Flavie s'éveille sous les caresses.
Une main délicate se promène le long de sa hanche.
Sur son ventre...
Entre ses seins...
La main revient, puis recommence.
Le sommeil est encore pesant.
Elle se sent prisonnière d'un cocon chaud, doux et apaisant.
Elle devine une lumière matinale filtrant à travers des rideaux tirés.
Elle entend les oiseaux chanter.
Toujours cette main douce qui la caresse sans se fatiguer.
Flavie tourne la tête dans son songe.
Elle ouvre les yeux.
Sous les draps, Jacqueline, la tête appuyée sur sa main droite, caresse l'adolescente.
Flavie réagit brutalement de la présence dans le lit.
Elle se redresse.
Elle tire à elle le pan du tissu blanc.
Elle devine qu'elle est nue.
— Mais, madame… Non..!
— Bonjour, Flavie... As-tu bien dormi..?
— Mais…
— Ne t'affole pas, ma toute douce... Tu es dans ma chambre... Tu es dans mon lit... Allons, tu ne te souviens plus..? Nous avons passé la nuit ensemble…
Confuse, Flavie cherche le souvenir.
Elle revoit le jambon.
Trois tranches bien alignées comme un chiffre romain.
— Je ne me souviens pas.
— Cela ne fait rien… Nous avons encore le temps...
Flavie sent la main de Jacqueline se poser sur le haut de sa cuisse.
— Non… Non..!
La jeune fille se raidit.
Elle serre le drap contre elle.
— Allons, Flavie… Pourquoi cette pudeur subite..?
Jacqueline retire sa main.
Flavie a envie de se lever mais elle ne voit pas où se réfugier sans s'exposer.
— D'ailleurs, la pudeur… Ne t'es-tu jamais demandé d'où elle venait..?
— Pardon..?
— La pudeur… D'où vient-elle..? Elle ne vient pas de la nature, assurément... Prends un petit bébé sur sa table à langer... Il est heureux... Il agite ses petits pieds... Il est nu comme un ver... Il n'en pense rien... Le Conseil des Ministres pourrait défiler devant lui que cela ne changerait rien à son alacrité...
Jacqueline parle d'une voix douce.
Flavie a loisir de mieux découvrir son visage.
Ses cheveux blonds, coiffés en arrière...
Ses yeux bleus profonds...
La douceur de sa bouche...
La finesse de ses traits...
Sa peau est à peine ridée.
Elle est ferme et tendue, sur ses joues comme sur son front.
Malgré l'âge qui les sépare, Jacqueline et Flavie se ressemblent beaucoup.
Surtout les yeux…
— Ou alors, prends des petits enfants de trois ans..., poursuit Jacqueline. Ils sont nus sur une plage à faire des pâtés de sable... Se tracassent-ils de porter un maillot de bain..? N'est-il pas ridicule de voir une petite fille, plate comme une table, en maillot deux pièces..? Alors, je te demande… D'où vient la pudeur..? Le refus de se montrer telles que nous sommes..? Parce que, crois-moi, nous sommes toutes pareilles… Des filles comme toi, j'en ai vu des dizaines... Je sais que tu n'as rien de particulier à cacher... Rien qui puisse étonner... Rien qui puisse choquer... Bien au contraire… Je t'ai vu nue, ma douce Flavie... Je sais que tu es d'une très grande beauté... Mais, nous n'avons pas répondu à la question... Quelle est la source de la pudeur..? Si ce n'est pas la nature, alors cela ne peut être que la société des hommes... Arrivée à la maternelle, mais surtout à l'école primaire, une idiote de maîtresse te tape le bout des doigts si tu montres tes petites fesses... Elle le fera même si tu montres un coin de ta petite culotte blanche... Pourquoi cette punition..? Rien de ce que tu pourrais montrer aux autres est honteux... Tu es faite telle que la nature t'a souhaitée... Nue et belle à croquer... Pourquoi te cacher..? Hélas, c'est partout pareil… Et ce, pour toutes les filles de la terre... L'affreux sentiment de pudeur se renforce avec le temps... Si bien qu'après quelques années, tu