Le dimanche arrivé, l'idée de la veille a germé.
Pour mieux y penser, je m'occupe les mains.
J'ai toujours tout fait dans la maison.
L'entretien et le jardin.
Le ménage et le linge.
Chez nous, Aline était occupée avec le bébé.
Je m'occupais de tout le reste.
D'un naturel rangé, je préfère un intérieur impeccable.
Comme je travaille six jours par semaine, jusqu'à dix-neuf heures, il ne me reste que les soirées et les dimanches.
Heureusement, j'ai une routine quotidienne.
Je suis récompensé par le ménage, occasionnel, de la chambre de ma femme et la lessive de ses dessous intimes.
Aline sait que je me masturbe dans ses petites culottes sales avant de les jeter dans le lave-linge.
Elle s'est suffisamment moquée de moi, à ce sujet…
Que voulez-vous, je ne peux pas m'en passer.
Sauf que, maintenant, elle n'est plus là pour me rabaisser.
Après ma crise morale alcoolisée, notre maison a besoin de retrouver son cachet.
Je lave et je range, tout en échafaudant mon nouveau plan de vie.
Zoé déboule du premier étage, vers dix heures trente du matin.
J'en profite pour boire un café avec elle, en feuilletant des magazines automobiles.
La Porsche d'Aline étant complètement détruite, je compte la remplacer par un modèle qui plaira à ma fille.
Je mets en évidence un coupé sport japonais, bien rouge.
Je pense que ce modèle pourrait l'intéresser.
Rien de tel qu'une voiture dans le garage pour se motiver à passer le permis.
De bonne humeur, Zoé me salue en posant une bise contre ma joue.
Geste qu'elle ne faisait pas trop souvent lorsque ma femme était dans les parages.
Et puis, elle semble plus décontractée que d'habitude.
Elle est descendue en portant le peignoir d'Aline.
En dessous, juste un débardeur à fines épaulettes et une petite culotte très basse à la taille.
Elle aussi, trouve un nouvel espace de liberté.
La table est préparée.
J'ai découpé des fruits en lamelles.
Tout est arrangé pour la satisfaire.
Après un moment, le temps d'avaler un peu de café, j'attaque la partie:
— Tu sais, Zoé… J'ai réfléchi. Dis-moi ce que tu en penses, mais… Ce serait bête de mettre en stockage ou de jeter tous les habits d'Aline… De maman, je veux dire… Tu pourrais les garder pour toi… Beaucoup sont quasiment neufs. Mais, du coup, je pensais à ta chambre, qui est petite. Alors, ce n'est pas la peine de tout déplacer… Tu devrais prendre la grande chambre avec le grand lit. Et puis, tu peux utiliser ta chambre actuelle pour stocker les vêtements en trop… En faire un immense placard… Tu vois ce que je veux dire?
— Tu vas dormir où?
— Te tracasse pas pour moi… J'ai mon coin.
L'idée est bonne.
Le visage de Zoé s'illumine.
La première phase de mon plan va se réaliser.
Puis, d'un coup, comme pour confirmer sa satisfaction tout en exprimant sa joie, elle bondit vers moi et colle spontanément ses lèvres contre les miennes.
— Tu es le meilleur des papas!
Je rougis.
Je suis ému.
Je ne sais pas quoi répondre.
Reprenant mon souffle, j'ajoute, en plongeant mon nez dans mon magazine auto:
— C'est vraiment gentil de dire ça… Au fait, tu es toujours d'accord pour une petite leçon de conduite cet après-midi?
Elle ne me répond pas, trop occupée à pianoter sur son smartphone.
Sa copine doit être informée.
Le petit-déjeuner terminé, Zoé fonce dans sa nouvelle chambre.
Elle a de quoi s'occuper.
Murielle viendra sûrement l'aider.
Après avoir débarrassé la table, je termine mon ménage.
Une fois satisfait, je descends au sous-sol, le domaine des hommes.
Derrière l'escalier, se trouve la buanderie.
Lave-linge, séchoir et rangements.
J'ai fait installer une douche en plus du petit lavabo et des toilettes.
Sur la gauche, c'est l'accès au garage pour nos deux voitures.
Sur la droite, c'est une pièce de stockage où je range mes outils et quelques jouets pour adultes dont je pensais, autrefois, me faire un passe-temps.
Avions de modélisme.
Maquettes.
Tout un bric-à-brac d'objets inusités.
Entre ces deux espaces, c'est la chaufferie.
On y accède par une porte de fer.
En entrant, on voit la chaudière, la tuyauterie et un pan de la cuve à mazout qui est enterrée.
