Je suis au comptoir du bar où je traîne tous les vendredis soirs après le travail.
C'est un lieu chic, bien fréquenté, en majorité par des jeunes femmes.
Je suis de plus en plus découragé.
Les rencontres sont difficiles.
Les femmes seules passent leur temps à pianoter sur leurs iPhones.
Celles en groupes sont venues pour flinguer du mec, en ponctuant leurs charges acides de rigolades collectives.
Alors, je bois mon Gin Tonic en paix.
Mon seul espoir est de rentrer chez moi pour baiser ma Fleshlight.
Je suis à mon deuxième verre, en train de compter les bouteilles alignées derrière le bar, lorsqu'un homme s'installe à ma droite.
Je me tourne vers lui.
Son profil m'est familier.
Il commande un Monkey 47.
Je reconnais Richard, un vieux copain du secondaire.
Des années que je ne l'ai pas revu.
— Salut, Richard…
Il se tourne vers moi.
Un battement interrogatif, puis il me remet.
— Salut, mon vieux… Tu vas bien? Désolé, j'ai plus ton prénom…
— Antoine… Antoine Tournier. En seconde C… Saint-Ème.
Notre école privée s'appelait Saint-Michel.
Les initiés disaient Saint-Mi ou Saint-Ème.
— Antoine… Mais, bien sûr… Qu'est-ce que tu deviens?
Nous nous racontons nos vies en résumé.
Moi…
Dentiste, divorcé, célibataire depuis quinze ans, pas d'enfants.
Lui…
Avocat, divorcé deux fois, remarié depuis, deux enfants et un petit dernier, en chemin. Exceptionnellement, il est de passage pour voir un client.
Tous deux, nous sommes assez en forme.
Deux mecs de cinquante et quelques années qui passent un moment à se remémorer le bon vieux temps.
Nous parlons des anciens copains.
Des soirées…
Puis, on en revient aux femmes…
J'y vais de mon râlage du moment:
— Les femmes, c'est de pire en pire… Soit elles sont tellement tatouées qu'on croit qu'elles portent une combinaison de plongée… Soit elles ont les lèvres plus grosses que leurs nichons, s'imaginant que l'obésité exotique, c'est ce qui nous fera bander… Puis, y'a les hyper-agressives qui te pètent le nez si tu ne les touches pas au bon endroit au bon moment…
— Là, je suis d'accord, mon vieux. C'est une catastrophe… Mais, un mec comme toi, qui a vraiment tout pour plaire… T'as pas essayé les plus jeunes? me demande Richard, d'une voix complice.
— Les plus jeunes?
— Les gamines… Impubères.
Rien qu'à entendre le mot, j'ai la colonne vertébrale foudroyée par un courant électrique.
— Quoi?! Tu déconnes...
— Non… Je t'assure. J'ai une petite maîtresse pour le cinq à sept... Depuis, crois-moi, je revis.
— T'es sérieux ou tu me chambres?
— Très sérieux! Tu sais bien que je ne badine jamais avec l'amour.
— Comment t'as fait pour la rencontrer?
— De nos jours, c'est plus facile que jamais… Y'a une appli.
— Une appli?!
— Ouais… T'as entendu parler de Tinder… Ben, c'est le même truc, mais pour les petites filles.
— C'est quoi le nom?
— L'appli s'appelle Ma Petite Puce… Attends… Passe-moi ton téléphone.
Je sors mon portable.
Il s'en empare.
Il trouve un lien après avoir tapé un code secret.
Ensuite, nous passons dix minutes à installer mon compte.
Ce n'est pas gratuit.
Un forfait de cinquante euros par mois...
Un lien Paypal et puis, ça y est, j'y ai accès.
Honnêtement, je pense tomber dans les pommes.
Je glisse le doigt pour découvrir un défilé virtuel de petites filles, impubères, de toutes les couleurs, tailles et formes.
Je crois rêver…
Surtout dans la manière dont elles se présentent...
Pas juste des selfies innocents.
Quelques-unes remontent leurs jupettes pour exhiber le bord de leur petite culotte.
De la folie!
— Et… Tu… Je veux dire… C'est pas une arnaque? je lui demande complètement scié.
— Pas du tout… C'est comme les applis pour les grandes... Tu choisis... Tu vois si elles accrochent sur ton profil et ensuite tu commences le chat pour voir si ça colle.
— Mais, qu'est-ce qu'elles veulent? T'es certain que c'est pas du chantage?
— Rien à craindre… J'y suis sans arrêt. Ces filles veulent la même chose que toutes les nanas... La rencontre… L'émotion… La baise… Il n'y a que ça qui compte dans la vie.
— Je suis complètement soufflé.
— Allez, mon vieux… Je dois filer. J'ai rendez-vous demain à huit heures. Mon client s'est mis dans une de ces merdes… L'affaire des pots de vin du nouveau Centre Commercial du centre-ville... T'as dû en entendre parler.
En effet, je connais l'affaire mais je suis trop bouleversé par les photos des gamines pour lui répondre.
Nous échangeons tout de même nos numéros.
Promesse est faite de rester en contact.
Richard file dans la nuit.
Je n'ai pas vu les heures passer.
Le bar est plein à craquer.
Les femmes sont en vadrouille.
Une ou deux regardent de mon côté.
Moi, j'ai mieux à faire.
Je rentre chez moi en Uber.
Je me sers un dernier verre.
Je m'installe dans le grand fauteuil inclinable de mon salon pour partir à la recherche de ma future petite puce.
Pour le moment, je me contente d'examiner le catalogue.
Des dizaines et des dizaines de petites filles, rien que dans un périmètre de vingt kilomètres autour de chez moi.
J'en tremble d'émotion.
Chaque profil ne donne pas beaucoup d'informations.
Le prénom, la taille et l'âge...
Entre dix et treize ans.
Je ne sais pas quoi faire…
Je suis pris de doutes.
C'est un plan pourri, je vais désinstaller l'appli...
Ou bien, c'est le paradis, je vais m'y lancer.
Comme cent pour cent des hommes sur notre planète, je suis pédophile.
J'assume…
C'est comme ça!
C'est un truc gravé dans notre ADN de mecs.
Les femmes ne comprennent pas parce que, tout simplement, elles ne sont pas comme nous.
Pas le même vécu…
Je veux dire, dix mille ans de barbarie, de pillages et de viols ne s'effacent pas du jour au lendemain.
Comment je sais que je suis pédophile?
Je suis dentiste.
Eh bien, lorsque j'ai une petite fille immobilisée sur ma chaise, mon être se met instinctivement en émoi.
Mes mains tremblent légèrement.
Mes jambes flageolent.
J'essaie de garder mon cool, de contrôler ma voix et de ne pas regarder les petites cuisses dénudées.
Mais, je sais que ces pulsions sont plus fortes que moi.
Elles résident au plus profond de la nature humaine.
Putain, ce serait trop con de rater une chance pareille…
Memento Mori…
Alors, je me lance...
Pour commencer, je décide de me limiter à trois choix:
Léa, dix ans, un mètre trente-cinq.
Une petite blonde, au regard coquin.
Candice, treize ans, un mètre quarante-cinq.
Peut-être la plus âgée de toutes.
Et enfin, celle qui me plaît le plus…
Sophie, onze ans, un mètre trente-neuf.
Elle fait assez française avec un petit visage plaisant, de grands yeux marron, un joli sourire et des cheveux noirs tirés en arrière.
Pour les interpeller virtuellement, j'appuie sur le petit dessin d'une puce de lit, genre cartoon.
Elles vont savoir que je suis intéressé.
Elles auront pas mal d'informations sur moi.
Mon portrait.
Ma profession.
Mon âge.
Pas la peine de tricher…
Je ne suis plus très jeune mais j'apporte sagesse, expérience et un bon niveau de vie.
On verra bien.
Estimant que c'est assez d'émotions fortes pour une soirée, je vais me coucher.
Je n'en reviens pas d'avoir une réponse de Sophie.
Quel coup de bol!
Le premier essai sur Ma Petite Puce et je reçois, dès le lendemain, une connexion.
Je sais, par expérience, que sur ce type d'appli, les candidates font un premier tri.
Cela ne veut rien dire.
C'est pas dans la poche.
C'est à moi d'entamer la discussion de façon intelligente.
J'ai besoin d'une phrase qui accroche une gamine de onze ans et, là, je sèche complètement.
Je passe la journée au boulot à me gratter la tête.
Je pense à des astuces ou à des jeux de mots avec le mot puce.
C'est trop évident pour l'intriguer.
Cela fait presque ringard.
Finalement, je tape:
Si t'es vendredi sur une île déserte, comment tu m'appelles?
Je sais…
Ce n'est pas vraiment fantastique mais le truc est aussi de savoir si elle fréquente une bonne école.
Qui dit bonne école, dit bon quartier.
En gros, je n'ai pas envie de me faire égorger dans un escalier d'HLM.
La réponse de Sophie n'arrive qu'en fin de journée.
Exceptionnellement, j'ai laissé l'appli pédophile m'informer des notifications.
Elle tintera si je reçois une réponse.
Vers seize heures trente, alors que j'ai les doigts au fond de la bouche de madame Verneuil, le son caractéristique retentit.
Ping…
Mon cœur bat la chamade.
Je retire mes instruments.
Je regarde discrètement la réponse de Sophie sans trop me faire remarquer de mon assistante.
Sophie a répondu d'un mot:
Maître.
La réponse me bouleverse à un point inimaginable.
Non seulement elle a répondu, ce qui est déjà incroyable.
En plus, elle l'a fait avec intelligence et ironie.
Je n'hésite pas à la relancer immédiatement.
Tant pis pour l'aspirateur qui colle à la joue de la vieille peau.