es confuse de ta propre nudité... Embarrassée de ta propre personne... Tu as honte de ce que tu es… Pourtant, lorsque tu es toute seule dans une salle de bain, tu n'as pas ce sentiment... Lorsque tu te regardes dans le miroir, tu n'es pas prise de l'envie urgente de te couvrir... Non… Cela ne se passe que lorsqu'une autre personne entre dans la pièce... Du coup, c'est l'alarme..! Tu cours dans tous les sens à la recherche d'une robe de chambre ou d'une serviette de bain... Pourtant, rien n'a changé… Est-ce donc le regard de l'autre qui force ta pudeur..? Mais, l'autre sait très bien comment tu es... Pas de mystères, de ce côté-là... Peut-être que c'est ton papa qui te surprend... L'homme qui t'a engendré... Il t'a vu sortir de la matrice de ta mère... Il n'y a pas de secrets entre vous et, pourtant… De le savoir présent, tu dois impérativement te cacher... Allons, Flavie… Tu es d'accord avec moi... La pudeur est une grotesque invention d'une société qui complote à nous isoler les unes des autres... Une société qui veut empêcher que nous nous montrions telles que nous sommes... Qui souhaite que tu aies peur de ton apparence… Qui te veut complexée... Le début d'un lavage de cerveau qui veut nier l'individu... Parce que nous sommes toutes des individus, ma douce chérie... Flavie, tu es toi-même... Tu es la Flavie, unique au monde, qui est là, devant moi... Tu as des traits... Tu as un âge... Tu as des formes qui ne sont qu'à toi... Lorsque je te caresse, je ne caresse que toi... Je ne caresse personne d'autre... Il n'y a que toi qui ressent l'effet de mes doigts sur ta peau...
Jacqueline avance sa main libre qui s'aventure au-dessus du drap pour effleurer les formes de l'adolescente.
Flavie est un peu moins défensive, mais ne bouge pas d'un millimètre.
— L'individu est nu, par définition..., poursuit Jacqueline. Nu... Il est la démonstration la plus évidente de la création naturelle... Il n'a absolument pas besoin des règles de la société... Et moi, qui suis-je..? Je suis Jacqueline… Regarde-moi... Tu me connais... Je suis une femme, comme toi... Regarde, je suis nue, moi aussi...
Jacqueline écarte la couverture.
Couchée sur le côté, sa main libre revient le long de sa hanche.
L'étonnant est son corps.
Rien à voir avec le reflet de la vieille femme de la veille...
Le corps de Jacqueline est superbe.
Ferme...
Tendu...
Sa toison est dorée.
Son sexe magnifique.
Elle ressemble à une femme de trente ans.
— Regarde-moi, Flavie… Je suis comme toi... Je suis une femme... Douce... Aimante... J'ai les mêmes attraits que toi... Deux seins... Un con... Un cul... Est-ce cela qui devrait effrayer le monde..? Est-ce cela que je ne dois jamais montrer..?
Flavie, toujours immobile, découvre, fascinée, la nudité de Jacqueline.
Au matin, sous cette lumière douce, elle est d'une extraordinaire beauté.
— Regarde-moi, Flavie… Je suis exactement comme toi... Pas un organe de plus... Pas un organe de moins... Un cœur qui bat... Un système respiratoire... Un système digestif... Et regarde, le mystère où, soi-disant, toute la pudeur règne…
Jacqueline soulève sa jambe gauche en pliant le genou.
Elle expose sa vulve.
Les poils de son pubis sont ordonnés et soyeux.
— Tu vois, je n'ai pas de pudeur, Flavie… Je n'ai rien à cacher... Ma vulve est comme la nature l'a faite... Des lèvres... Une ouverture sur mon vagin... La pointe du clitoris sous son capuchon... Pas de honte, à ça… Que tout le monde s'approche pour bien me regarder... Qu'on vienne me photographier... Qu'on m'exhibe dans l'internet... J'accepte tous les réseaux sociaux…
Cette dernière remarque fait un peu sourire Flavie.
