.
— Tes quoi..?
— Mes règles… Mes menstruations...
— Ah, ça… T'en auras pas...
— Comment ça..?
— Elles se sont occupées de toi à la clinique.
— Qu'ont-elles fait..?
— Je ne sais pas comment, Florentine… Je n'ai pas encore fait mes études... Les filles disent parfois que ça a un rapport avec la faim... Je ne sais pas… Tout ce que je sais, c'est que des menstrues, on n'en a jamais... Ne te tracasse pas de ça… Allez, tu as tout l'après-midi pour apprendre à remuer ton premier mari... Tu commences ici... Moi, j'ai à faire, ailleurs...
Angeline s'éloigne en vitesse.
Florentine se lance dans la tâche de balayer le couloir des boxes.
Tant de sentiments se mélangent dans son esprit.
Tant de sensations physiques...
Elle a mal au ventre.
Elle a faim.
Elle a soif.
Elle a peur.
Elle est confuse.
Elle a perdu la notion du temps.
Du lieu, même…
Quelle est cette ville où elle a atterri..?
Elle se souvient de la gare mais pas du nom.
Tout est si ancien au haras qu'elle a le sentiment d'avoir traversé les siècles pour devenir une fille d'écurie d'antan.
Un voyage dans le temps...
Pour ne rien arranger à son état, il y a tous ces chevaux…
Ces bêtes immenses la toisent de leur hauteur.
Ils sont démesurés.
Ils se moquent d'elle avec leurs hennissements répétés.
Ils sentent mauvais.
Pour ne pas penser à tout ça, Florentine balaie de son mieux.
Une fois le sac de jute rempli de paille et de crottes, elle va le vider sur le tas de fumier.
Au retour, elle s'arrête à la pompe à eau pour se désaltérer.
Elle a vu d'autres filles le faire.
Elle colle son visage sous le bec.
Elle actionne le levier.
Le goût de l'eau est ferrugineux.
La soif s'éloigne.
La boisson chasse aussi la faim.
Elle retourne balayer.
Chaque fille d'écurie a des tâches précises à effectuer.
Personne n'a le temps de s'occuper de Florentine.
Pour la première fois depuis son arrivée, elle pense qu'on ne lui veut pas de mal.
Un soulagement passager…
La grande cour devant les écuries est couverte de crottins de chevaux.
Elle s'y attaque.
Après des heures d'efforts, son corps est épuisé.
Florentine n'a jamais autant travaillé de sa vie.
— Bon, c'est pas trop mal, pour un début..., estime Angeline, en jugeant l'état du lieu. Tu peux aller ranger ton balai... La journée est terminée.
— Comment le sait-on..?
— Tu l'apprendras... Pour le moment, viens boire un peu de vin...
— Du vin..?
— C'est pour fêter ton arrivée... Un cadeau de madame… Nous sommes de bonnes bougresses, tu sais... Tant que nous sommes au domaine, toutes les filles, nous sommes liées... Comme un ordre... Filles d'écurie, nous sommes unies… Comme une équipe... Nous devons nous soutenir... Nous devons nous aimer.
Angeline se place devant Florentine.
— Tu es ma petite amie..., ajoute-t-elle.
— Oui.
Angeline pose ses lèvres tendrement contre celles de Florentine qui accepte le baiser.
— Viens, boire avec les autres… C'est le meilleur moment de la journée...
Florentine range ses outils de travail.
Elle part retrouver Angeline dans la salle commune.
Le soleil baisse à l'horizon.
La journée a été longue.
Florentine est épuisée.
Ses jambes la soutiennent à peine.
Elle entre dans la salle.
Les autres filles sont présentes.
Elles bavardent en petits groupes.
Deux chandeliers à trois bougies sont allumés sur la grande table.
Quelques-unes jouent avec des grandes cartes dessinées que Florentine n'identifie pas.
D'autres, lisent des livres aux couvertures anciennes.