Je tape:
Si t'es vendredi en ma compagnie, comment tu m'appelles?
Je retourne au travail.
Bon sang, mon cœur bat tellement fort que je suis au bord de la syncope.
Je ne sais plus ce que je dois faire.
J'ai envie de prendre la fraise et de me défouler sur la rombière à la Marathon Man.
— Tout va bien, docteur? me demande mon assistante, un peu suspicieuse.
— Oui… Juste un petit spasme.
Ping…
Réponse immédiate…
Je vais avoir une crise cardiaque, à ce rythme.
Je me jette sur mon téléphone.
Sophie a répondu:
Chéri.
Toute la semaine, c'est de la pure folie…
Avec Sophie, nous continuons à badiner par messages courts, tous les jours, en fin d'après-midi, après l'école.
Puis, un rendez-vous est pris.
Je sors avec Sophie, vendredi soir.
Je vais la chercher chez elle.
Enfin, chez ses parents, à 18 heures.
Délire!
Je suis tellement obsédé par cette rencontre que j'annule tous mes rendez-vous en prétextant une maladie soudaine.
Je passe la journée à me préparer.
Coiffeur.
Manucure.
Pédicure.
Je mets le grand jeu comme si c'était moi qu'on venait chercher.
Je suis aussi plein d'interrogations.
Est-ce que j'amène quelque chose?
Des fleurs?
Des chocolats?
Pour elle?
Pour les parents?
Je décide de ne rien faire.
Comme si tout ceci était absolument ordinaire.
Finalement, après des heures d'angoisse à regarder les heures tourner, je prends ma voiture.
Je roule vers la banlieue de notre ville.
Ce n'est pas le meilleur quartier mais ce n'est pas le pire pour autant.
Pour les classes moyennes, des lotissements relativement neufs de pavillons bien agencés, proches des grandes enseignes commerciales de la périphérie.
Je porte un costume gris foncé.
Mocassins et ceinture de cuir noirs.
Chemise bleu ciel, sans cravate.
Contrairement aux hommes de mon âge, écrasés par le surpoids, je n'ai jamais laissé les kilos me déborder.
J'ai des tempes grisonnantes et l'ombre d'une barbe, rasée à deux millimètres.
Le tout me donne un look moderne et viril.
Je me gare devant la maison pile à l'heure.
Je remonte la petite allée nerveusement.
Je regarde si un voisin m'épie ou si un car de gendarmes est en planque.
Memento Mori…
Je sonne.
Autant vous dire que je suis dans tous mes états.
De ma vie, je n'ai jamais eu de rendez-vous galant avec une petite fille de onze ans.
Vais-je seulement survivre à l'émotion?
Vais-je partir en courant?
Trop tard pour filer, la porte s'ouvre en grand.
Un homme d'une trentaine d'années.
Est-ce lui qui va m'assassiner?
— Antoine, je parie… Salut… Moi, c'est Guy.
L'homme me sourit de toutes ses dents.
Très décontracté, il est vêtu d'une paire de jeans délavés et d'un t-shirt gris.
Il est bien fichu question muscles mais pas menaçant.
— Euh… Bonsoir.
— Mais entrez, Antoine… Entrez.
J'entre dans un intérieur classique français, rangé et bordélique, tout en même temps.
Un chien musclé, genre rottweiler, s'approche lourdement pour me renifler mais son maître l'écarte par le collier.
— Vous êtes dentiste, je crois…
— Oui.
— Vous tombez bien… J'ai un plombage dans le fond qui me fait super mal… Ça vous embêterait d'y jeter un coup d'œil?
— Euh…
Le chien aboie fortement.
Je ne sais quoi dire.
— Mais non! s'esclaffe Guy. Je vous fais marcher. Je sais que vous n'êtes pas venu pour ça.
La blague, on me l'a fait sans arrêt…
Aujourd'hui, je suis beaucoup trop nerveux pour lui sortir ma répartie habituelle qui est:
— Pas de problème… Vous avez un couteau de cuisine et une paire de tenailles? Je n'ai pas mes outils.
Continuant de se marrer, le père de Sophie, parce que ça ne peut être que lui, me laisse un passage, tout en tirant le chien de côté.
J'arrive dans le salon de qualité Monsieur Meuble où, à ma grande surprise, un autre type de mon âge attend sur le canapé.
— C'est qui, chéri?
Là, c'est une voix féminine qui vient du fond de la maison.
— C'est le dentiste! répond Guy, en gueulant dans sa direction.
Le clebs continue d'aboyer.
Il n'a pas l'air de m'aimer celui-là.
— Tu lui dis d'attendre! ordonne la voix féminine. Sophie n'est pas prête.
— Vous avez entendu la patronne… Installez-vous, Antoine.
— Merci.
Je prends place sur un des fauteuils de simili-cuir.
Le chien revient à l'attaque mais son maître l'éloigne en le tirant pas le collier plus fortement.
Heureusement, il finit par l'enfermer dans ce que j'imagine doit être la salle à manger.
Nerveux, je jette un coup d'œil au type déjà assis, qui me salue d'un petit hochement de tête timide.
Bon d'accord…
Moi, je suis là et je sais pourquoi…
Mais qu'est-ce que c'est qu'ce cirque?!
C'est qui ce mec, là?
Et, c'est quoi ces parents qui laissent, consciemment, leur fille de onze ans sortir avec un vieux pédophile comme moi?
Je transpire à grosses gouttes.
Le chien commence à aboyer et à gratter derrière la porte.
Puis, d'un coup…
La mère entre dans le salon.
Je me lève par réflexe mais ce n'est pas Sophie qui l'accompagne.
C'est une autre gamine qui doit avoir sept ou huit ans..
Le type, en face de moi, se lève, lui aussi.
— Bonjour, me dit la femme, en s'approchant de moi. Vous êtes Antoine? Moi, c'est Alix...
Je lui serre la main.
Une jolie femme.
La trentaine.
Une blonde décolorée, genre club de fitness, dynamique et sympa.
— Enchanté.
— Sophie ne va pas tarder… C'est un peu la panique aujourd'hui... Désolée.
— Ce n'est rien… Je vous en prie.
Alix se détourne de moi.
Je retourne m'asseoir.
Elle se met à hauteur de la petite, pour ajouter:
— Tu fais très attention, ma chérie… Tu fais bien tout ce que je t'ai dit.
— Oui, maman.
La mère pose un baiser sur la tête de sa fille.
La petite est habillée d'une jolie robe vert bouteille sur des collants blancs.
Des ballerines noires aux pieds.
Elle est coiffée et légèrement maquillée.
Coutumière du fait, elle s'approche de l'homme qui l'attendait.
Il la prend par la main.
Guy exhibe son portable.
— Vous connaissez la routine, Michel…
L'homme qui a prévu le coup, sort sa carte d'identité de sa poche.
Il la tient à hauteur de visage.
Guy le photographie avec la petite dans le cadre.
— Pour les consignes…
Guy s'adresse à nous deux.
— Les filles doivent être à la maison avant minuit… Dix heures, de préférence. Évidemment pas de drogues, pas d'alcool ou de cigarettes… Et puis, c'est un rendez-vous galant, si elles disent non, c'est que c'est non… OK?
Je suis tellement sidéré par tout ce que je viens d'entendre que je reste figé dans le marbre.
L'autre pédophile, qui a l'air plus expérimenté que moi, traverse la pièce accompagné de sa petite compagne.
— Amusez-vous bien, ponctue Alix. Bonne soirée!
Toujours la petite à la main et sous l'escorte du père, le Michel en question se dirige vers le vestibule en disant:
— Merci, Alix… Bonne soirée au Lutin.
Tous trois quittent le pavillon.
Alix me sourit de toutes ses dents avant de retourner vers l'arrière de la maison.
Je me retrouve seul, debout comme un imbécile, au milieu du salon.
Le chien continue de grogner furieusement derrière la porte.
Par la baie vitrée, je vois Guy et Michel qui continuent de discuter.
Ils se mettent à rigoler avant de se serrer la main.
Je m'essuie le front de mon mouchoir blanc.
La porte d'entrée s'ouvre et se referme.
Je n'ai pas bougé d'un millimètre.
— C'est à vous la Porsche? me lance le père, en revenant.
— Oui…
— Je savais que j'aurais dû choisir médecine… Mes parents m'ont poussé vers l'informatique.
— Ah bon, c'est marrant... Moi, c'était exactement l'inverse!
C'est ma première blague de la soirée.
Le départ de l'autre salaud me fait du bien.
Guy, décidément bon public, rigole gentiment de ma réplique.
Et du coup, Alix revient dans le salon, comme par enchantement.
— Voici, notre star…
La mère cache une petite forme derrière elle.
Elle s'écarte enfin pour révéler…
Sophie, dans toute sa beauté.
Le temps d'attente était clairement passé à la coiffure et au maquillage.
Sophie ne ressemble pas du tout à son portrait de petite puce.
Elle est moulée dans une petite robe noire qui descend à mi-cuisse.
Des collants brillants noirs, genre Diam's.
Des escarpins noirs à talons aiguilles.
Sur les épaules, un petit blouson de vinyle orange, style Courrèges.
Un sac à main du soir rouge avec pour bandoulière une chaîne dorée.
Elle porte les cheveux tirés en arrière, retenus par deux barrettes.
Son visage de très jeune fille est maquillé comme une adulte.
Rouge à lèvre éclatant.
Fard à paupières rosé, à paillettes dorées, qui met en valeur ses grands yeux brillants.
Par comparaison, la petite sœur faisait enfant.
Sophie est carrément…
Hors catégorie.
Je dois avoir des étoiles dans les yeux.
Je ne sais ni quoi dire, ni quoi faire.
Le moment est comme figé.
Les parents.
Sophie.
Moi.
Nous sommes tous pétrifiés.
