Florentine reprend connaissance sous la langue de Pauline qui lèche ses fesses meurtries.
Pauline caresse à la lumière du bougeoir à trois flammes.
Florentine, la tête contre le drap, se laisse faire.
— C'est un peu mieux..., commente Pauline. Tu m'as tellement excitée que je me suis laissée un peu emporter... À ton tour…
Pauline s'allonge sur le ventre.
Encore un peu sonnée après la syncope, Florentine vient lécher les fesses meurtries de sa compagne.
— La salive a des propriétés cicatrisantes..., affirme Pauline. Est-ce que tu sais que c'est du sang filtré? Le corps retire juste les globules rouges…
— Non, je ne savais pas.
— Dans deux jours, tu ne verras plus rien... Nous pourrons recommencer... Alors, lèche-moi bien partout comme je viens de le faire pour toi... Sais-tu que toutes les orphelines sont modifiées, génétiquement..? Nous cicatrisons plus vite que n'importe qui d'autre.
— Je ne sais pas si j'ai cette qualité.
— Je suis certaine que oui... Madame s'est occupée de toi... C'est son passe-temps, tu sais… N'oublie pas que nous sommes dans un haras… Ce qui n'est qu'un mot noble pour un élevage... Orphelines, nous avons été sélectionnées pour devenir des femmes supérieures... De temps en temps, madame apporte du sang frais... C'est comme ton étalon, Hydrogène… Apparemment, il vient de loin... Il possède des qualités nouvelles qui pourraient améliorer nos propres poulains... Je vais le mettre à saillir le plus tôt possible... Après, nous verrons si les résultats sont à la hauteur…
Sa tâche achevée, Florentine se retourne sous le drap.
Pauline souffle les bougies.
La clarté de la lune éclaire à peine la chambre.
— Merci Florentine, pour le plaisir de ce soir… Comprends que, sans douleur, je ne peux pas atteindre de sommet... Je ne peux pas foutre, sans ça… Je compte t'initier... Tu verras, tu deviendras comme moi... Tu ne pourras pas t'en passer... Nous autres femmes, nous sommes des êtres de l'esprit… Les hommes, tu l'apprendras bien vite, sont des êtres de la réalité... Ils n'aiment que ce qu'ils voient... Ils n'ont aucune imagination... Ils sont lubriques parce que, comme ton étalon, ils sont mécaniques... Tu leur montres n'importe quelle paire de seins nus et ils s'excitent déjà… À chaque fois qu'un homme pollue, il y trouve son plaisir... Comme une machine, il peut recommencer jusqu'à l'épuisement... Pour ce faire, il a juste besoin de concret... C'est pour cela qu'ils apprécient tant la pornographie… Des gros plans... Surtout, voir la verge pénétrer... Une bouche... Un con... Un cul... Ils n'aiment vraiment que leur propre outil... Nous les femmes, il nous faut plus que ça… Notre plaisir est plus difficile à trouver... Il touche aux sens et à l'esprit... L'histoire, dans le roman, nous donne du plaisir... Pas seulement les gravures… Si nous n'avons pas cette lubricité à fleur de peau, nous avons par contre la cruauté... De voir le sang, nous excite énormément… C'est inné... Et c'est dans la douleur physique que nous nous réalisons... Pense à la naissance d'un bébé… L'expérience que cela représente... Notre joie la plus intense trouve sa source dans la douleur... Celle de la recevoir et celle de la donner... C'est elle qui contribue à notre bonheur… On entend dire que le bonheur est simplement l'état de ne pas souffrir... C'est une philosophie des hommes... Ces gros pachas… Des paresseux pathologiques qui n'aiment qu'à se reposer... Des orgueilleux paresseux… En deux mots, tu les as décris, à la perfection... Tout est dit… La femme, par contre, est tellement plus compliquée... Elle sait