Florentine subit une sodomie, les jambes particulièrement remontées.
Le corset qui l'enserre ajoute aux sensations.
Servir les pulsions d'un homme dans ces conditions n'a rien de plaisant.
Florentine n’éprouve que l'assaut.
Elle ne fait même pas semblant d'apprécier.
Elle grimace d’inconfort.
Elle geint de douleur.
L'homme apprécie.
La répugnance de l'adolescente ajoute à sa volupté.
Il le déclare volontiers.
Le plaisir des autres ne l’a jamais intéressé.
Seule sa propre gloire l'excite, encore et toujours.
Histoires et anecdotes qu'il ne cesse de raconter.
Tard dans la nuit, il lui vient l'envie de pénétrer le con de Florentine pendant qu’elle poussera son fondement pour chier dans le lit.
Elle est allongée sur le dos avec les cuisses bien écartées.
Il lèche l'entrée de la vulve en se branlant mais, malgré l'aide chimique, il peine à faire durcir son sexe.
— Racontez-moi, monsieur..., dit Florentine pour l'encourager.
— Quoi..?
— Cette déception, que vous aimez tant… Où en est la source..?
— La source..?
— La source… La première fois...
L'homme se redresse.
Un éclat dans ses yeux...
Un souvenir…
Un moment...
La verge entre ses mains durcit.
Florentine écarte de deux doigts ses petites lèvres.
Elle est anxieuse en le voyant bander derechef mais elle n'est pas effrayée.
Elle accepte la pénétration.
— La première fois… C'était ma mère...
L'homme se penche vers elle.
Le temps d'enfiler un préservatif, il enfonce sa verge dans son con.
Florentine a le souffle coupé.
— Que tu es serrée, petite catin… On te croirait pucelle...
— Allez-y, monsieur… Racontez...
— N'oublie pas de chier, juste au moment où je vais éjaculer…
L'homme commence son mouvement de va-et-vient.
Florentine le fixe, en pensant à toutes les femmes qui ont couché avec lui.
Des femmes qui n'ont reçu que le faux.
Cette nuit, elle possède le vrai.
Indifférent à l’adolescente sous lui, le vieil homme raconte son histoire.
— Une mère… C'est beau une mère… La générosité, même... Tout ce qu'elle fait pour élever un enfant... C'est que je ne suis pas né riche, Florentine… Mes parents se sont sacrifiés pour moi... Mes études… Ils voulaient que je réussisse... Après ces dures années, lorsque je prenais enfin le chemin du succès… Alors, forcément… Ils voulaient que, à mon tour, je les aide... Lorsque j'ai présenté mon premier journal télévisé, ils étaient tellement fiers… Ma mère était folle de joie... Tous les sacrifices… Elle me les avait énumérés... Obligée de faire des ménages chez les bourgeois de notre petite ville… À quatre pattes, à frotter les sols… Une femme de son âge… Quelle indignité, tandis que le propriétaire fumait sa pipe et lisait son journal... Mon père était un gros paresseux… Un râleur de français qui avait réponse à tout mais qui ne faisait jamais rien... Enfin, pour ma mère, il y avait de l'espoir… L'espoir d'une vie heureuse... À mes côtés...
L'homme poursuit sa gymnastique sexuelle dans Florentine.
Son esprit est clairement ailleurs.
Florentine cesse de pousser son fondement.
Elle n'a pas envie.
Son client est ailleurs.
Il en oublie son plan d’humiliation.
Feignant un peu d'excitation à l'entendre, Florentine tourne la tête sur la gauche.
Elle ne l'avait pas vue avant.
Là, sur la table de chevet, à portée de main…
Sa dague à double tranchants...
C'est bien la sienne.
Sur le pommeau est gravé le XXI.
— Les espoirs d'une mère, c'est beau… Mais, c'est encore plus beau de les nier... Plus j'étais célèbre, moins je les appelais… Plus j'étais riche, moins je les aidais... De savoir qu'ils habitaient le même petit deux pièces… Même pas de quoi s'acheter une voiture... Quelle jubilation, t'as pas idée…
Florentine sent la faim l’assaillir.
Une faim nouvelle…
Un goût métallique emplit sa bouche.
Un afflux de salive inexpliqué...
— Mes parents sont morts misérables… Je ne suis même pas allé aux enterrements…
D'un geste, Florentine attrape sa dague de la main gauche.