Alors, je me lance à l'eau:
— Sophie, tu es vraiment ravissante… C'est un honneur de faire ta connaissance.
J'approche la main.
Elle lève la sienne par réflexe.
J'exécute un baisemain parfait.
Je vois les parents qui échangent une grimace complice.
— Bon, dit Alix… C'est à mon tour d'aller me pomponner. Antoine, Sophie… Passez une bonne soirée.
La mère file d'un pas pressé.
Je reste avec Guy qui m'explique:
— Nous sortons dans notre club libertin… Le Lutin, vous connaissez?
— Non, pas du tout.
— Enfin, s'il y a un problème... Sophie peut nous contacter.
— Il n'y aura pas de problème.
Nous effectuons ensuite le rituel de sécurité.
Je souris pour la photo.
— Bien... Alors faites-bien attention, tous les deux... Antoine, n'oubliez pas les consignes.
— Bien entendu.
Guy nous escorte vers la porte.
Il est visiblement impatient de nous voir partir.
— Bonne soirée.
— Merci, à vous aussi.
La porte se referme dans notre dos.
Sophie n'a pas encore dit un mot.
Nous empruntons le petit chemin.
Avec son mètre quarante, elle m'arrive au milieu du torse.
Elle est extrêmement menue.
Une véritable ligne droite.
Nous approchons de ma voiture garée devant la maison.
J'ouvre la portière côté passager de la Porsche 718 Boxster S.
Prévenant, je laisse Sophie s'installer.
La voiture est basse.
Elle doit tirer sur le bas de sa robe pour l'empêcher de remonter.
Sur le coup, je me demande si tout ceci n'est pas absurde.
Je ferais peut-être mieux de vendre tout ce que je possède.
Quitter le pays à jamais pour devenir un moine tibétain.
Un ermite sur une montagne verglacée.
Et puis, non…
Memento Mori…
Merde, on ne vit qu'une seule fois!
Je fais le tour du véhicule pour m'installer derrière le volant.
Je ne démarre pas immédiatement.
Je me tourne vers Sophie qui est, je dois encore le rappeler, absolument magnifique dans sa tenue de soirée.
Je devrais le lui dire mais j'ai comme un blocage.
Je n'y arrive pas.
Tout ce qui sort de ma bouche, c'est:
— Tout va bien, Sophie?
— Oui.
— C'est pas un peu bizarre de sortir comme ça?
— Comme quoi?
Sophie a une belle petite voix douce.
Bon sang, je craque complètement.
— De sortir le soir, avec quelqu'un comme moi…
— J'ai l'habitude.
— Ah, bon?
— Mes parents préfèrent ça plutôt que de payer pour une baby-sitter.
— Vu comme ça… En effet.
— Alors, on va où... chéri?
Elle me sourit en accentuant le mot chéri.
Je souris en retour.
Elle me fixe comme une grande.
Moi, je suis pétrifié comme un ado qui sort avec une fille pour la première fois.
J'ai besoin d'un moment avant de lui dire:
— J'ai tout un programme pour toi… Mais pour commencer, si on ouvrait le toit?
L'idée lui plaît.
J'enclenche le contact électrique.
Le toit du cabriolet s'ouvre lentement.
Il fait bon ce soir.
La Porsche est bien dessinée pour empêcher les tourbillons de vent dans l'habitacle.
J'appuie sur le démarrage moteur.
Je fais rugir la cylindrée.
L'expression de Sophie me confirme que ça l'enchante.
À mon âge, il ne faut pas avoir peur d'investir dans son bonheur.
Nous roulons en silence, portés par la musique et les lumières de la ville.
J'ai réservé une table dans un restaurant très réputé.
J'ai envie de faire connaissance avec elle.
D'apprendre ce qui la fait vibrer.
Nous arrivons après vingt minutes de conduite tranquille.
Je me gare devant l'entrée.
Je laisse la clé au voiturier.
Je n'ai pas vu la réaction du jeune homme en voyant ma petite Sophie sortir de l'habitacle.
Une fois sur place, je pense tout de même que ce n'était peut-être pas la meilleure idée.
Nous grimpons les marches de l'établissement.
Sophie est à mes côtés.
Je n'ose pas la toucher.
Elle est semblable à un vase de porcelaine précieux.
J'ai peur qu'un rien va la casser.
Nous passons par le vestiaire.
Une jeune femme s'empare du petit blouson orangé de ma compagne.
Elle ne dit rien mais je devine, à son visage glacé, qu'elle n'en pense pas moins.
Nous avançons vers l'entrée.
Le maître d'hôtel qui lui, apparemment, en a vu d'autres, demeure accueillant.
Il nous installe dans un coin sombre de la petite salle.
Le restaurant est huppé.
Du Michelin certifié.
Un lieu élégant, feutré, très agréable pour amener quelqu'un avec qui parler en tête à tête.
Malgré l'heure, quelques tables sont déjà occupées.
Les clients du restaurant nous dévisagent discrètement.
Les bourgeois savent se tenir en bonne société.
Rien ne les choque, jamais…
Et pourtant, j'ai le sentiment de pousser le bouchon un peu loin.
Sophie regarde autour d'elle mais elle n'a pas l'air d'être tellement intéressée par l'endroit.
Le sommelier arrive dans une livrée bordeaux, que je trouve très appropriée pour son métier.
— Bonsoir, monsieur… Mademoiselle… Puis-je vous servir un apéritif?
Le discours du père de Sophie me vient à l'esprit.
J'hésite…
— Qu'est-ce qui te ferait plaisir, Sophie?
Elle n'hésite pas du tout.
— Un Red Bull.
Le sommelier affiche aussitôt une gueule d'enterrement.
— Bonne idée! je déclare, pour me mettre de son côté. Moi aussi… Deux Red Bull, s'il vous plaît.
— Euh… Un instant… Je vais voir si nous en avons… En réserve.
L'homme s'éloigne.
Du coup, je pense à toute cette caféine que je vais ingurgiter et qui va m'empêcher de dormir.
Des fantasmes pédophiles rongent mon esprit.
Sophie, nue sur mon grand lit…
Non, pas la première fois, tout de même!
Je réalise que je ne dis rien.
Silence radio.
Le moment de flottement de la première sortie en couple…
Quelle que soit la femme.
Quel que soit son âge…
J'ai toujours un peu de mal à démarrer.
— T'es déjà venu, ici? je lui demande, à tout hasard.
— Non.
— Ils ont deux étoiles dans le guide Michelin.
Sophie reste de marbre.
Elle s'en fiche royalement.
Je commence à penser que mon numéro d'épate risque de tomber à l'eau.
Heureusement, le sommelier revient avec un plateau d'argent, deux canettes de Red Bull et deux verres remplis de glaçons avec des pailles en verre.
Il effectue le service comme s'il nous servait des liqueurs hors d'âge.
— Merci.
Je regarde autour de nous.
Nos boissons, pour le moins originales, attirent l'attention.
Les couples de retraités nous observent.
Les femmes surtout…
Je réalise que c'est un établissement pour anniversaires de mariage.
On invite madame après vingt-cinq ans de bons et loyaux services.
Ce n'est pas un lieu pour une demoiselle…
Non, pas une demoiselle…
Une enfant!
Bon sang, la femme, en face de moi, a comme des petites épées qui lui sortent des yeux.
Je commence à transpirer.
— À ta santé, Sophie...
Je soulève mon verre qui vient heurter le sien.
J'avale une gorgée de la curieuse boisson jaunâtre.
Sophie ouvre grand les yeux.
Les mains sous la table, elle met la paille dans la bouche.
Elle aspire en se creusant les joues.
Elle regarde vers sa droite en direction de son petit sac à main.
Si elle sort son portable, je suis fichu.
Le maître d'hôtel interrompt mon inquiétude pour nous donner deux grands menus.
Sophie est complètement dissimulée par l'immense carton imprimé.
Je murmure:
— Eh… Eh, Sophie…
Elle écarte son menu pour me regarder.
— Écoute, je crois que j'ai pas bien réfléchi… C'est pas marrant comme resto, ici… Dis-moi plutôt… Qu'est-ce que toi, tu as envie de faire?
L'idée semble la réveiller.
Elle affiche une grimace de réflexion avant de proposer:
— Si on allait en boîte?
J'affiche ma surprise.
— En boîte?! Pour danser? Je ne sais pas s'ils vont te laisser entrer…
— On peut aller au Nuage Rose… Je connais.
— D'accord... Si tu connais.
Aller en boîte…
Cela fait un bon moment que je n'y vais plus.
Ces dernières années, je sortais avec des femmes de quarante ans et plus.
Des femmes qui pensaient surtout à planter un crochet dans ma gorge pour ensuite me plumer comme un gros poulet.
Se tortiller le cul ne les intéressait pas vraiment…
Merde…
Je suis vraiment vieux.
J'ai complètement oublié le dynamisme de la jeunesse.
Une piste de danse allait demander un max d'énergie.
J'avale mon Red Bull d'un trait.
Le maître d'hôtel revient avec son carnet pour la commande.
— Avez-vous choisi?
Il regarde Sophie, bizarrement.
Je n'aime pas sa façon de faire…
Oui, elle a onze ans!
Oui, elle a les épaules nues!
Oui, elle est hyper maquillée!
Et, alors?
Qu'est-ce que ça peut te faire, ducon?
— Pardon, monsieur… Mademoiselle trouve que ça craint à mort, ici… Nous n'allons pas rester!
Le maître d'hôtel est choqué de l'affront.
— Mais… Mais…
Je prends mon portefeuille.
Je sors un billet de cent euros.
— Ça devrait couvrir le service et les boissons… Désolé… Allez, viens Sophie.
Le maître d'hôtel garde le billet à la main pendant que j'aide ma jeune compagne à s'extraire de la banquette.