Dans une alcôve, derrière un mur de brique, dans un endroit prévu pour stocker des bouteilles ou des accessoires, se trouve mon coin…
Mon coin, à moi.
C'est spartiate, je sais…
Un lit de camp avec un sac de couchage.
Deux crochets au mur.
Un petit lavabo dans le coin.
C'est là que je dors depuis que je suis marié.
La grande chambre à coucher à l'étage est une illusion.
En temps normal, je n'ai pas le droit d'y mettre les pieds.
Je dors sur ce petit lit, dans l'étouffoir de notre chaufferie.
Une pièce sans fenêtres.
Sans confort.
Mais, derrière l'épaisse porte de fer, que je peux fermer de l'intérieur, je suis tranquille.
Personne ne vient m'embêter.
Nous avons acheté la maison trois mois après notre mariage.
C'est Aline qui l'a trouvé.
Bon quartier.
Bonnes écoles.
Beau jardin.
Le prix était complètement hors de mon budget mais, en grattant ici et là, avec pas mal d'aides parentales, c'était possible.
Le crédit est lourd.
Dix-sept ans après, il n'est toujours pas payé.
Aline était folle de joie.
Elle avait organisé toute la décoration.
La cuisine-aménagée.
Le salon.
La salle à manger.
La véranda.
Puis à l'étage, la chambre d'amis, la chambre pour le bébé et la grande chambre des parents.
Enfin, du parent unique…
Puisque je n'ai pas le droit d'y dormir.
J'ai juste le droit à la buanderie pour me laver.
Pour me reposer, j'ai mon petit coin.
Je ne peux pas me plaindre.
L'illusion fonctionne.
Mes parents, lors de rares visites, ne se doutent de rien.
J'ai alors le droit de dormir sur un matelas gonflable aux pieds du lit de ma femme.
Ce que j'adorais…
Ma routine quotidienne.
Je me lève le premier.
J'enfile mes habits de la veille.
Je prends ma voiture dans le garage.
Je roule jusqu'à l’Autoplus.
Je suis le premier arrivé.
J'ouvre la boutique.
J'enfile ma combinaison de travail.
J'avale un beignet.
Je bois un café avec l'équipe qui commence, petit à petit, à arriver.
Je bosse.
J'ai la pause du midi pour m'alimenter.
Je bosse encore toute la journée, jusqu'à la fermeture.
Je rentre chez moi.
Je prends une douche.
J'enfile les habits frais qui me serviront le lendemain.
Si elles ne sont pas occupées ailleurs, je mange avec Aline et Zoé.
C'est moi qui prépare le dîner.
Après, j'attaque ma routine de ménage…
Je sors les poubelles.
Puis, quand c'est terminé, je regarde un peu la télé.
Si un passant nous observait de l'extérieur, il ne trouverait rien à redire.
L'illusion d'un couple ordinaire.
La famille moderne.
Mais, au moment d'aller me coucher, je descends au sous-sol en cachette.
Dans le petit coin de ma chaufferie…
J'y cache mes secrets.
Le plus précieux est un disque vidéo, au format DVD.
Je le visionne très souvent.
Il est rangé dans sa pochette de protection, derrière une des briques du mur.
La planque parfaite…
Personne ne pourra jamais le trouver.
Je n'ai pas vu mon DVD depuis la mort d'Aline.
Je suis, aujourd'hui, très excité en le prenant.
Je retire mes habits que je suspends aux crochets.
Je me couche nu, sur le sac de couchage étalé.
J'utilise, pour le visionner, un vieil ordinateur portable avec un lecteur intégré.
Rien de super mais je m'en fiche.
La résolution du film n'est pas très bonne.
Qualité VHS, si vous avez le souvenir des vieilles cassettes…
Je glisse le disque dans la fente.
Le spectacle peut commencer.
L'image est tout d'abord floue puis, lentement, elle devient nette.
C'est le visage d'Aline qui, de toute sa beauté, sourit à la caméra.
Elle reste là, à l'écran, un bon moment.
Ensuite, la caméra zoom arrière.
Aline est allongée sur le dos sur un genre de fauteuil incliné.
Elle porte sa robe de mariée.
Son ventre de femme enceinte est proéminent.
Le plan est large.
On voit qu'elle a les jambes écartées.
Elle ne porte pas de culotte, juste son porte-jarretelles et ses bas.
Elle caresse sa chatte.
Je bande déjà mais je veux profiter du spectacle.
Je ne veux pas éjaculer trop vite.
Heureusement, j'ai l'habitude.
Ce petit film, je l'ai vu des centaines de fois.
J'en connais chaque détail…
Aline tourne le visage vers la gauche.
Un homme nu, qui bande assez mollement, entre dans le champ.
