La fête se déroule dans un vieux manoir du XVIIe, transformé pour accueillir les noces en tous genres.
Ce sont mes parents qui payent toutes les factures alors ils peuvent bien faire ce qu'ils veulent.
Ils ont décidé pour les invités.
La totale.
Un retour pour toutes les invitations reçues au fil des années.
Le thème du décor est, bien évidemment, l'automobile.
Vous avez peut-être remarqué une allitération avec nos prénoms.
Arnaud et Aline.
A et A.
C'est aussi, la Automobile Association d’Angleterre, dont on emprunte l’ancien logo, celui avec les ailes, et qu'on colle partout.
Tous les amis de la famille, qui en ont les moyens, défilent en voiture de collection.
Un de nos grossistes est venu dans une Facel Vega de 1961.
Un vrai bijou.
Pour voiturer les jeunes mariés entre l'église de la ville et le manoir de campagne, mon père a loué une Rolls-Royce Silver Shadow, avec chauffeur en uniforme.
Avec ma redingote et mon chapeau haut, j'ai l'air d'un milord.
Je n'ai jamais été aussi beau.
Après la sortie de l'église, sous les pétales de roses…
Après le lancer du bouquet sur le parvis…
Nous roulons en tête d'un long cortège automobile.
Un vrai concours d'élégance à travers notre ville, à tel point que les passants forment des haies pour nous regarder passer.
Avec Aline, nous ne nous sommes presque pas parlés.
J'essaie de deviner ses sentiments.
Ma femme est absolument radieuse.
Elle sourit, en saluant les curieux comme une princesse royale d'Angleterre.
— Ça va ?
— Je n'ai jamais été aussi heureuse de ma vie, me dit-elle.
Si c'est ça, alors…
Je suis comblé.
La fête c'est un peu le clash entre deux milieux.
Les commerçants bourgeois d'un côté et les ringards de la périphérie de l'autre.
Cela fait du monde…
Du bruit.
De l'agitation.
Je suis très inquiet pour Aline.
Étrangère.
Seule.
Enceinte jusqu'au nez.
Je suis vite happé par mes vieux copains d'école qui n'arrêtent pas de me charrier.
À leurs yeux, je ne suis qu'un gros salaud qui se tape une mineure et qui la met en cloque.
Ils trinquent à ma santé.
Je bois avec eux au son de leurs rires grivois.
Ils sont jaloux.
Ils sont vulgaires.
Ils sont éméchés.
Ils veulent des détails du minou d'Aline.
Ils ont fait un pari.
Brune?
Vraie blonde?
Ou, mieux encore…
Épilée?
Je joue le rôle du preux chevalier.
Je joue à l'offensé.
Et chacun d'y aller de ses aventures à l'époque du lycée.
C'était qui la plus jeune?
La plus délurée?
La plus salope?
Ils sont tous d'accord pour dire que, vu ma timidité d'autrefois à aller plus loin, je cachais bien mon jeu…
Je suis le plus grand des enculés.
Dans la foule du buffet sauvage, je cherche ma femme.
Envolée.
Si je demande à quelqu'un, je me fais encore charrier.
Dans le groupe des commerçants, c'est l'histoire de l'orpheline fugueuse qui accroche.
C'est noble de ma part de la sortir du caniveau.
De lui offrir une seconde chance.
Il y a tellement de jeunes perdus.
Et chacun d'y aller, devant mon nez, de son anecdote pédophile, réelle ou fausse.
Quelle société affreuse!
On sodomise des fillettes sur Internet.
Un monde de vicieux!
Enfin, on y peut rien. C'est comme ça, que voulez-vous…
Il faut se faire une raison.
Puis, de rigoler aussitôt d'une blague dans le même esprit qui met en scène Monsieur le Curé.
Plus les heures s'écoulent, plus je vole sur un nuage alcoolisé.
Toujours pas d'Aline.
La blague, avec la famille, est toujours la même.
Vu l'état de ma femme, je dois pas être pressé pour la nuit de noces.
— T'as neuf mois d'avance, mon salaud!
— Si le bébé sort aujourd'hui, on va l'appeler Marion!
Si seulement, ils savaient…
La nuit tombe sur le manoir.
La fête devient de plus en plus sauvage, comme chargée par un courant électrique survolté.
C'est le moment de couper le gâteau.
Et là, miracle!
Aline est de retour, à mes côtés.
Je suis inquiet pour elle.
Elle me montre son visage.
Il est radieux.
Incandescent.
Je ne l'ai jamais vue dans un tel état de joie.