Je lui prends la taille sous les regards offensés des curieux.
Je guide Sophie jusqu'au vestiaire où nous récupérons son petit blouson.
J'arrose la préposée de vingt euros.
Je donne un autre billet au voiturier.
Dix minutes plus tard, nous roulons à cent kilomètres heure, toit ouvert, en direction du centre-ville.
Pour la première fois de la soirée, Sophie me sourit de bon cœur.
En approche du centre, je pianote sur mon navigateur mais je ne trouve pas d'établissement qui s'appelle le Nuage Rose.
— C'est où exactement cette boîte de nuit?
Sophie est complètement à l'aise à côté de moi.
Simplement heureuse de rouler en cabriolet.
— Tu vois le McDo de la place Jeanne d'Arc? C'est à côté.
— D'accord.
Après quelques minutes, nous sommes au centre-ville.
Je gare la voiture en bordure de la place Jeanne d'Arc.
Dans le dos, nous avons le chantier du nouveau centre commercial dont la construction est arrêtée depuis des mois.
Je repense à Richard qui m'a branché sur les petites pucelles…
— Il faut que tu me guides Sophie… Parce que je ne sais pas où on va.
— Je te montre. Suis-moi...
Je marche dans les pas de la petite fille qui, dans ce quartier commercial urbain, semble être plus à son aise.
— Tu penses qu'ils sont ouverts? Je veux dire, c'est un peu tôt pour une boîte de nuit...
— Oui, oui… Tu vas voir.
Nous passons devant le McDonald's qui, à dix-neuf heures trente, est encore plein à craquer.
J'ai un peu faim mais je ne dis rien.
Nous nous engageons dans la rue du Prince.
Sophie avance silencieusement.
Je la suis tranquillement en admirant son déhanché.
Enfin, sur la droite, nous entrons dans une ruelle plutôt sombre.
Je commence à m'inquiéter.
C'est le genre de venelle qu'utilisent les cuisines des restaurants de la grande place.
Pas mal de grosses poubelles et des sacs plastiques empilés.
— T'es sûre que c'est par là?
— Oui.
Nous arrivons au bout de l'impasse.
Honnêtement, je pense être tombé dans un guet-apens.
Je m'attends à voir bondir deux ou trois loubards décidés à me dépouiller et à me rouer de coups.
Pour me donner une bonne leçon de moralité…
Ben, non!
Sophie s'arrête devant une porte de fer rouillée.
Pas d'enseigne.
Juste un coup de peinture rose au niveau de la vieille gouttière.
Par contre, il y a une sonnette.
Elle est installée à un mètre de hauteur.
Sophie presse le bouton.
J'attends, tout en surveillant nos arrières.
Il fait encore jour mais le coupe-gorge est très, très sombre…
La porte s'ouvre enfin.
Un intérieur bien éclairé.
J'entre, en suivant Sophie de près.
Le vestibule est tout rose.
De la peinture rose du sol au plafond.
Des épais rideaux de velours rose couvrent l'unique passage.
La jeune femme à l'accueil, d'origine asiatique, est vêtue d'une robe rose moulante de style vietnamien, fendue sur les côtés et qui remonte haut sur le cou.
Son rose à lèvres est parfaitement assorti.
Ses escarpins à talons aiguilles sont roses, eux aussi.
Son maquillage, à l'oriental, est accentué de grands traits de crayon noir.
— Bonsoir, nous accueille-t-elle chaleureusement. Tu vas bien, Sophie?
Elles se font la bise.
— Oui, ça va, répond ma compagne.
— C'est qui ton nouvel ami?
— C'est Antoine.
— Bonsoir, Antoine… Bienvenue au Nuage Rose.
Pour l'instant, je ne vois rien.
La seule chose qui évoque une boîte de nuit, c'est la musique sourde qui résonne d'un espace distant.
— Je prends ta veste? demande l'asiate à Sophie.
Elle lui tend son petit blouson de vinyle.
La femme me donne le jeton numéroté de la consigne.
Puis, me fixant, elle me demande:
— Masque et chaise?
— Euh…
Devant mon hésitation, la jeune femme me jauge, avant de dire:
— C'est le moment où vous devez dire... Oui.
— Euh, oui… Alors, deux masques et deux chaises.
La femme sourit.
Elle sait que je n'ai rien compris.
Que c'est ma première fois...
— Une chaise, ça suffit, me sourit-elle. C'est deux cent euros avec le masque.
Deux cent euros l'entrée?!
À ce prix, ça doit être méga-classe...
Mais bon, je réalise que j'entre dans un domaine particulier.
Une petite puce comme Sophie, ce n'est pas pour tout le monde…
Je sors deux billets que je lui tends volontiers.
— Les boissons sont à volonté, me précise-t-elle, en flairant mon radinisme.
— Merci.
Elle prend d'un tiroir dissimulé le masque en question.
Il s'agit d'un simple loup noir, en velours bon marché.
Je le mets.
J'ajuste ma vision.
J'attends la suite mais la jeune femme ajoute simplement:
— La chaise, c'est après… Je vous souhaite, à tous les deux, une bonne soirée.
L'ouvreuse écarte l'épais rideau rose pour nous laisser entrer.
Nous nous retrouvons dans un long couloir de briques éclairé d'ampoules nues.
Tout est peint en rose, plafond et murs.
Le sol a perdu de sa teinte sur la zone de passage mais l'effet demeure étonnant.
Plus on approche du bout, plus la musique est forte.
Le niveau d'excitation chez Sophie augmente à chaque pas.
Finalement, nous débouchons dans la boîte de nuit...
De la musique électronique enveloppe une grande salle sombre.
Seule la piste de danse, légèrement surélevée, est éclairée par le jeu de lumières à dominantes roses.
Deux énormes éléphants roses, fabriqués en papier mâché, crachent, de leurs trompes, une sorte de vapeur qui donne l'effet d'être sur un nuage.
Un homme assez balèze surveille l'entrée.
Lorsqu'il me voit approcher, il prend une chaise en paille de la pile à ses côtés.
Il me la donne à porter.
J'accepte.
J'avance ensuite derrière Sophie dans la semi-obscurité.
Après quelques mètres, je réalise que je suis dans une boîte de nuit…
Pédophile.
Comment vous la décrire?
Commençons par la danse…
Il n'y a que des petites filles sur la piste.
Les plus âgées doivent avoir treize ans.
Les plus petites sont aussi grandes que la sœur de Sophie.
Elles dansent entre elles, comme des grandes.
Musique.
Rythme.
Ça bouge beaucoup.
Elles sont habillées à la mode.
Beaucoup de jupettes avec des collants.
Beaucoup de robes fines.
Des leggings et des crop tops, très colorés et très variés.
Leurs cavaliers, tous des hommes masqués, sont assis sur des chaises en paille autour de la piste.
Nous ne sommes pas trop près les uns des autres mais pas trop loin du spectacle, pour bien voir ce qui s'y passe…
Excitée comme une puce, Sophie me confie son petit sac à main et ses chaussures à talons.
Elle fonce illico vers le nuage pour danser.
Elle connaît quelques habituées.
Elles se font la bise.
Bien vite, au rythme de la techno, Sophie commence à se déhancher.
Je regarde sur la gauche.
Il n'y a pas de bar mais des rangées de grands réfrigérateurs vitrés.
À l'intérieur, des canettes de boissons du genre Coca, Fanta, Red Bull ou Monster.
Pas d'alcool, bien entendu.
Je commence à comprendre l'idée des boissons à volonté.
Alors, pourquoi la chaise en paille?
Je m'assois sur la mienne.
J'observe.
Les hommes, compagnons adultes de ces demoiselles, ont entre trente et soixante-dix ans.
Quelques-uns sont debout mais ils ont tous une chaise en paille.
C'est parce que, voyez-vous...
Les petites, lorsqu'elles ont bien dansé et transpiré, viennent s'asseoir sur leurs genoux.
Le délire!
Je n'ai jamais rien vu de pareil.
Par exemple, le type sur ma droite a une petite de dix ans assise en travers de ses cuisses.
Comme c'est une chaise en paille, il doit assurer le soutien.
Il a la main gauche autour de la taille de l'enfant.
La main droite est posée bien haut sur ses petites jambes potelées.
La petite a un bras autour de son cou.
Je n'en reviens pas!
Dire qu'un lieu pareil existe dans ma ville et que je n'en savais rien.
Sophie revient vers moi en sautillant.
Je suis assis sur ma chaise.
Comme la musique est assourdissante, elle doit s'approcher tout près de moi.
Elle se place entre mes jambes pour me parler à l'oreille.
Je ne l'ai pas encore eu si proche.
Je sens son parfum.
Elle a sa bouche à un centimètre de mon oreille.
Sa chevelure effleure le devant de mon visage.
— C'est chouette, non? me demande-t-elle.
— C'est complètement génial, je lui réponds à l'oreille.
— Tu peux aller nous chercher deux cocas?
— Oui.
Sophie repart en sautillant vers la piste.
Je me dirige vers les réfrigérateurs.
Je prends deux cannettes de Coca-cola et deux pailles roses.
Je retourne sur ma chaise en paille, décidé à me régaler du spectacle.
Tout en sirotant ma boisson, je me divertis de voir Sophie danser.
Elle ne s'est pas enfoncée dans la mêlée des gamines.
Elle reste en bordure.
Elle danse sexy rien que pour moi.
Elle sait bouger.
Les bras.
Les jambes.
Les fesses.
Son corps ondule comme un serpent.
Elle tournoie.
Virevolte.
Sa robe, qui tombe à mi-cuisse, me laisse apprécier ses jambes fines.
Une copine se joint à elle.
Elles dansent ensemble.
Elles se tiennent les mains.