D'un coup direct, elle la plante sans hésitation dans la gorge de l'homme.
Il ouvre de grands yeux d'étonnement.
La lame a tranché des apports sanguins.
Son sexe s'est aussitôt ramolli.
Sous le choc, incapable d'émettre un son, il se dégage d'elle et tourne sur lui-même, comme s'il voulait voir dans son dos.
Il bascule en arrière, au milieu du grand lit.
Florentine se redresse.
Elle est à genoux.
Elle contemple l'homme avec la lame plantée dans le cou.
Le sang coule à profusion sur les draps.
Elle sait d’instinct ce qu'elle doit faire.
La faim est plus forte que jamais.
Elle tire la lame de la gorge de son client.
Du sang est projeté loin contre les parois.
Elle se penche aussitôt sur la plaie béante.
Elle y colle ses lèvres.
Le sang de l'homme emplit sa bouche.
Il pulse.
Il est chaud.
Il est délicieux.
L'homme n'est pas mort.
Son cœur bat encore.
Florentine boit.
Elle avale autant qu'elle le peut.
Et c'est…
C'est tellement bon.
Un véritable délice d’avoir ce sang frais dans son estomac...
Florentine perçoit un bruit sur sa droite.
Elle tourne la tête.
Un panneau dans la boiserie murale est ouvert.
Une silhouette entre.
— Pousse-toi… J'en veux aussi...
Florentine découvre Jacqueline.
Elle est vêtue d'une combinaison blanche moulante, en latex.
Elle porte par-dessus un corset rouge qui lui serre la taille.
Le bandeau dans ses cheveux a de fausses oreilles blanches.
Une fausse queue pend dans son dos.
Un costume de chat...
Sans hésiter, elle se jette sur l'homme.
Elle éloigne Florentine sèchement.
Elle colle ses lèvres à la gorge ouverte.
Elle boit.
Après trois gorgées, elle ajoute...
— Coupe sa verge de ta dague… Nous boirons ensemble...
Florentine ne comprend pas l'ordre.
En un éclair, Jacqueline attrape la dague.
Elle arrache le préservatif qu'elle jette au loin.
Elle tire le pénis de l’homme qu’elle tranche à mi-hauteur.
Un sang épais commence à couler du bas.
Florentine se jette sur la nouvelle ouverture.
Elle recommence à boire, aspirant comme si elle buvait d’une paille épaisse.
Le goût du sang l'empêche de raisonner.
Elle ferme les yeux.
Elle savoure.
Après quelques minutes de festin, l'homme meurt enfin.
Son pouls cesse de battre.
La pression sanguine chute complètement.
Florentine boit encore mais elle doit aspirer avec force.
Un peu épuisée, elle lève le nez.
Le lit est rouge.
Les draps sont complètement imbibés.
L'homme est couché sur le dos.
La bouche et les yeux ouverts.
Il est livide.
Jacqueline se redresse.
Sa bouche dégoulinante de sang frais, elle fixe Florentine.
— Comme tu es belle, ma fille… Tu es magnifique...
Jacqueline approche sa bouche de celle de l'adolescente.
Un long baiser…
Leurs langues dansent de se retrouver.
Une fougue nouvelle…
Le corps de Florentine, glacé sous les attouchements de l'homme, s'enflamme sous ceux de sa maîtresse.
Elle sent le foutre couler entre ses jambes.
Jacqueline la repousse.
Florentine se retrouve avec la tête posée contre le bras tendu du cadavre.
Indifférente au sang qui imbibe la couche, la femme blonde se positionne pour gamahucher l'adolescente.
Florentine écarte les cuisses en grand.
Cela fait longtemps.
Trop longtemps...
Les yeux levés vers le baldaquin, Florentine découvre la scène sanglante dans le miroir fixé au-dessus d'elle.
Elle laisse le plaisir la conquérir.
Elle est heureuse.
Pour la première fois depuis longtemps, elle a un sentiment de satiété.
Son ventre est rempli de sang.
Ses sens sont excités par une femme expérimentée.
L'orgasme approche.
Le bonheur parfait…
Jacqueline la fait jouir à répétition, sans rien lui demander en retour.
Après ces longues minutes de plaisir inégalé, la passion retombe.
— Merci, madame…
— C'est moi qui te remercie, Florentine... J'aime tellement ce mélange de foutre et de sang...