D'euphorie, presque…
La foule l'adore aussi.
Les cris fusent lorsque, posant sa main droite sur la mienne, elle m'aide à entamer l'immense pièce montée.
J'entends quelques commentaires grivois, vite couverts par la sono du DJ.
On va danser.
Je me tourne vers ma femme pour l'inviter.
Elle a déjà filé.
De toute façon, après, c'est carrément l'anarchie…
C'est à tel point, que je me demande si tous ces gens vont pouvoir rentrer chez eux, bourrés comme ils sont.
J'imagine des masses de carambolages.
Des cadavres partout.
La danse est du genre Rave Party démente à vous rendre sourd.
Dans un coin, je vois mes cousins aligner des rails de cocaïne.
Je leur demande s'ils ont vu ma femme? Ils éclatent de rire en se tapant les coudes.
Que des tocards!
Je ne sais plus comment j'ai fait mais je me retrouve, à minuit, ivre, à l'arrière de la Rolls-Royce.
C'est incroyable! Aline est avec moi…
Aussi pimpante que devant l'autel de l'église.
La chauffeur, qui a tombé la veste, claque la portière.
Il nous conduit vers le Grand Hôtel.
J'ouvre un peu la fenêtre.
L'air frais de la nuit me fait du bien.
J'ai mal au cœur mais je parviens à refouler ma nausée.
— Tu n'as pas trop bu? je lui demande, inquiet.
— Pas une goutte.
— Tu dois être vannée… Je ne sais pas si c'est bien toute cette agitation pour le bébé.
— Ne te tracasse pas… Tout va bien.
Elle passe les mains sur son ventre rebondi.
Les feux des véhicules, roulant en sens contraire, illuminent son visage.
Elle est belle.
Je l'aime.
Ma femme pour toute la vie.
La chambre nuptiale est magnifique.
Spacieuse, luxueuse et calme.
J'ai encore le bourdonnement de la musique techno dans les oreilles.
Je titube vers le seau à champagne.
Je décide de prendre les choses en main.
Après tout, c'est le grand moment…
Je nous verse deux coupes.
Aline est allongée en travers du grand lit.
Appuyée sur un coude, elle m'observe de ses beaux yeux bleus, si profonds.
Je lui tends un verre mais elle le refuse d'un geste.
Du coup, j'ai l'air bête avec deux verres à la main.
— Assieds-toi, mon chéri.
Je m'approche du lit mais elle précise :
— Non, pas sur le lit… Sur la chaise, là… S'il te plaît.
J'hésite.
Je vois la chaise.
Je pose les verres sur la table mitoyenne.
Je retrouve un peu de clarté mentale pour écouter le discours qui va transformer ma vie.
— Ça y est, c'est fait, mon petit chéri. Nous sommes mariés. Tu dois être content. Nous sommes dans notre chambre d'hôtel… Tous les deux, pour notre nuit de noces. Et toi, tu n'as qu'une idée en tête, celle de me baiser. C'est ça, hein? Baiser ta femme… Tu attends ça, depuis… Depuis longtemps, je sais… Mais, je vais te dire un truc, mon chéri. Écoute-moi bien… Jamais! Tu ne vas jamais… Jamais coucher avec moi!
Le ton de sa voix est autoritaire et glacé.
Mes sens se vrillent à entendre cet ordre, qu'inconsciemment, j'ai toujours deviné.
Elle est la seule à parler.
— Tu es un pauvre type, tu sais… Un vrai minable. Le pire des minables, avec ta petite queue toute ridicule.
Aline rigole, cruellement.
— Je l'ai vue, tu sais… Quand tu prenais ta douche… J'ai ouvert un peu la porte… Je voulais voir… Et, c'était exactement ce que je suspectais…
Elle écarte ses doigts pour me montrer, figurativement, la taille minime de mon sexe.
— Non, mais t'es vraiment trop, toi… Imaginer qu'une petite bite comme ça allait me satisfaire… T'es vraiment un minable, tu sais… Et crois moi, quand je l'ai vue ça m'a fait super rigoler… Ce que tu es minable, c'est insensé. Le pauvre type qui s'imaginait qu'il allait m'avoir… Qu'il allait remonter ma robe de mariée…
Aline joint les gestes à la parole.
Tout en gardant ses souliers, elle remonte le pan de sa grande robe pour révéler ses bas blancs, son porte-jarretelles et sa culotte de soie.
Elle rigole de plus belle.
— Tu pensais vraiment que c'était à toi, tout ça? Mais, mon pauvre minable, tu n'es pas un homme… Tu ne le seras jamais. Avec ta toute petite bite ridicule…
Nouveau rire, appuyé. Elle couvre sa bouche de sa main libre, dans ce petit geste qui la caractérise tant.