Elles se frottent l'une contre l'autre.
Elles savent qu'elles sont matées.
La salle est chargée d'un érotisme inégalé.
En fait, ce niveau d'énergie sexuelle m'est complètement inconnu.
Pour la première fois avec Sophie, je me mets à bander.
Une vraie barre de fer.
Après un long moment d'hypnose, Sophie revient vers moi.
Elle transpire un peu.
Elle se jette sur sa boisson.
Elle aspire de la paille.
Elle est debout devant moi.
J'ai les mains posées sur le bas de son dos.
Bon sang, je pense à mon érection.
Si elle décide de s'asseoir?
C'est dingue…
De la folie pure!
Non, elle repart danser.
Mais, je n'ai encore rien vu…
Le type masqué à côté de moi embrasse sa petite cavalière.
Pas un petit baiser sur la joue…
Il lui roule une pelle!
Là, devant tout le monde.
Il a la bouche collée à celle de la petite.
Les lèvres sont écartées.
Les langues dansent.
Je les regarde faire.
Non, je n'ose pas…
Bon sang, je ne sais pas comment me comporter.
Avec Sophie qui danse devant moi, j'ai la tête qui tourne.
Je bande.
En même temps, après le Red Bull au restaurant et le Coca, j'ai une grosse envie de pisser.
Je me lève.
Je vois, vers le fond, ce que pourrait être un passage vers les toilettes.
Le sac et les petites chaussures de Sophie à la main, je m'y dirige.
Je ne me suis pas trompé.
Au fond du passage rose, c'est bien les toilettes. Évidemment, ce n'est pas comme ailleurs…
Au bout du couloir, se trouve une grande porte à battants avec écrit, Jeunes Demoiselles, en belles lettres.
Sur la droite, il y a un trou dans un mur de briques, comme s'il avait été cassé au maillet.
Au-dessus d'une flèche, peinte grossièrement, est marquée, Vieux Dégoûtants…
Je passe par le trou parce que je me sens concerné.
Derrière l'ouverture, un petit labyrinthe mène à un mur aligné d'urinoirs.
Le truc particulier c'est que, lorsqu'on pisse…
On peut voir ce qui se passe chez les jeunes demoiselles.
Ma tête, qui dépasse juste au-dessus du mur, donne sur une série de cinq petites toilettes alignées.
Contre le mur mitoyen, des lavabos et des miroirs.
Les fillettes entrent et sortent sans arrêt.
Je peux les voir faire pipi.
Elles viennent s'asseoir.
Elles pissent.
Elles remontent leurs culottes ou leurs collants.
Et, je vous le dis…
Pas toutes se lavent les mains.
Un détail attire néanmoins mon attention.
La plupart des gamines ont un petit bout de caoutchouc rose entre les cuisses.
Je n'ai aucune idée de ce que c'est…
Bon sang!
Pisser avec une érection monstre n'est pas chose aisée.
Comment se décontracter avec toutes ces petites filles à proximité?
Je ferme les yeux.
Je regarde le plafond.
Un type, un peu plus loin sur ma droite, doit avoir le même problème, ça fait des minutes qu'il ne bouge pas.
Finalement, c'est par petites giclées que je parviens à me vider.
Je me rhabille tandis que la petite devant moi s'essuie méticuleusement avec une feuille de papier.
Elle m'a vu la mater.
Elle me sourit.
Merde, je bande à nouveau.
Je m'éloigne en mouillant mon slip.
Je suis la flèche marquée, Sortie…
J'arrive devant un lavabo.
Il y a deux panneaux.
Une flèche marquée, rince-doigts.
Elle pointe vers le lavabo classique avec un robinet à capteur.
Au-dessus, une flèche indique, rince-œil...
À la place du miroir, est monté un stéréoscope de l'ancien temps.
J'y colle mes yeux.
Pendant quelques secondes, je vois un vieux film en noir et blanc qui me semble très ancien.
Une petite fille des années 1900 est assise sur une chaise en paille.
Elle soulève lentement son jupon pour montrer, en un éclair, sa petite vulve enfantine…
C'est tout.
Après, la boucle recommence.
Avec un petit tourbillon au-dessus de ma tête, je retourne vers la salle de danse.
Je suis comme dans un rêve.
En effet, je marche sur un nuage rose.
Et, je me demande bien qui est derrière tout cette organisation.
Existe-t-il un monde parallèle dont je n'avais pas idée?
Je retourne sur ma chaise pour méditer.
Sophie bondit sur moi.
Elle s'est bien éclatée.
Elle passe la main droite à l'arrière de mon cou.
Je comprends qu'elle veut s'asseoir sur mes genoux.
Je la laisse s'installer.
J'ai la main gauche dans son dos en guise de dossier et la main droite sur le bas de sa cuisse.
Je caresse son genou.
Sophie sirote son Coca en regardant les autres danseuses.
Heureusement, je viens d'uriner.
Mon sexe est un peu moins béton.
Et puis, Sophie est assise trop en avant pour le sentir.
J'ai très envie de bouger ma main le long de ses cuisses.
De remonter jusqu'à sa culotte...
Je n'ose pas.
Je suis comme tétanisé.
Terrifié.
Je me retrouve à l'âge de mes propres onze ans, en CM2, quand j'étais invité à un goûter dansant.
Du Coca.
Des chips.
Et des petites filles de mon âge.
J'étais fasciné.
J'étais terrorisé.
Je rêvais de poser mes lèvres contre les leurs.
Mais, j'étais bloqué…
Complètement bloqué.
Cette première sortie avec Sophie, c'est trop…
Trop vite…
Je ne suis pas habitué.
Je ne peux pas bouger.
Je crois qu'elle l'a deviné.
Après un bon quart d'heure sans bouger, elle me parle à l'oreille.
— Tu me ramènes à la maison?
— Pas de problème…
Nous nous levons.
Sophie enfile ses chaussures.
Elle s'empare de son petit sac à main.
Je prends ma chaise de paille que je redonne au préposé qui ne manque pas de me faire un clin d'œil complice.
Je donne mon jeton de consigne à l'ouvreuse.
Nous retrouvons l'air frais.
En sortant, dans le calme de la ruelle vide, mes jambes flageolent.
— Tu viens souvent ici? je lui demande candidement.
— Non, pas tant que ça…
Je n'ose rien ajouter.
Nous retrouvons ma Porsche.
Je sélectionne sur le navigateur l'adresse des parents de Sophie.
Nous reprenons la route.
Au retour, Sophie a sorti son portable.
Elle pianote des textos.
Je devine bien que je l'ai déçue.
Le poids de mes années semble plus lourd encore.
Quand je pense à Sophie et tout ce qu'elle est déjà…
Jeune et libre.
Belle et excitée.
Je ne suis vraiment qu'un vieux con.
Il est neuf heures trente lorsque nous arrivons devant chez elle.
Je me gare.
Je coupe le moteur.
Les mots ne m'ont jamais autant manqué de ma vie.
Sophie range son portable.
Elle ferme son petit sac à main.
Elle se tourne vers moi.
— Merci.
— C'est moi… Je… Merci, Sophie.
Elle me sourit.
Sans bouger.
Sans ciller.
Je la fixe.
— Tu me fais un bisou? me demande-t-elle, très naturellement.
— Oui…
Je m'approche d'elle.
Mon cœur bat hyper fort.
Je m'approche.
Je m'approche encore.
Je vois les petites lèvres de sa bouche.
Je vois ses yeux qui se ferment.
Je pose mes lèvres contre les siennes.
J'écarte à peine mes lèvres lorsque je sens une toute petite langue qui effleure mon entrée.
Je lui laisse un passage.
Une petite langue qui me caresse une fois, deux fois, et qui disparaît…
Sophie s'est reculée.
J'ouvre les yeux.
— Est-ce que je peux te poser une question, Sophie?
— Oui, bien sûr… Tu n'as pas à demander.
— Quand on était au Nuage Rose, je suis allé aux toilettes…
— C'est rigolo, non?
— Oui, mais… J'étais du côté des vieux dégoûtants… Et je… J'ai vu...
— Tu nous as vu faire pipi.
— Oui… Mais, les filles avaient un truc qui dépassait… Un petit truc rose…
— Oui, j'en ai un aussi…
— C'est quoi?
— C'est mon gadget...
— Ton quoi?
— C'est un gadget qui vibre… Tu le commandes avec ton portable.
— Et, tu le mets?
— Dans le vagin… Ce que tu as vu qui dépassait, c'est l'antenne… C'est le pied! Aujourd'hui, toutes les filles en ont un.
— Je ne connaissais pas…
— Je te montrerai… Mais, pas ce soir, OK?
Sophie revient pour un second bisou.
J'adore avoir sa petite langue dans ma bouche.
Celui-ci est plus long.
C'est elle qui brise la magie.
— Bonne nuit, me dit-elle, en ouvrant la portière.
— Bonne nuit, Sophie.
Elle est rapide à quitter la voiture.
La portière se referme.
Je la regarde qui retourne vers sa maison.
Je reste sur place pour m'assurer qu'elle entre chez elle sans danger.
La porte d'entrée se referme.
La lumière s'allume.
Je démarre le moteur.
J'accélère.
Je me retrouve chez moi dans mon fauteuil inclinable avec l'appli ma petite puce devant les yeux.
Je pense à Sophie.
Je ne pense qu'à elle.
J'ai sa photo de profil sous le nez.
Je contemple l'espace à l'écran, pour lui envoyer un message.
Que lui écrire?
Puis, j'ai une idée…
Je tape.
— Dimanche, il y a le nouveau film de Hermine de Malmaison au multiplexe près de chez toi. Moi, j'y vais… Tu veux y aller?
La réponse arrive en moins de deux minutes.
— OK.
— Je passe te prendre à 13 heures?