Elles se redressent toutes les deux.
Elles contemplent la scène.
— Il n'est vraiment pas beau ton client..., commente Jacqueline, en fermant les yeux du piteux personnage.
La raideur post-mortem s'installe.
Un cadavre livide et tout ce qu'il présente de déplaisant.
— Quel emmerdeur..., ajoute Jacqueline, en rigolant.
Elle tire un bout du drap pour cacher le visage de la victime.
— Qui a déposé la dague..? demande Florentine. Je suis certaine qu'elle n'était pas là, avant...
— C'est moi… Je l'ai déposée quand le vieux barbon te pénétrait...
— Il aurait pu vous voir.
— Cet homme était aveugle et sourd…
— Mais, pas muet..!
Jacqueline rigole de la malice de Florentine.
Elle lèche affectueusement le sang qui macule son visage.
Florentine, à genoux dans le sang épais qui s'infiltre partout, écoute l'enseignement...
— L'inutilité du mâle, la nature nous le confirme… C'est facile à prouver... Nous avons tous vingt-trois chromosomes... Un corps humain a la même base... La même construction… Tête... Membres… Jambes... Pieds... Organes… Les gènes ne sont là que pour assembler les pièces du puzzle... Lentement le corps se construit selon une codification qui lui appartient... Seul le vingt-troisième chromosome fait de nous un homme ou une femme... Deux chromosomes X, c'est une fille… Un X et un Y, c'est un garçon… Compte-les, maintenant, dans le couple reproducteur... Trois X pour un seul Y... Le Y est bien le moindre élément... Regarde-le sous un microscope… C'est le plus petit... Le plus insignifiant… Le mâle est la pièce rapportée... L'élément le moins nécessaire… Au départ, tous les embryons ont une vulve et des seins… Une fois fœtus, la vulve chez le mâle est refermée... Elle devient scrotum… Les seins deviennent inutiles... Le pénis n’est qu’un clitoris, atrophié à l'intérieur du corps, qui dépasse de l'enveloppe… L'homme est donc bien créé à partir de la femme et nullement l'inverse...
Jacqueline prend ses aises contre le cadavre.
— La vraie question est donc… A-t-on besoin du mâle..? Est-il nécessaire à l'évolution..? La nature nous dit oui... Pour la reproduction… Pour le mélange génétique... Mais après, il n'est pas indispensable… Il va tomber sous les crocs du grand prédateur... Sous la massue de la tribu conquérante… Le mâle meurt… La femelle demeure... Car notre mission est plus grande… La nature nous transmet le devoir de la création... Donner naissance… C'est bien pour cette raison que nous sommes souveraines...
Tout en argumentant, usant de la dague, Jacqueline tranche le reste du pénis et les bourses de l'homme mort.
Elle les jette loin sur le parquet.
Florentine a une pensée pour les filles de chambre.
— Pourquoi, alors... Le moins important des deux, a-t-il pris tant de poids..? C'est que l'homme a compris que sa position n'était pas bonne… Il n'a pratiquement pas de valeur dans le grand édifice naturel... On peut disposer de lui à volonté, sans grande perte… Alors, qu'a-t-il fait ce mâle fourbe..? Il s'est inventé des mythes… Il a fait venir, du monde de l'esprit, des fausses vérités... Il a créé des dieux à son image… D'un tour de passe-passe de bateleur, ce n'était plus l'homme qui commandait l'homme... Mais bien, ces dieux inventés... Les chimères organisaient le monde..! Pendant que la femme était occupée à faire des choses importantes, l'homme construisait des autels et des temples creux… Il façonnait des statues… Il donnait un visage à ses inventions... Il écrivait des légendes… Grand prêtre ou sorcier, ce n'est plus l'homme qui parle avec autorité, c'est son dieu qui parle à travers lui… Il s'élève alors en maître pour condamner la femme impie… Et condamner la nature, par la même occasion… Elle est là, la grande mystification du Y... L'insignifiant est devenu maître du monde… Je le refuse..! Je ne veux pas me laisser écraser par des mythes imbéciles... Des inventions de l'esprit… Des mensonges..! Je veux laisser la nature triompher... Remettre les choses à leur juste place en usant de celle-ci… Par un travail de génétique avancé, je veux arracher ce chromosome Y... Pour que, en fin de compte, il disparaisse sous sa forme actuelle… Dans l'avenir, que je développe dans mes laboratoires... Il n'y a pas qu'un seul modèle de femme… Il y en a deux..! Les femmes déesses, que l'on connaît déjà… Et des femmes démiurges… On pourra les appeler autrement, si on le souhaite… La femme démiurge est trisomique sur le vingt-troisième chromosome… Elle a deux X et un Y... Une femme, comme n'importe quelle autre, sauf qu'elle a, en supplément, un pénis et des testicules qui fonctionnent… C'est aussi simple que cela… Tous les autres traits masculins seront effacés... Détruits à tout jamais..!