La table n'a pas changé depuis le midi.
Les timbales de fer sont toujours à leurs places.
— Mesdemoiselles…
Clotilde entre sèchement, à la façon d'un militaire de cinéma avec sa cravache sous le bras.
Toutes se lèvent.
— Le moment que vous attendiez est arrivé... Angeline et Florentine, amenez le vin…
Cet ordre réjouit l'assemblée.
Quelques applaudissements...
Des sourires généralisés...
Les objets de distraction sont escamotés.
Angeline tire Florentine par la manche.
Sur une table dans un coin, sept grandes bouteilles sont débouchées.
Les deux jeunes filles en saisissent deux chacune par les goulots et les portent vers la table.
En chemin, des filles d'écurie, trop pressées de fêter, les leurs prennent des mains.
Elles apportent les autres.
Les timbales sont remplies.
Les bouteilles entamées reposent au centre de la table.
— Buvons à la santé de Florentine à qui nous devons cette douceur..., déclare Clotilde.
En bout de table, Florentine, intimidée, n'ose pas se mêler aux réjouissances.
Elle n'a jamais mis les pieds dans une taverne de sa vie.
Elle ne sait pas se comporter.
Les filles d'écurie tapent leurs timbales contre le bois de la table.
Des huées…
Des petits cris d'acclamation...
Elles boivent d'un trait.
Elles rotent à qui peut le mieux.
Elles se comportent en garçons malappris.
Clotilde essuie ses lèvres de sa manche.
— Florentine… Je n'ai jamais vu la cour si mal balayée, déclare-t-elle, en élevant la voix. Je te délivre un blâme...
Nouvelle clameur excitée...
Les timbales sont frappées de nouveau contre la table.
— Foutre de Dieu... Comme c'est aussi ta première journée… Je bois à ta santé de petite traînée...
Les timbales sont levées.
Angeline remplit à ras celle de Florentine qui s'en empare, cette fois.
Les filles lèvent toutes leurs timbales et crient en chœur...
— À la santé de Florentine... Putain de mon con..! Catin de mon cul..!
Elles boivent comme avant.
Florentine trempe ses lèvres.
Le vin est bon.
Il est sucré.
Elle avale une bonne gorgée.
Clotilde entame le premier chant.
— Fille d'écurie…
Toutes reprennent à vive voix...
— Montre-moi ton con, montre-moi ton cul... Fille d'écurie… Tu pleures et tu ris, quand je te pisse dessus... Foutre..!
De nouveau, elles frappent leurs timbales contre la table.
Joyeuse, Clotilde se lève et, levant une jambe, pète violemment, ce qui fait rire toutes les filles d'écurie.
Une fois l'hilarité retombée, elle ajoute...
— Bon, pour le blâme de bienvenue de Florentine... Vingt coups de cravache…
Elle s'adresse maintenant directement à l'intéressée, en s'approchant d'elle...
— Comme c'est ta première fois, je fais l'étau... Et, je te ferai grâce du mien... Chacune des autres filles aura droit à un coup…
Applaudissements…
Sifflements...
Cris de joie...
Florentine tremble de peur à l'idée d'être cravachée.
Angeline lui prend son vin des mains.
Elle lui souffle à l'oreille...
— Nous l'avons toutes fait, en arrivant... C'est la tradition… Aujourd'hui, c'est ton tour...
— Penche-toi en avant..., ordonne Clotilde.
Debout face à la jeune femme de vingt ans, Florentine ne comprend pas.
La cravache siffle et lui cingle le haut de l'épaule.
Pour l'aider, Angeline mimique le geste de se courber en avant, comme si elle saluait l'empereur du Japon.
Florentine obéit.
Les autres filles se sont levées.
Clotilde écarte les jambes.
Elle avance pour enserrer le cou de Florentine entre ses cuisses.
L'adolescente ne peut plus bouger.
— Angeline, tu es sa petite amie… Alors, tu nous la prépares...