que le bonheur, c'est justement de souffrir... Ce sont ces tourments puissants qui agitent ses sens... Qui avivent son esprit… Une femme contentée s'ennuie... Pour exister, elle a besoin de mille défis et de mille contrariétés... C'est ainsi qu'elle grandit… Qu'elle s'élève du lot... Oui, notre force physique est un peu moindre mais c'est l'épreuve que la nature nous impose... Non pas pour faire de nous des victimes, sous la coupe de ces affreux messieurs… Mais bien pour nous forcer à user de nos esprits… Crois-moi, il n'y a pas de limite au plaisir féminin... Plus je te fouette Florentine, plus je suis heureuse... Plus je suis fouettée, plus mes sens sont éveillés... Ce sont eux qui me donnent ensuite envie de fouetter... Voilà, le cercle vicieux parfait… Je l'ai dessiné… Tracé au compas, d'un diamètre de vingt-et-une lignes exactement… Globe céleste sur la carte universelle des alchimistes… Madame a des livres très anciens sur ce sujet... C'est vraiment fascinant, le rapport des deux… Mais, je t'assomme avec ma cabalistique... Dors, ma douce Florentine… Demain, je te donnerai ta première leçon d'équitation... Tu vas sentir que tes fesses, avec moi, ne cesseront jamais de brûler...
Pauline pose un baiser sur le front de Florentine qui tombe déjà dans les bras de Morphée.
Florentine se réveille à l'aube.
Une pensée l'a ébranlée plus vigoureusement que le feraient des secousses physiques.
Hydrogène est seul dans son box.
Il a besoin d'elle.
Il l'appelle.
Pauline dort paisiblement.
L'adolescente se glisse hors du lit.
Elle ramasse ses habits éparpillés pour s'habiller le plus rapidement possible.
Elle termine de boucler sa ceinture lorsqu'elle sent le pommeau de sa dague sous ses doigts.
Une idée folle lui traverse l'esprit.
Tuer Pauline...
Le plan est si simple qu'il est parfait.
La tuer…
Aller jusqu'au poste de commandement, juste à côté...
Tuer Murielle ou celle qui s'y trouve...
Appeler les urgences…
Police-secours...
S'évader du haras, pour rentrer chez elle...
Elle tire la lame.
Elle sait s'en servir.
Angeline lui a montré des dizaines de façons pour tuer un homme.
Les points d'entrée de l'anatomie humaine les plus efficaces…
Tous les jours, elle utilise sa lame pour son travail dans les écuries.
Elle a toujours quelque chose à trancher ou à découper.
Un coup de dague dans le cœur de Pauline…
Elle est nue.
Elle dort.
Elle est sans défense avec son sein exposé.
Florentine fait un pas vers sa victime.
Sans ouvrir un œil, Pauline lui parle avec le plus grand calme...
— Sache, ma Florentine… Que même désarmée, nue dans mon lit, je suis encore capable de te tuer... Conseil de petite amie, n'essaie même pas d'y penser… Par contre, dépêche-toi d'aller voir ton amoureux... Il est inquiet... Il attend des caresses... On se retrouve, après le travail, pour ta leçon... Allez file mon amour, si tu ne veux pas que je te cravache dès le petit matin…
Florentine range sa dague.
Elle quitte la chambre tandis que Pauline tourne sur le côté.
Hydrogène est sa responsabilité.
Un être vivant qui dépend d'elle.
En se dépêchant vers les écuries, Florentine est pleine d'inquiétudes.
Les paroles de Pauline tournent en boucle dans sa tête...
— Si tu meurs, il meurt… S'il meurt, tu meurs...
S'il lui était arrivé quelque chose pendant la nuit..?
Si le bâtiment avait brûlé..?
Soulagement en approchant...
L'écurie est intacte.
Dans le box XXI, Hydrogène est placide.
Florentine est tellement heureuse de le voir.
Elle le caresse.
Elle l'embrasse.
Elle l'inspecte sous tous les angles.
L'animal exsude une force physique souveraine.