— OK.
— J'ai très hâte de te revoir... Bonne nuit.
En réponse, Sophie m'envoie un selfie.
Démaquillée, elle est couchée sur le ventre sur son petit lit.
Les lèvres retroussées, elle m'envoie un baiser.
Sous cet angle, je ne vois rien d'explicite mais je sais qu'elle est complètement nue.
Aller au cinéma avec Sophie occupe chaque instant de mes pensées.
Pas la peine d'en faire trop, cette fois-ci.
Je m'habille décontracté.
Une paire de jeans délavés.
Un polo noir.
Un blouson crème léger.
J'arrive devant la maison des parents de Sophie juste quelques minutes après l'heure convenue.
Je ne veux pas aller sonner.
Pas envie de voir la gueule du chien.
Pas envie de voir la tête d'Alix.
Pas envie d'entendre une blague du père.
Je klaxonne deux fois.
J'ai le toit ouvert.
Je laisse le moteur tourner.
Je veux paraître plus à l'aise que vendredi soir.
Pour m'aider, je me suis masturbé avant de venir, en m'aidant du selfie de Sophie.
Sur le cliché, elle remonte ses petits pieds dans le dos.
Ses orteils apparaissent dans le coin.
C'est à vous faire craquer...
De ma vie, un être humain ne m'a jamais fait cet effet.
La voilà!
Sophie sautille vers la voiture.
Elle porte le même petit blouson que la dernière fois mais elle a fermé les boutons.
Dans son dos, un petit sac à dos en vinyle noir brillant.
Elle porte, sur des collants noirs, une jupette à carreaux qui lui arrive au ras des fesses.
Aux pieds, elle a des boots de cuir, à talons.
Sa coiffure est tirée en arrière, retenue par une paire de barrettes Hello-Kitty.
Ce coup-ci, elle ne porte pas de maquillage, ce qui me rassure et la rend moins…
Extra-terrestre.
Je ne lui ouvre pas la portière.
Je la laisse grimper dans l'habitacle de cuir beige.
Je devine que, derrière les fenêtres du pavillon de banlieue, les parents observent.
Si ce n'est pas le cas...
Alors, je me demande vraiment qui sont ces gens.
— Bonjour, Sophie.
— Bonjour.
Elle n'utilise pas mon prénom.
— Tu vas bien?
— Super, et toi?
Elle se penche légèrement vers moi.
Je n'hésite pas.
Je pose mes lèvres contre les siennes.
Rien de plus…
Je la sens reposée.
Dynamique.
J'accélère.
Le moteur nous plaque contre les sièges ce qui la fait un peu rigoler.
Le soleil brille.
J'enfile mes lunettes teintées.
La conduite est aisée.
Le centre commercial est à quinze minutes.
Comme c'est dimanche, il n'y a quasiment personne sur le parking.
Je me gare vers l'entrée.
— T'as faim ou est-ce qu'on va au cinéma directement?
— J'ai super envie de voir le film…
— Alors, allons-y… La première séance va commencer.
Nous avançons vers la grande arche.
Normalement, je devrais lui prendre la main mais, encore une fois, je n'ose pas.
Je la laisse prendre les devants.
Elle connaît le coin.
C'est elle qui me guide vers les salles de cinéma au dernier étage de la galerie marchande.
Debout sur les marches de l'escalier mécanique, je la regarde devant moi.
Elle sait que je la dévore des yeux.
Elle me sourit mais évite un regard trop appuyé.
Devant les caisses électroniques, je nous achète deux tickets pour la séance.
Nous ne sommes pas les seuls.
Produit pour un public féminin, le spectacle attire beaucoup de filles et de femmes des alentours.
Le film est sorti depuis trois jours.
Il s'agit d'un cinéma de nouvelle génération.
C'est extraordinairement plaisant, visuellement.
Des beaux costumes dans une époque imaginaire, proche du Premier Empire ou des romans de Jane Austen.
Les jeunes actrices sont toutes plus belles les unes que les autres.
Elles portent des grandes robes sophistiquées.
Des coiffures fantastiques.
Des ombrelles.
Des gants.
Nous trouvons nos places.
En passant par le comptoir de friandises, Sophie s'est choisi un énorme seau de popcorn et un Coca géant.
Pour rester stimulé, je me contente d'une cannette de Red Bull.
J'aime bien le cinéma.
Bien installé, je pique un peu de popcorn à Sophie en me penchant vers elle.
— Dis voir, juste une question parce que j'étais un peu inquiet… Ta sœur…
— Camille.
— Camille… Elle est bien rentrée vendredi soir?
— Oui.
— Le monsieur qui était avec elle… Tu le connais?
— C'est Michel… Il est OK.
— Bon, ben... Je suis content que tout aille bien.
— Elle te plaît?
— Qui?
— Ma sœur.
— Je ne sais pas.
— Camille fait beaucoup moins de trucs, tu sais…
Au même instant, la salle s'obscurcit.
Je me demande bien ce qu'elle entend par trucs.
Je m'installe pour le film.
Pendant les annonces des spectacles à venir, j'avale un peu de Red Bull en jetant un coup d'œil autour de moi.
Hélas, nous sommes bien encerclés.
Sophie est à ma droite.
À ma gauche, j'ai une femme d'une quarantaine d'années.
Pas mal du tout.
Un peu ronde.
Stylée, banlieue moderne…
Elle me remarque.
Nous échangeons un petit sourire.
À droite de Sophie, c'est un groupe d'anniversaire.
Un père débordé avec quatre fillettes d'environ treize ans, surexcitées.
Bon, voilà ma grande question…
Est-ce que j'effleure Sophie pendant le film ou non?
J'hésite.
Le générique débute enfin.
L'attention féminine culmine.
Ce genre de film est assez bien fait.
En gros, ce sont des femmes extrêmement romantiques qui ne pensent qu'aux sentiments.
Elles habitent de grands manoirs.
Elles font du cheval.
Elles se promènent dans des cadres idylliques.
Les jardins sont extraordinaires.
Les interactions entre demoiselles ont un petit goût saphique.
Beaucoup d'embrassades intenses.
Des dialogues en tête à tête, avec des visages un peu trop rapprochés.
Elles changent sans arrêt de tenues ce qui nous permet de voir des chevilles, des jambes gracieuses et, parfois, quelques centimètres de lingerie intime.
Le vent semble être leur plus grand ennemi.
Il y a aussi des hommes dans cette affaire.
Jeunes ou vieux, ils sont tous, invariablement, fous amoureux de ces demoiselles.
Le genre de noble qui monte à cheval.
Qui porte des chapeaux hauts.
Les pantalons moulants, étroits à la ceinture, suggèrent des anatomies généreuses.
Mais voilà, ces jeunes filles vont les rendre fous d'amour.
Elles ne cèdent jamais.
Elles les traitent comme des moins que rien.
Plus ils souffrent, plus ces demoiselles romantiques s'en réjouissent.
Honnêtement, ce genre de film…
Pour un public masculin…
C'est de la torture.
C'est fait exprès!
Alors, à part la beauté enivrante des jeunes actrices, je ne suis pas vraiment captivé.
J'ai tout loisir d'observer le petit trésor juste à mes côtés.
Sophie est transportée par l'action sur l'écran.
Je le vois à son maintien.
Dos raide.
Genoux serrés.
Yeux rivés.
Ce film, elle le vit.
Chaque blessure de cœur la bouleverse.
Chaque grand sentiment lui arrache de l'émotion.
Elle avale son popcorn presque mécaniquement.
Arrivée à mi-film, Sophie pose la main sur la mienne.
Ses petits doigts, légèrement collants, enserrent les miens.
Sophie se tortille sur son siège.
Elle ne tient pas en place.
J'ai compris…
Elle croise les jambes très fort.
Je devine que son vagin est équipé du jouet sexuel dont elle me parlait.
J'ai fait des recherches sur internet.
Le gadget est un genre de boule de geisha à vibration, rechargeable par USB.
Sophie veut jouir tout en regardant le film.
On n'arrête pas le progrès!
Comme j'ai mon blouson sur les genoux, je le déplace un peu.
Je laisse ma main vagabonder vers Sophie.
Elle est vite entre ses cuisses, dans le creux de ses collants, qui sont absolument à température volcanique.
Elle poursuit ses légères contorsions tandis que je la masse le plus délicatement possible.
Sa main sur la mienne, elle me donne le rythme.
Elle gémit sourdement.
Heureusement pour elle, le film est émotif à souhait.
Les autres spectatrices réagissent vocalement très souvent, ce qui couvre ses petits bruits de gorge appuyés lorsqu'elle orgasme…
Une fois.
Deux fois.
Trois fois.
Personnellement, je n'ai jamais vu ça.
Sophie, une gamine de onze ans, qui orgasme dans un cinéma public avec un gadget sexuel dans le vagin.
Lorsque le générique de fin défile, la salle applaudit.
Je retire ma main de ses cuisses.
Sophie essuie ses larmes de joie d'une main.
Quel spectacle!
Quelle féerie!
Lorsque les lumières reviennent doucement, c'est difficile pour ces dames de revenir sur terre tant elles sont émues.
Sophie se lève finalement.
J'en fais de même.
— C'était vraiment formidable ce film, je déclare, satisfait.
— C'est vrai? Tu as aimé? C'était tellement beau... Tellement romantique… J'étais transportée.
L'ironie n'est pas perdue alors que, vendredi, nous avions passé la soirée au Nuage Rose dans ce qui était, du point de vue romantique, à l'opposé.
— Tu aimerais habiter un grand château, comme ça?
— Oui… Et faire du cheval.
— Si tu veux faire du cheval… Je peux arranger ça… Je connais très bien quelqu'un qui possède un haras.