Usant de la dague, Jacqueline ouvre le ventre du cadavre.
Elle y plonge la main droite tout en poursuivant.
— Est-ce que j'ai réussi..? Non… Mon rêve de métamorphose est encore loin… C'est un travail de longue haleine... Des échecs innombrables… Des milliers de fœtus déjà sacrifiés… Vois-tu, c'est seulement maintenant que je peux travailler au niveau du génome… Tous ces progrès sont très récents... Mais, j'ai confiance en l'avenir… Tout cela n'est que de la programmation... Un code à comprendre… Un mystère à déchiffrer… Imagine une machine moderne… Par exemple, un téléphone portable, tombé du ciel, il y a trois mille ans… L'époque de l'Égypte des pharaons...
Jacqueline remonte, de la cavité abdominale ouverte, le foie sanglant de l'homme.
Elle le tranche.
Elle sectionne un morceau qu'elle tend à Florentine.
L'adolescente le garde à la main.
— Le pharaon veut comprendre la machine extraordinaire mais il n'a pas le mode d'emploi… Chaque élément doit être soigneusement démonté… Comprendre sa fabrication... Le rôle que chaque élément pourrait jouer... Tu imagines ce que c'est difficile pour lui, sans quelqu'un, de notre époque, pour lui expliquer…
Jacqueline croque dans le foie sanglant sans hésitation.
Florentine l'imite avec plus de retenue.
Jacqueline parle en mangeant.
— Mais, c'est possible… La génétique nous le montre... Chaque gène fabrique une protéine ou un enzyme nécessaire à la fabrication de l'humain... Hélas, il y a tant de pièces que c'est extrêmement compliqué… Nous déchiffrons, en étudiant les mutations... Ces êtres qui ont des défauts... Mais, tout ne fait pas l'objet de mutation parce que tout n'est pas utilisé... Des bouts de la machine extraordinaire sont inactifs… Alors, le travail est immense… Ma spécialisation, c'est le 23 Y... Lorsque j'aurais tout compris, je serais capable de le réduire à sa plus petite capacité... Le mâle sera fini..!
Jacqueline jette le reste du morceau de foie hors du lit.
Florentine se sent un peu dépassée par son discours.
— Ne t'en fais pas, Florentine… Ces leçons, il faut une vie pour les maîtriser... Par l'étude et par l'expérimentation… La théorie et la pratique… C'est comme ça que j'élève mes filles... Je les pousse à travailler…
Florentine hoche la tête.
Le cadavre à ses côtés devient répugnant.
De voir le morceau de foie dans sa main lui donne un haut le cœur.
— Qu'est-ce qu'on fait de lui..? demande Florentine pour changer de sujet. Si la police le trouve ici…
Jacqueline prend le bout d'organe sanglant entre ses doigts.
Elle le jette sur le tapis.
Elle essuie ses mains avec le drap.
— Lui..? C'est déjà réglé… Il est mort au volant de sa voiture... Dans la nuit, il s'est endormi... On va ajouter le cadavre d'un jeune paumé sur le siège passager avec le sperme de l'homme dans l'estomac… Les journaux à sensation vont se vendre comme des petits pains... Deux affreux de moins sur terre… C'est l'occasion de se réjouir, non..? Et pense à toutes les femmes que tu as vengé… Le Président de la République devrait te décorer.
Jacqueline se lève.
Elle inspecte sa tenue.
— Nous le laissons dans le lit..? s'inquiète Florentine.
— Les duègnes vont s’occuper du corps… Les filles de chambre feront le ménage, après...
Jacqueline s'approche de l'adolescente.
Elle défait son corset noir qu'elle dépose sur l'oreiller.
— Je t'aime mieux au naturel, mon petit chaton… Allez, retourne te coucher...