On ne voit pas encore son visage.
Il tient dans la main un papier qu'il montre en avançant vers la caméra.
C'est d'abord flou, puis on peut lire sur le carton imprimé:
Vous êtes convié à un Bukkake avec la mariée.
(si vous ne savez pas ce que c'est, c'est pas la peine de venir)
À partir de minuit, au Lutin des Bois.
Une adresse, en bordure de notre ville.
La date de notre mariage.
L'homme jette l'invitation au sol.
Il va être le premier.
S'approchant d'Aline, son visage entre furtivement dans le champ de la caméra.
Le chauffeur de notre Rolls.
C'est quoi un Bukkake?
C'est une orgie sexuelle.
Une orgie de l'éjaculation et du sperme.
L'orifice privilégié, ce soir là, est la bouche de ma femme.
Ils défilent tous.
Pas des hommes…
Mais, des sexes d'hommes.
Des dizaines et des dizaines de queues.
Souvent, trois ou quatre à la fois.
Le but du jeu est de se branler et d'éjaculer dans la bouche ou sur le visage de ma femme.
Aline y met tout son entrain.
Une bite dans chaque main, elle suce qui est le plus proche, sans discriminations.
Certains bandent durs.
D'autres plus mous.
Peu importe…
L’important c'est de décharger sur elle.
La caméra est constamment en plan rapproché.
Ce qui compte, c'est de voir le sperme jaillir des queues des invités.
Couler sur son visage.
Ces invités…
Qui sont-ils?
Des inconnus ou les invités masculins de notre mariage?
Mes vieux copains?
Les fournisseurs d'Autoplus?
Les membres de ma famille?
Qui a distribué ces invitations?
Le chauffeur?
Ou bien Aline, elle-même, pendant la noce?
Les sexes sont partout.
Sur le bout des lèvres ou au fond de la gorge.
Le sperme dégouline dans ses cheveux, le long de son cou et au fond de sa bouche.
Aline n'a pas peur d'avaler.
Parfois, trouvant une seconde de répit, elle expose sa bouche à la caméra, pleine d'une décharge particulièrement épaisse.
Elle avale goulûment avant de recommencer.
Le film, sans coupures, dure cinquante-deux minutes.
Soixante-cinq hommes éjaculent sur Aline.
Je les ai comptés.
Certains très vite, d'autres ont besoin de plus de temps.
Enfin, c'est le moment du grand final…
Des mains féminines s'activent autour d'Aline.
Elles l'aident à lui retirer sa robe.
Elle se retrouve en soutien-gorge et en lingerie fine.
La caméra recule.
Les bites molles l'encerclent au son d'encouragements.
Le dos d'un homme, assez épais, entre dans le champ.
Aline est fixée sur lui.
Elle écarte ses jambes.
La caméra s'approche très près pour montrer la pénétration.
La queue très épaisse de l'homme entre en elle profondément.
La foule invisible éclate de joie.
L'homme commence à pomper ma femme avec force.
Il se fiche de son état.
Il se fiche de sa grossesse.
Il se fiche de son âge.
Il accélère.
Il accélère.
Puis, dans un dernier effort, laisse échapper un puissant râle.
Il se retire aussitôt.
La caméra approche en gros plan.
Une quantité impressionnante de sperme coule entre les jambes d'Aline.
La caméra remonte vers le visage de ma femme.
Elle regarde dans l'objectif comme si elle regardait au fond de mon âme, puis, après un petit rire moqueur, ajoute:
— C'est ton cadeau de mariage, mon chéri.
Je décharge.
Après toutes ces longues minutes de Bukkake, c'est le moment d'éjaculer.
Pas pour les coulées de sperme…
Pas pour la baise…
Pas pour le gâteau à la crème du final.
Je jouis quand Aline me parle.
Quand elle me dit:
— C'est ton cadeau de mariage, mon chéri.
Le DVD, je le reçois par la poste, environ deux semaines après notre union.
Une enveloppe rembourrée, anonyme…
Le cadeau secret de ma femme, rien que pour moi.
Le meilleur, c'est qu'elle partage maintenant ma vie au quotidien.
Dans notre maison.
Sur le canapé.
Dans la véranda.
Elle s'active comme une jeune femme ordinaire.
Si des gens nous rendent visite ou si nous sommes invités chez eux, elle joue une comédie brillante.
Elle m'appelle, mon chéri.
Elle effleure ma main.
Elle présente toutes mes qualités de mari.
Travailleur.
Gentil.
Attentionné…
Et moi, je leur dis que, de toutes les femmes au monde, j'ai rencontré la plus belle.
La plus intelligente.
La plus généreuse.