— Oui, ce serait génial…
Sophie me prend par la main.
— Qu'est-ce qu'on fait? On se prend une glace?
— Je veux un chocolat chaud.
— Une idée brillante!
Tout de suite après, nous sommes installés dans la boutique Ladurée pour continuer dans l'esprit du film.
Nous commandons deux chocolats chauds avec des macarons colorés.
Décidément, les expériences impubères sont riches en calories.
Dès lundi, je compte doubler mon temps passé au club de fitness.
Sophie est encore dans le film.
Je sens qu'elle aimerait parler sur un ton comparable aux longues tirades dialoguées.
Elle essaie de boire comme une jeune duchesse.
Tout à coup loquace, elle me raconte une histoire qu'elle a lue dans un roman similaire.
Sophie raconte comme une fille de onze ans.
Très vite, son intrigue n'a plus ni queue ni tête.
Je veux lui faire plaisir alors je fais semblant de m'y intéresser.
En réalité, je n'écoute pas vraiment…
Je rêve un peu.
J'observe la clientèle autour de nous.
Par un hasard fantastique, à la table vide en face de nous, viennent s'installer une mère et sa fille de seize ans.
Je reconnais la femme assise sur ma gauche au cinéma.
Je ne sais pas pourquoi mais ses airs de salope de banlieue m'énervent.
La fille qui pianote sur son portable a l'allure d'une zombie.
La femme me fixe.
Que veut-elle de moi?
Elle pense que je suis un mari divorcé?
Que Sophie est ma fille?
Que je voudrais sortir avec elle?
Sophie est à mi-phrase, lorsque je la prends par le menton.
Je soulève son petit visage.
Je colle mes lèvres contre les siennes.
Elle ouvre la bouche pour un baiser plus profond.
Après quelques secondes de passion, je m'éloigne.
Je regarde la femme en face de nous qui, ouvrant des grands yeux choqués, se lève brutalement.
Elle prend son plateau et tire sa fille après elle, toujours plongée dans son écran.
— Tu veux faire autre chose ou est-ce que je te ramène?
— Je dois rentrer à la maison parce que j'ai encore mes devoirs à faire…
Poliment, je prends son petit sac à dos.
Je lui tends la main.
Elle l'accepte.
Nous prenons le chemin de la sortie.
Une vingtaine de minutes plus tard, je freine devant chez Sophie.
Ruelle paisible.
Pas un chat dehors.
Je me tourne vers ma petite puce.
— J'ai super envie de faire pipi, gémit-elle en tortillant ses cuisses.
Elle se penche vers moi pour un bisou mais je sens qu'elle a trop envie d'y aller.
— Vas-y… On se rattrapera la prochaine fois.
— C'est juste que…
— Quoi?
— J'ai envie d'une petite robe sexy pour la prochaine fois…
— Ah, bon?
— Tu peux me donner un peu d'argent pour que je l'achète?
— Oui. C'est combien?
— Trois cent… C'est trop?
Je suis un peu étonné par la demande mais j'acquiesce.
Je sors trois cents euros de mon portefeuille.
Sophie les prend avidement.
Elle pose ses petites lèvres une seconde contre les miennes.
— Merci… Bon, là j'y vais sinon je fais pipi partout dans ta voiture.
Elle affiche un petit sourire en coin avant de filer dans l'instant suivant.
Je la vois courir vers la maison.
De retour chez moi, j'envoie un message à Sophie.
Est-ce qu'on sort vendredi?
Sa réponse:
Je ne sais pas. Je dois demander à maman…
La réponse me trouble un peu.
Est-ce que les parents savent ce que font toutes ces petites filles?
Était-ce un plan fric?
Tout ça, juste pour gratter trois cent euros?
Je me sens tellement novice.
Lundi.
La routine reprend.
Le plus embêtant, c'est que je ne reçois plus de messages de Sophie.
Silence complet.
Serait-ce déjà la fin?
Je me pose mille et une questions.
Est-ce Alix qui a mis le stop?
Existe-t-il une autre raison?
Un concurrent?
Je ne veux pas non plus bombarder Sophie de messages.
Après tout, nous sommes encore connectés.
Je laisse un dernier message laconique.
Arrive vendredi et rien n'a évolué.
Je ne comprends plus.
Pas de réponses à mes invitations.
Tout allait pourtant si bien.
Un peu désespéré…
Le moral chutant…
Je ne sais pas quoi faire.
Je décide d'aller boire un coup dans mon bar habituel.
Les terrains familiers me font toujours du bien.
Je me retrouve au bar du Roi des Aulnes à siroter un gin-tonic.
Les femmes qui m'entourent ne m'intéressent pas.
Je pense sans arrêt à Sophie.
Tout ce qui me reste d'elle c'est le selfie où elle est couchée sur son lit.
J'ai besoin d'en parler à quelqu'un.
Je me demande si Richard est encore en ville.
J'ai lu que l'affaire douteuse de la construction du centre commercial avait escaladé.
De nouveaux politiques impliqués.
De nouveaux montants de corruption active.
J'envoie un texto à Richard pour voir s'il a envie de boire un coup avec moi.
Je suis content lorsqu'il me répond qu'il passera dans une heure.
L'attente est un peu longue.
Mais je tiens le coup en observant la faune de mon siège haut perché.
Les jeunes femmes tourbillonnent.
L'endroit se remplit.
J'ai de la compagnie.
Une femme d'une trentaine d'années boit un cocktail sur le tabouret à ma droite.
Elle est assez classe…
Jolie.
Probablement une employée d'une start-up du quartier.
Je vais être franc.
J'apprécie les femmes divorcées, surtout celles de banlieue.
Par contre, je déteste les jeunes diplômées célibataires.
Pour un vieux lion comme moi, c'est le genre de gazelle impossible à attraper.
— Ça n'a pas l'air d'aller, me dit-elle pour entamer la conversation.
— Non, pas fort du tout… Je suis venu ici pour me remonter le moral.
— Problème de boulot ou problème de cœur?
— De cœur, bien évidemment…
— L'océan est plein de poissons… Ou, comme on dit plus généralement, une de perdue…
— Oui, mais Sophie… Elle n'était pas comme les autres, vous comprenez.
— Personne n'est comme les autres… C'est justement la beauté de l'être humain. Pas de copies… Que des originaux… À moins qu'ils se mettent à nous cloner comme dans le Meilleur des Mondes.
Cette jeune femme apprécie la littérature.
Je me suis peut-être trompé.
— C'est difficile d'oublier, je me lamente un peu lourdement.
La femme se penche vers moi.
— C'est très facile… En réalité, il faut tout de suite oublier. Tout effacer, le plus rapidement possible… C'est un exercice important, surtout dans ce monde où toutes ces données inutiles s'accumulent dans nos téléphones… Par exemple, est-ce que vous avez une photo de cette personne?
— Oui, regardez…
Pour ma défense, j'admets que j'ai un peu bu…
Je ne pense pas clairement sur le moment.
Je lui colle le selfie de Sophie sous le nez.
La jeune femme est tellement choquée qu'elle me balance le fond de son verre au visage.
Elle se lève brutalement.
Elle part à la recherche d'un coin moins toxique.
Au même moment, j'entends des grands rires dans mon dos.
Richard me tape à l'épaule.
— Tu sais t'y prendre toi…
— Oui, je suis un vrai con… Merde, je suis trempé maintenant… Où elle est passée, cette connasse?
— Elle parle avec le patron… Qu'est-ce que tu lui as fait?
— Ben, rien… Je lui montrais une photo de Sophie.
Comme elle est encore sur l'écran de mon portable, je la lui montre.
— Non, mais t'es con! Allez viens, on se casse… On n'est pas dans le bon endroit pour parler de ça.
Je dépose un billet devant mon verre.
Je me lève.
Nous sommes rapidement dehors à l'air frais.
— T'as ta voiture? me demande Richard.
— Non, jamais le vendredi parce que c'est le soir où je bois de l'alcool…
— On se prend un Uber.
Nous attendons à peine trois minutes.
Une voiture anonyme vient nous chercher.
C'est Richard qui l'a commandé.
Je n'ai aucune idée où il m'emmène.
Je me contente de tendre le devant de ma chemise afin qu'elle sèche un peu plus vite.
Heureusement, le gin ça ne tache pas trop.
Quelle salope, tout de même…
Nous grimpons à bord de la Prius noire.
— Où est-ce qu'on va?
— Tu vas adorer… Je te laisse la surprise. Mais, dis-moi… Ça n'a pas l'air d'aller fort.
— Je vais te raconter mais j'ai besoin d'un verre… Et toi, t'en es où?
— Ça s'arrange… On va pouvoir reprendre les travaux. Un financement alternatif est arrivé. Des nouveaux investisseurs et une nouvelle banque...
— Et ton client?
— Il s'est tiré une balle dans la tête ce qui a vraiment aidé les choses.
— Vrai?! C'est fou, ça…
— Tu joues, tu gagnes… Tu joues, tu perds. C'est mieux ainsi, crois-moi
— Je ne te savais pas si cynique.
— Ce n'est pas une question de cynisme, c'est une question de réalisme… Nous ne sommes pas sur terre pour nous encombrer les uns les autres. Parfois, il faut apprendre à laisser la place… Tiens, on y est déjà.
Richard règle la course avec son appli.
Nous descendons du véhicule.
Nous sommes au pied d'un immeuble de bureaux du centre.
Je me laisse guider.
L'entrée est classique.
Du carrelage poli.
Un peu d'habillage de marbre aux murs.
Un rangée d'ascenseurs.
Nous entrons dans le premier.
Plutôt que d'appuyer sur un numéro, Richard sort une carte métallique de son portefeuille.
Il la pose contre un lecteur, placé sous les touches.
Les portes de l'ascenseur se referment.