Angeline se place derrière Florentine.
Sans hésiter, elle baisse son haut-de-chausses.
Elle remonte la chemise.
Elle coince le pan dans la ceinture.
Toutes se sont déplacées pour découvrir le beau cul blanc de Florentine qui se débat un peu.
— Arrête de gigoter ou je serre encore plus fort..., ordonne Clotilde.
Florentine, étouffée par la pression des cuisses de la jeune femme, cesse de s'agiter.
Elle comprend ce qui l'attend.
Ses jambes tremblent.
Elle laisse échapper un long pet.
Les filles rigolent de plus belle.
Certaines trinquent ou terminent les bouteilles au goulot.
— Formez une file ordonnée..., exige Clotilde. Vous n'avez qu'un seul coup chacune, alors, visez juste, mesdemoiselles…
La colonne se forme selon la hiérarchie déjà établie.
L'ordre autour de la table est ainsi respecté.
Angeline sera donc la dernière.
Héloïse prend la cravache que lui tend Clotilde.
Elle arme son bras.
Le coup s'abat violemment sur les fesses blanches.
Florentine crie de douleur, en s'agrippant aux jambes de Clotilde.
La cravache passe à la suivante et ainsi de suite…
Les coups portés varient en intensité selon l'intention de celle qui administre la correction.
Cinq des coups, comparables à celui d'Héloïse, tirent un peu de sang de ses fesses.
Dans l'ensemble, les filles ne veulent pas trop corriger.
Florentine est dans tous ses états.
Clotilde, particulièrement musclée, empêche toute évasion.
Si l'adolescente baisse le cul, Clotilde le remonte en tirant sur le ceinturon de la châtiée.
Le visage de Florentine est cramoisi.
Elle est en larmes.
De la salive coule de sa bouche.
De la morve, de son nez...
Elle n'a jamais ressenti une douleur si profonde.
Sauf, peut-être…
Un éclair dans son esprit...
Un coup de tonnerre...
Une chapelle...
Des verges de bouleau qui la corrigent.
Des verges phalliques qui la pénètrent.
Qui la mettent en sang.
Qui la déchirent.
Une mère supérieure qui examine la petite novice immolée.
Foutre..!
Angeline, la dernière en lice, se positionne devant le cul abîmé de Florentine.
Elle ne fait que le geste de frapper sa petite amie.
Ce dernier coup libère l'adolescente.
Clotilde reprend sa cravache.
Florentine s'écroule au sol.
Angeline vient l'aider.
Le visage de la victime est bouleversé.
Les filles d'écurie sont réjouies.
Angeline souffle à l'oreille...
— Garde le cul nu… Si tu remontes ta culotte, tu auras plus mal encore...
Aidée par sa petite amie, Florentine se redresse difficilement.
— Tu as reçu ta punition avec courage, Florentine..., déclare Clotilde. Tu es digne d'être parmi nous... Alors, attentions aux blâmes… Je les distribue volontiers... Applique-toi bien dans tout ce que tu fais... Allons, buvons filles d'écuries et puis chantons…
Les bouteilles vides sont remplacées par des nouvelles.
Les timbales s'entrechoquent.
Les filles boivent et chantent.
L'ambiance de caboulot redouble.
Angeline soutient sa pauvre amie qui avance avec sa culotte baissée.
— Viens, je vais te coucher… Tu en as fait assez pour aujourd'hui...
Angeline et Florentine montent péniblement à l'étage.
Le long dortoir est sombre.
Angeline guide Florentine jusqu'à son lit.
— Ne bouge pas… Je reviens...
Angeline laisse Florentine seule, debout en bordure de sa couche.
Son amie revient vite avec un bougeoir allumé et leurs deux tricornes.
— N'oublie jamais ton chapeau le soir, en bas dans la salle, sinon c'est un blâme... Mais, ce n'est pas toujours vingt coups sur le cul… Clotilde n'est pas si cruelle... Par contre, méfie-toi de Pauline... C'est la pire de toutes... Elle a déjà envoyé des filles à la clinique.