— T'es trop drôle, tu sais… Regarde bien ma culotte, c'est tout ce que tu vas voir ce soir…
D'un doigt, Aline tire sur le bord pour révéler, pendant une fraction de seconde, son intimité.
— Ça suffit, petit dégoûtant… Ta maman t'a pas dit que c'était pas bien de regarder?
Nouveaux rires appuyés.
— Moi, je crois que tu n'en as jamais vu, pour de vrai… Regarde mon gros ventre, c'est pas toi qu'a fait ça… Non, t'es trop minable pour me faire un enfant… Celui qui m'a fait ça, c'est un vrai homme… Il n'a pas demandé. C'est pas un minable, comme toi, avec une petite queue… T'es ridicule, tu sais… T'es vraiment un pauvre type… Lui, c'est un vrai mec. Il s'est planté au fond de moi avec sa queue énorme et il a vidé ses grosses couilles dans ma chatte… C'était bon, t'as pas idée… Il y en avait tellement que ça débordait… J'ai mis le doigt pour goûter sa crème… Un vrai délice. Regarde mon ventre, tout rond… Dedans, il y a une petite fille qui attend de naître… Pas ta fille… Ma fille! Elle est à moi, toute à moi… Elle est belle parce que le père c'est un homme, lui… Pas comme toi, pauvre cloche… T'es trop minable pour ça… Mais… Quoi… Tu pleures, maintenant?
Mes émotions ne peuvent plus être contrôlées.
En effet, je pleure à chaudes larmes.
— Tu pleures? Tu pleures comme un petit garçon… Tu vas aller pleurer à ta maman… Tu vas tout lui raconter, en suçant ton petit pouce… Tu vas dire comment je te traite… Parce que tu es un minable et surtout parce que tu as un minuscule petit kiki, de tout petit garçon.
Nouveaux rires cruels d'Aline, qui ajoute la mimique enfantine de se frotter les yeux.
— Tiens… Je vais raconter ça à tous tes vieux copains… Vous aviez l'air de bien rigoler… De quoi vous avez parlé? Je sais… De moi… De mes seins pleins de lait… De mon gros ventre… Ou plutôt de ma chatte…
Aline frotte sa culotte de soie.
Je devine, à peine, le trait de son intimité.
J’essuie mes larmes d'un revers de manche pour ne rien manquer.
Je réalise que, depuis qu'elle parle, mon sexe bande comme jamais.
Je baisse le nez.
Aline lit dans mes pensées comme à livre ouvert.
— Tout ce que je viens de te dire, ça te fait bander… T'es vraiment un moins que rien, mon pauvre… Un minable… Un sous-homme… Attends, je vais te montrer.
Dans un mouvement fluide, Aline est debout.
Tout en gardant les pans de sa robe levés, elle s'avance vers mon fauteuil.
Elle lève son pied droit qui vient se poser sur mon entrejambe.
Elle appuie sur mon sexe de tout son poids.
— Voilà ce que j'en fais de ta petite queue ridicule… Je l'écrase comme j'écrase une merde.
Faisant osciller son pied de gauche à droite, elle tire de moi un cri, à la fois de douleur et d'extase.
Sous le choc de l'expérience, je ne peux pas m'empêcher d'éjaculer dans mon slip.
Elle lit ma honte sur mon visage et conclut d'un:
— C'est ça minable… Éjaculateur précoce avec ta petite bite nullissime… C'est tout ce que tu auras ce soir.
Elle repose le pied à terre et laisse retomber le pan de sa robe.
— Maintenant, tu peux réfléchir à tout ça…
Ma femme avance vers la porte de la chambre.
— Tu… Tu vas où? je lui demande.
— Mais, voyons, chéri… As-tu oublié que c'est ma nuit de noces?
Elle quitte la chambre dans un tourbillon de rires féroces.
Je reste seul avec mes blessures morales.
Je ne sais plus quoi faire.
Je ne sais plus où je suis.
Je jette un regard circulaire à la chambre impeccable, préparée avec soins pour un couple de jeunes mariés.
Je défais ma ceinture.
Je baisse mon pantalon.
Je retire mon slip pour révéler mon entrejambe pathétique.
Le peu de sperme que j'ai éjaculé couvre le bout de mon petit sexe encore dur.
Je prends ma verge entre mon pouce et mon index.
Je commence à me caresser en revivant, en esprit, la scène délicieusement provocante que je viens de vivre.