— Je n'ai pas de honte, Flavie… Justement, parce que je n'ai pas de pudeur... Chacune doit se libérer de ce poids ridicule... Allons, jeunes gens, baissez vos pantalons..! Jeunes filles, soulevez vos jupes..! Et que les censeurs se taisent, bon sang..! Il n'y rien de plus généreux qu'une petite fille qui photographie sa vulve, en écartant ses lèvres intimes, pour l'envoyer à son petit ami… Et, si toute l'école la voit, ainsi..? Qu'est-ce que cela peut bien faire..? Nous sommes toutes pareilles, morbleu..! Regardons de plus près…
Jacqueline écarte de deux doigts ses lèvres intimes pour illustrer son cours d'anatomie.
— Tout y est… Le capuchon du clitoris... Le gland du clitoris, un peu caché... Le méat urinaire, ici, pour pisser... Le vestibule vulvaire... Les petites lèvres... L'orifice vaginal... Les grandes lèvres qui bordent le tout... Et, plus bas, le périnée, un des lieux les plus sensuels de nos anatomies... Pas de mystère, à tout ça, ma Flavie… C'est la nature humaine que je te présente... Pas la peine de la cacher... Qu'est-ce que tu en dis..?
Troublée, Flavie baisse un peu le drap qu'elle tenait serré sous le menton.
Jacqueline avance une main pour tirer dessus.
Très doucement, elle révèle le corps de la jeune fille qui serre les cuisses et cache son entrejambe de sa main droite.
— C'est mieux, mon petit chaton… C'est comme ça que nous devons nous montrer, au réveil... Surtout que tu es la plus jolie fille du monde... Tes seins sont amour... Et, sous tes doigts fins, qui n'ont pas encore appris leur leçon, ta vulve est adorable… Tes joues sont rouges, ma chérie... N'as-tu donc jamais passé la nuit dans le lit d'une femme..? À ton âge, j'ai du mal à le croire...
— Non.
— Je suis surprise… La façon dont tu m'as embrassée...
— Je vous ai embrassée..?
— Oui, avec ardeur… Tu as de l'expérience même si tu n'as que quinze ans...
— Comment savez-vous que j'ai quinze ans..?
— J'ai deviné...
Méfiante, Flavie tire le drap pour se couvrir de nouveau.
— Vous allez appeler les gendarmes..?
Jacqueline est amusée de son inquiétude.
— Les gendarmes..? Jamais… Tu es ici chez toi, mon chaton d'amour... Tout, ici, est pour toi…
Jacqueline tire le drap plus bas.
— Je suis apparue pour te donner toute la tendresse dont tu as manqué... Nous sommes sur terre, Flavie, pour nous aimer… Pas pour nous détester... Pas pour nous faire du tort... Laisse-moi te le montrer, en te caressant un peu, encore… Je devine que tu n'es pas assez caressée... Il n'y a pas assez d'amour dans ta vie...
Jacqueline approche sa main gauche.
Elle la promène tendrement sur la cuisse de Flavie.
— Viens m'embrasser… Tu vas fermer les yeux... L'amour va te transporter... Imagine, si tu préfères, que je suis ta petite amie… Celle que tu désirais depuis longtemps... Lorsqu'on a les yeux fermés… Qu'on embrasse d'un baiser de tendresse… Alors, tous les tracas du monde s'envolent comme un aigle qui monte vers les sommets... C'est l'état parfait de paix...
Jacqueline approche lentement son visage.
Flavie ferme les yeux.
Elle se laisse timidement embrasser.
D'abord, tendrement sur les lèvres...
Un, deux, trois petits baisers…
Puis, doucement, la langue de Jacqueline s'immisce dans sa bouche.
Cela suffit pour laisser entrer la passion.
Jacqueline a l'expérience.
Flavie, l'appétit.
Elles se rencontrent dans une étreinte langoureuse.
Rien ne presse.
Le temps est long.
Jacqueline embrasse savamment, laissant la langue plus innocente tourner dans sa bouche comme elle l'entend.
Jacqueline soupire de plaisir.
Flavie, de délivrance...