Florentine reste muette.
Elle essuie des larmes de persécutée.
— Je vais t'aider à te déshabiller..., lui souffle Angeline. Je pose tes affaires sur la chaise pour que tu les retrouves demain matin. Tu dors dans ta chemise... Laisse-moi regarder…
Angeline approche le bougeoir.
Elle examine le cul fouaillé qui vire au violet.
Sur une zone indemne, elle dépose un léger baiser.
— Ma pauvre chérie… Certaines sont si féroces... C'est l'embêtant de ne pas être orpheline... Tu n'as pas eu le temps de te faire des amies... Et puis, tu as porté le ruban rouge... Elles sont jalouses, tu sais… Commençons par retirer ta ceinture...
Angeline aide Florentine à se dévêtir.
Bien vite, elle est en chemise.
— Allonge-toi sur le ventre… Je vais aller chercher un baume...
La tête sur le traversin, Florentine retrouve un peu ses esprits.
L'odeur de cheval, si intense en arrivant, semble moins la gêner.
Une légère odeur de pisse semble émaner de sa couche.
Elle remonte un peu la chemise dans son dos.
Sensibles à l'air frais du soir, ses fesses blessées picotent.
Elle a presque envie de frotter.
Craignant qu'elles n'en seront que plus douloureuses, elle s'abstient.
Elle repense à Pauline lui ouvrant la bouche.
Que voulait-elle voir..?
Ses dents…
Florentine rêve de dentifrice et d'une brosse.
Se laver les dents...
Prendre un bon bain chaud...
Se savonner...
Le grand lit moelleux de la chambre Louis XV...
Mieux encore, le petit lit d'écolière de Flavie, rue Lavoisier…
Elle frémit.
Angeline revient, en affirmant...
— Avec ça, demain, tu ne sentiras plus rien...
— Pourquoi es-tu si bonne avec moi..?
— Je suis ta petite amie… Tu seras bonne avec moi, toi aussi...
— Oui.
Angeline trempe deux doigts dans le pot.
— Au début, c'est froid sur le cul et après ça brûle… Alors, garde bien la tête dans le polochon...
Angeline applique délicatement le baume.
Florentine souffre de nouveau.
Malgré les gestes doux d'Angeline, l'onguent pique affreusement.
Les striures se mettent ensuite à brûler.
De nouvelles larmes...
Une fois l'opération terminée, Angeline descend délicatement la chemise pour couvrir son cul.
— Reste un peu comme ça, je reviens...
Florentine ne bouge pas.
Elle essuie juste ses yeux.
Elle renifle un peu.
Elle regarde la petite flamme de la bougie qui danse dans le léger courant d'air.
Les mots de Jacqueline lui reviennent à l'esprit.
Souffler sur une bougie à la limite de l'éteindre…
Angeline revient vêtue seulement de sa chemise.
Elle tire les rideaux qui isolent le petit espace.
Elle souffle la bougie.
L'obscurité est totale dans cet espace sans fenêtres.
— Mets-toi sur le côté..., ordonne Angeline. Tu dormiras mieux...
Florentine se positionne, en geignant.
Angeline l'enjambe.
Elle se couche contre elle, dans son dos, en prenant soin de ne pas effleurer son cul blessé.
Florentine se laisse caresser le bras et le dos.
Elle apprécie la présence chaleureuse de sa nouvelle amie.
Angeline remonte la couverture sur elles deux.
Elles entendent les rires et les chants constants qui remontent de la salle du bas.
Angeline place sa main sur le sein droit de Florentine.
Elle pose quelques petits baisers dans le creux de son cou, en murmurant...
— T'es trop blessée pour que je te fasse un câlin mais t'as pas idée comme j'ai envie de goûter à ton con... Bonne nuit, Florentine… Dors bien... Fais de beaux rêves...