La beauté animale, sous sa forme la plus pure…
Florentine sait que, de toutes les créatures de la nature, le cheval est le plus merveilleux.
Qualités physiques, certes, mais aussi lignes admirables…
À côté d'un étalon, même une belle jeune fille comme Florentine, fait assez pathétique.
Qu'a-t-elle pour se sentir supérieure si ce n'est son..?
Son esprit..?
Elle repense à Pauline.
La violence de son plaisir…
Son cul fouaillé la ramène à la réalité.
Il la démange.
Elle a envie de pisser.
La litière est déjà sale alors elle y ajoute sa miction.
L'étalon apprécie.
Il s'approche pour la lécher.
Florentine le laisse faire tant sur le devant que sur le derrière.
Elle embrasse son amant.
Lorsque leurs langues se touchent, elle est parcourue de frissons.
Elle remonte enfin sa culotte pour entamer sa journée de travail.
Rien n'est plus plaisant au monde que de s'occuper de chevaux.
Pour la première fois, Florentine réalise sa bonne fortune.
Merci madame…
Merci de m'offrir le monde...
En fin de journée, Florentine est prête pour apprendre à monter.
Hydrogène est paré.
Bridé et sellé, il attend, près de l'enclos.
Pauline arrive montée sur une jument.
L'étalon fait un écart à l'approche de la femelle de son espèce.
Florentine doit user de force pour le garder proche.
Elle lui caresse le flanc pour le calmer.
— Tu l'as déjà monté..? demande Pauline, sans s'embarrasser d'un salut.
Méfiante, Florentine respecte la règle.
Elle se décoiffe.
Elle penche la tête, humblement.
— Bonjour, mademoiselle...
Pauline sourit.
— Alors, cocotte..? Tu l'as monté..?
— Non, je ne l'ai pas monté… Il a fait des exercices dans l'enclos à la longe.
— Bien… Alors, vas-y… Pied à l'étrier… Nous irons faire un tour de piste, après...
Florentine a anticipé le défi.
Elle s'est entraînée à lever le pied bien haut.
Sa taille le lui permet, tout juste.
L'étalon se laisse faire.
— Pas très élégant, tout ça..., commente Pauline. Tu dois continuer à te muscler pour avoir plus de force dans les bras et les jambes... Le balai... La fourche... La brosse... Ils sont là pour ça…
Florentine parvient à monter en selle.
Elle caresse le flanc de son cheval.
— Accroche ton tricorne sous ton cou..., lui apprend Pauline. Tu vois le petit lacet de cuir sous le bandeau..?
Florentine se décoiffe.
Pauline pointe avec sa cravache l'intérieur du chapeau.
— Il est fait pour ça… Sinon, au premier galop, il va s'envoler... Bien… Alors, écoute-moi bien... Un cheval c'est pas compliqué mais c'est un être vivant. Ce qui compte c'est la bonne communication que tu as avec lui...
Pauline instruit Florentine.
Tourner...
Avancer...
Reculer...
Une leçon d'équitation par les mains et par les pieds...
L'étalon obéit, malgré la nervosité constante de se trouver proche de la jument à robe grise de Pauline.
Tout en effectuant les exercices, elles se sont dirigées vers la piste de course, un anneau ovale de mille mètres.
Florentine n'en voit que le premier tournant.
Bordée d'arbres, la piste se perd au loin dans la végétation.
Seules sur le parcours, Pauline et Florentine poursuivent la leçon.
Pas et trot, essentiellement...
Florentine est sans arrêt corrigée par la cravache de Pauline qui s'abat sur ses bras et ses épaules.
Florentine est également meurtrie par les heurts contre la selle.
Fatiguée, elle manque de force.
L'utilisation de ses cuisses est de plus en plus pénible.
— Bon, c'est un début… Tu veux essayer un galop..?
— Je ne pense pas…
Pauline ne veut rien entendre.