Nous montons dans les étages.
— La carte, c'est justement mon client qui me l'a laissée… Tu me diras, c'était peut-être une affaire de cœur… Il faisait partie du club, lui aussi.
Richard me sourit en affichant un sourire carnassier.
Je vérifie mon allure dans le miroir.
Ma chemise est à peu près sèche.
Pas de traces sur mon costume gris foncé.
Tout va bien.
— Si tu veux tout savoir, précise Richard. Il s'agit d'un étage invisible. T'as pas de bouton pour y arriver. Tu ne peux accéder que si tu as la carte magique.
— Un club privé?
— Très privé.
— Comment il s'appelle?
— Le Lapin Bleu.
La porte de l'ascenseur s'ouvre.
Nous arrivons dans ce qui a tout l'air d'être un bar de bon niveau.
L'ambiance est sombre et feutrée.
Les vitres sont teintées.
Les lumières de la ville distante sont très faibles, juste des points étoilés.
Je dois admettre que ça fait beaucoup d'effet.
Les petites tables, encerclées de fauteuils de cuir, ont une lumière bleue foncée, ce qui donne une teinte particulière à l'espace entier.
Richard me guide à travers le dédale.
Je vois des hommes en costumes sombres qui discutent à voix basse en buvant de l'alcool.
Pour le moment, rien de particulier.
Richard nous trouve une table en bordure d'une fenêtre de plein pied.
L'ambiance est un peu irréelle.
— C'est pas mal comme endroit… C'est marrant que je ne connaissais pas.
— Attends, tu n'as encore rien vu.
J'ai le nez dans la carte des boissons.
Une liste de marques d'alcool et de cocktails classiques.
La serveuse approche.
J'ai envie d'un peu de whisky.
Un Whisky Sour, pour me remonter après mes déboires.
Je lève le nez et, là, c'est le premier choc.
La serveuse est vêtue à la manière des lapins des anciens clubs Playboy.
Talons hauts.
Bas résilles noirs.
Petite tenue moulante bleue satinée.
Oreilles de lapin sur la tête.
Le truc c'est que la fille n'a plus plus que treize ans.
— Bonsoir messieurs, qu'est-ce que je vous sers?
Elle est hyper mignonne avec des taches de rousseur sur les joues et le nez.
Richard m'a emmené dans un bar pédophile.
— Qu'est-ce que tu prends? me demande mon vieux copain.
— Un Whisky Sour, je dis en déglutissant.
— Deux, s'il te plaît, ma petite chérie… Et des cacahuètes…
— C'est noté.
La petite serveuse nous sourit avant de se diriger vers le bar distant.
Elle a des petites fesses délicieuses avec un petit pompon blanc au beau milieu.
Les talons aiguilles lui donnent une démarche chaloupée particulièrement sexy.
— Alors, ça te plaît? se moque Richard. Ne réponds pas… Je sais que c'est oui.
— C'est dingue… Toutes les serveuses…
— Ont moins de treize ans…
Je regarde autour de nous.
L'ambiance est sombre mais, en effet, je vois les autres filles travailler.
La plus jeune doit avoir la taille de Sophie.
Je me demande si ma petite puce est déjà venue ici.
Richard attend nos boissons avant de me laisser raconter.
La serveuse revient avec les verres qu'elle dépose sur des petites serviettes à cocktail avec le logo du club imprimé.
Il représente le personnage Miffy, en bleu, sous le nom de l'établissement.
La table étant très basse, la gamine doit se pencher loin en avant, ce qui nous permet de voir dans son décolleté.
Elle ne porte pas de soutien-gorge.
Le pli de son vêtement béant montre une paire de seins juvéniles.
Elle recommence sa gymnastique à chaque objet qu'elle dépose un verre sur la table.
Le spectacle est très apprécié.
Une fois la petite serveuse partie, Richard lève son verre.
Nous trinquons.
J'entame mon récit.
Je lui raconte tous les détails de mes deux sorties avec Sophie.
— Oui, ça peut arriver, commente-t-il en se frottant le menton. T'as pas couché?
— Avec Sophie? Non… Tu déconnes.
— T'as même pas essayé?
— Non.
— Tu t'y es super mal pris.. Je crois que t'as pas bien compris.
— Compris, quoi?
— L'appli Ma Petite Puce… C'est pareil que du Tinder… Les filles comme Sophie veulent le grand jeu.
— Elles veulent quoi?
— Elles sont comme des femmes d'aujourd'hui, tu vois… Juste le format est plus petit… Mais, c'est pas différent… Une femme sur Tinder, elle veut un bon moment… Physiquement… Pas nécessairement une relation, à long terme… C'est un moment en couple… Donc, ça implique des activités de couple… Je ne dis pas qu'il faille coucher la première fois mais au moins, essayer… Lui dire clairement que c'est ça que tu veux.
— Mais, Sophie est si jeune…
— Tu dois te décider, mon vieux… Est-ce que tu fais partie du club ou pas?
— Et toi? Tu fais comment?
— Moi, j'y vais… Et, le plus fou, c'est qu'elles n'attendent que ça… Elles veulent la même expérience que leurs mères. Elles veulent être nues dans ton lit. Elles veulent jouir… Parce que c'est là qu'elles trouvent leur véritable pouvoir.
— T'as raison, je ne suis peut-être pas prêt…
— Ce n'est pas un monde à part… Les règles sont les mêmes… Par exemple, ce bar ici… C'est pas parce que les serveuses sont des gamines que tu vas leur mettre la main au cul… Tu fais ça et le videur va te briser pas mal de doigts. Et en plus, tu seras banni à vie. Avec une petite fille comme maîtresse, tu dois te comporter comme dans la vraie vie… Commencer par une séduction et ensuite foncer.
— Coucher?
— Coucher, c'est le but… La marque de l'intimité… Mais, ça ne va pas se passer en claquant des doigts… Comme n'importe quelle femme… Avant de coucher, tu dois séduire. L'amuser. Lui parler de choses qu'elle ne connaît pas. Tu dois la traiter comme une vraie femme… Tu dois aussi clairement montrer que t'es intéressé… Des petits gestes affectueux… Des caresses… Elle doit sentir que tu la désires, sans arrêt… Elle ne doit pas te faire peur. Au contraire, c'est toi qui la diriges…
Je ne sais pas si c'est le discours de mon vieux copain ou l'effet de l'alcool mais j'ai la tête qui tourne.
Un léger brouhaha distant attire mon attention.
Des rideaux viennent de s'ouvrir sur une petite scène éclairée par des projecteurs blancs.
Au centre, le spectacle commence…
La chanson, Désenchantée de Mylène Farmer.
L'orchestration est très différente.
On dirait un vieux morceau jazz des années trente.
La bande musicale vient de hauts parleurs mais le chant est en live.
La chanteuse doit avoir une douzaine d'années.
Elle est habillée d'une grande robe assez particulière.
Elle a une petite voix d'enfant, assez fluette, mais charmante qui va bien avec le texte.
Je pense que c'est juste ça le spectacle.
Erreur…
Après la première strophe, la fillette commence à onduler puis à danser.
Au moment du couplet, elle tire sur une manche de son habit qui se détache.
Mon cœur vacille.
Ce n'est pas qu'une chanson, c'est un striptease.
Tout en chantant, tout en dansant, la gamine retire des pans de son costume.
Après les manches, vient la jupe.
Puis, le jupon.
Les applaudissements commencent à fuser.
Elle ne porte plus que des porte-jarretelles.
Une culotte bien haute.
Enfin, le bustier tombe.
Nous découvrons sa petite poitrine.
Puis, c'est la culotte.
Finalement, il ne lui reste que ses bas et ses talons aiguilles.
Elle nous présente son intimité, écartant sa petite fente lisse lorsqu'elle tournoie de façon extrêmement provocante.
Le galbe de ses petites fesses…
À la fin de la chanson, qui a été orchestrée pour durer un peu plus longtemps que l'original, le rideau retombe.
Gros applaudissements de la salle.
Un retour de la petite pour saluer une deuxième fois, en provoquant de plus belle.
Rideaux.
Le bar retrouve son ambiance feutrée.
Richard me regarde.
J'ai la mâchoire qui pendouille comme le loup de Tex Avery.
— Mon vieux, je t'envie, déclare Richard en levant son verre.
— Tu m'envies?
— Tu habites dans la ville la plus pédophile de France… Et moi, putain… Je dois rentrer à Paris.
J'arrive chez moi un peu saoul.
On a bu encore un verre.
Grand seigneur, c'est Richard qui a payé.
J'ai jeté un coup d'œil sur l'addition, c'était pas donné.
En plus, il a ajouté cinquante euros de pourboire pour la petite serveuse.
La pédophilie, ce n'est vraiment pas pour monsieur tout-le-monde.
Enfin, comme disait la nana au bar plus tôt…
Il y a plein de poissons dans l'océan, des grands merlus et surtout des petites sardines.
Je démarre l'appli Ma Petite Puce.
Surprise!
J'ai reçu un selfie de Sophie.
Elle est habillée des petites choses qu'elle s'est achetées vendredi, après l'école.
Ce n'est pas une robe sexy mais des sous-vêtements érotiques.
Sophie est à genoux sur son lit dans une pose hyper suggestive.
Elle porte un babydoll transparent sur un ensemble de lingerie affriolante.
Elle tient ses cheveux relevés et tend les lèvres comme pour m'embrasser…
J'ai aussitôt envie de sortir ma queue pour me masturber.
Mais, ce n'est pas fini…
Sophie me demande de venir chez elle demain samedi, à dix-huit heures…
Ses parents organisent un barbecue.
Elle a très envie de me montrer sa petite chambre et sa collection de peluches…
Je suis hyper excité.
Ce coup-ci, je suis convaincu qu'on va…