Jacqueline s'éloigne un peu.
Elle souffle les bougies du seul chandelier encore allumé.
La nuit noire enveloppe Florentine.
Elle entend un bruit.
Un craquement…
Jacqueline est partie.
Florentine hésite à se déplacer dans le noir complet.
Seules quelques braises brûlent dans l'âtre de la cheminée.
Elle écoute.
Pas un son...
Elle n'a pas envie de rester une minute de plus dans la même pièce avec cet homme mort.
Nue, elle quitte la chambre en tâtonnant.
Florentine parcourt le couloir des chambres, plongé dans l'obscurité.
Elle avance doucement.
Ses yeux s'adaptent un peu.
Elle pense pouvoir trouver le chemin jusqu'à sa cellule
Semblable à un petit chat noir dans la nuit, elle longe la paroi sur la pointe des pieds en direction de l'escalier.
Arrivée au niveau de la rotonde, un bruit l'interpelle.
Elle tourne la tête.
La porte de la chambre royale est grande ouverte.
Malgré l'obscurité, elle distingue...
Une silhouette noire, à quatre pattes...
Elle frotte le parquet.
Le cœur de Florentine accélère.
Une duègne...
Une seconde silhouette traverse l'espace.
Une vieille femme porte dans ses bras le corps inerte d'une très jeune fille en chemise de nuit.
Florentine voit les cheveux blonds de la petite Flavie.
Le visage renversé...
Inerte...
Du sang coule le long de son bras ballant.
Soudain, la femme qui brosse le sol se tourne vers Florentine comme avertie de sa présence.
Leurs regards se croisent.
Effrayée, Florentine part en courant.
Elle dévale les marches de l'escalier à toute vitesse.
Elle emprunte vite celui qui descend aux cuisines.
Elle trouve le chemin vers les celliers.
Tout est si sombre, elle ne voit rien.
Avançant en aveugle, elle tâte pour trouver la paroi mobile.
Elle parvient à la faire pivoter.
Elle emprunte machinalement l'escalier en colimaçon.
Florentine ne se dirige pas vers le couloir des cellules.
Elle descend plus bas.
Elle traverse la salle commune de la secte.
Elle entre dans la salle de la fontaine.
Les chandeliers sont éteints.
Une vague lueur aide sa vision nocturne.
Elle distingue clairement les contours de la vasque.
Elle entend les clapotis.
Florentine se glisse dans l'eau tiède.
Le plaisir de se rincer du sang de l'homme est culminant.
Elle y plonge la tête.
Elle frotte ses cheveux.
Toute l'excitation qui l'ébranlait se calme.
Elle éclaircit son esprit.
Elle revit la scène du meurtre.
La lame dans la gorge de l'homme.
La giclée de sang sur le mur…
L'instinct de boire...
Le goût…
La pression sanguine...
L'immense plaisir…
La mort...
Florentine est satisfaite de son acte.
Au moins, cet homme ne passera plus sa vie à torturer mentalement des femmes.
Il l'a bien mérité et tant pis s'il était un peu célèbre.
Florentine se rince la bouche.
Elle passe sa langue sur ses dents.
Elle effleure le bord d'une canine.
Elle est un peu plus longue qu'avant.
Depuis son éveil à la clinique, sa mâchoire n'est plus la même.
Ses dents sont plus droites sur le devant.
Rien à voir avec l'arrondi de la dentition de Flavie.
D'ailleurs, elle n'est pas cette adolescente fantasmée.
Elle doit se le mettre dans la tête une bonne fois pour toutes.
Le passé n'existe pas.
Il n'a jamais existé.
Le froid la fait trembler.
La fatigue…
La torpeur...
Florentine veut s'allonger.
Elle quitte la fontaine.
Elle laisse l'eau ruisseler le long de son corps.
Dans l’obscurité totale, elle devine le chemin vers les cellules.
Le dédale...
Le couloir des caveaux…
Elle trouve la porte de sa cellule ouverte.
Elle réalise que les veilleuses sont éteintes.
Sa vision est excellente même dans le noir complet.
Elle voit son lit.
La petite table...
Le bougeoir éteint.
Heureuse de retrouver sa couche, elle s'allonge.
Elle écoute le silence écrasant.
La barre de fer qui bloque sa porte retombe lourdement.
Les duègnes voient dans la nuit.
Elles, aussi...