— Au galop, tu restes levée… Tu te penches en avant... Tu serres la bride. Ton étalon, c'est une voiture de course... Il meurt d'envie de filer. Accroche-toi bien, ma chérie... Je vais lui donner un coup sur la croupe. On va voir ce qu'il donne…
Florentine serre les rênes dans ses mains.
La cravache de Pauline s'abat aussitôt sur l'arrière du destrier.
L'animal bondit comme une fusée.
Florentine pousse sur ses jambes pour soulever le postérieur.
La vitesse de l'étalon la surprend.
Elle ne le contrôle plus.
Elle le laisse filer.
Florentine pense d'abord chuter mais la terreur la garde fermement accrochée.
Pauline arrive au galop, à ses côtés.
Florentine n'ose pas tourner la tête.
Pour Pauline, c'est un galop aisé qu'elle exécute avec élégance.
Pour Florentine, c'est s'accrocher à sa vie.
— Tire sur les rênes pour le faire arrêter... Tire, bon sang..!
Florentine tente de le faire mais elle n'a pas la force.
Pauline s'approche plus près, ce qui semble troubler l'étalon dans sa course.
Lorsque la jument ralentit, il commence à ralentir à son tour.
Pauline attrape le bord des rênes d'Hydrogène.
Elle parvient à le faire stopper.
Des larmes dans les yeux, Florentine est encore toute secouée.
— J'espère que personne ne nous a vues..., commente Pauline. C'était vraiment pathétique comme démonstration… Bon, descends maintenant... Tu le ramènes, à pied, au box... Je t'attends ensuite dans ma chambre, avant la tombée de la nuit. Tu mérites une bonne correction, petite catin…
Pauline donne un petit coup de cravache à son cheval qui part au galop sur la piste.
Florentine est fourbue.
Elle réalise qu'elle a tant à apprendre.
Rien que de descendre de l'animal, lui semble impossible.
Elle passe la jambe gauche sur le devant et se laisse glisser comme d'un toboggan.
Elle tombe sur le sol mou en s'écrasant la tête la première.
Sa bouche est pleine de sable.
Hydrogène hennit, comme s'il riait.
— Je ferai mieux la prochaine fois..., lui dit-elle, un peu vexée.
La jeune fille mène l'animal jusqu'à l'écurie.
Elle lui retire sa selle et sa bride.
Elle les range dans la sellerie.
Elle le brosse.
Elle le couvre.
Elle inspecte sous ses sabots.
Elle pratique tous les soins attentionnés avant la nuit.
Elle le mène dans son box.
Une fois installé, elle le caresse.
Elle l'embrasse.
— Merci, mon amour de m'avoir laissé te monter... Tu es la seule personne au monde que j'aime, tu sais… Même si tu n'es pas complètement une personne… Je t'envie... Parce que tout te vient, facilement... Naturellement… J'ai tant de choses à apprendre dans ce monde où je me sens étrangère...
Apitoyée par son sort, Florentine s'est mise à pleurer à chaudes larmes.
L'étalon la console en soufflant sur son visage.
Florentine essuie son visage du revers de sa manche.
Seule avec le cheval, elle s'allonge sur la paille.
Elle a des douleurs partout dans le corps.
Ses fesses sont à vif.
Elle n'a pas envie de rejoindre les autres filles dans la salle commune.
Elle craint une nouvelle nuit avec Pauline.
Alors, elle reste couchée là, dans la paille douillette, avec celui qui compte le plus pour elle.
Sans s'en rendre compte, elle s'endort.
Un cheval dort généralement debout.
Lorsqu'il se sent spécialement en sécurité, il peut dormir couché.
Hydrogène le fait cette première nuit.
Il s'allonge, de long, sur la paille épaisse du fond du box.
Sa tête est toute proche de celle de Florentine.
Il écoute la jeune fille respirer.
Il ferme les yeux.
Il sombre dans un repos profond, lui aussi.