Passant les vitesses à la perfection, Philippe conduit avec dynamisme et précision.
Je déduis assez rapidement que nous roulons vers Paris.
Il y a encore pas mal de circulation mais la Lancia louvoie entre les véhicules plus sages.
Je m'inquiète de la destination.
Allons-nous chez lui?
Dans un hôtel louche qu'il fréquente?
Mathilde a-t-elle une relation incestueuse avec son demi-frère?
Va-t-il poser la main sur mon genou comme l'inconnu du cinéma?
Autant de questions folles, d'angoisses et de mystères.
Que faire d'autre que de se laisser voiturer en silence?
Nous arrivons dans le sixième arrondissement de la capitale.
Philippe trouve une place étroite pour se garer.
Chevalier servant, il fait le tour de la voiture pour m'ouvrir la portière.
Il m'aide de la main à quitter le véhicule.
Ce n'est pas un hôtel glauque que nous approchons mais une boîte à jazz.
Une entrée assez anodine avec juste le nom de l'établissement, Au Diable Noir.
Sur le mur, un diable en néon rouge avec des cornes pointues et une queue fourchue souffle dans une trompette.
Sur la porte peinte d’un vernis noir, une plaque de cuivre lustrée prévient qu'il s'agit d'un Club Privé.
Je ne connais pas ce lieu.
Mathilde ne m'en a jamais parlé.
Philippe sonne.
Un œil apparaît brièvement derrière le judas.
La lourde porte s'ouvre.
Une jeune femme époustouflante de beauté, moulée dans une petite robe noire qui ne dissimule presque rien, nous accueille dans le vestibule.
Elle affiche un visage enjoué.
Un sourire radieux.
Une saveur exotique.
Peut-être, le Brésil…
— Bonsoir, Philippe.
— Bonsoir quelqu'un, répond Philippe, d'une voix trop basse pour que je saisisse le prénom.
Ils se font la bise.
Je reste en retrait.
S'approchant de moi, souriante de ses mille dents, la femme me fait la bise aussi.
— Bonsoir, Mathilde, dit-elle avec un léger accent.
— Bonsoir, je réponds, neutre.
Philippe m'aide à me débarrasser de mon manteau que la jeune femme prend dans ses bras.
— À tout de suite, ajoute-t-elle, de sa voix sulfureuse.
Philippe lui répond d'un signe de la tête.
Il m'invite à passer devant.
Je m'engage dans un escalier étroit en colimaçon.
En bas des marches, je découvre une grande cave voûtée sombre.
Une ancienne cave à vin ou à champignons transformée, comme bien d'autres dans le quartier, en temple du jazz.
Sur la petite scène du fond, un trio de musiciens noirs jouent un bœuf en sourdine sans amplification.
Autour, des petites tables.
La plupart sont occupées par des couples ou des habitués mélomanes solitaires.
Sur chacune des tables, une bougie rouge se consume.
J'hésite à me diriger.
Philippe prend les devants.
Je le suis.
Nous arrivons devant une alcôve fermée par un cordon.
Philippe l'ouvre.
Nous nous glissons derrière la petite table fixée au sol sur une banquette de velours rouge.
La jeune femme de l'entrée arrive comme par enchantement.
Équipée d'un long briquet, elle allume la bougie devant nous.
L'endroit est si sombre que je distingue à peine ses traits.
— Qu'est-ce que je vous sers? demande-t-elle, en me fixant.
— Comme d'habitude… Merci, ma chérie, répond Philippe, avec nonchalance.
Allongeant son bras droit sur le haut du dossier arrondi, il porte son attention vers les musiciens.
C'est donc ça qu'il aime.
Le jazz…
Les caves sombres.
L'ambiance de la nuit.
Dans son élément, Philippe me rappelle Boris Vian, fou de jazz et malade des lettres.
Un provocateur qui se fichait de tout.
Du coup, je pense qu'il y a certainement plus à ce personnage qu'un simple fiscaliste, analyste rasoir de comptes financiers.
Philippe ne parle toujours pas.
J'en profite pour observer les autres clients moins bien dissimulés que nous le sommes.
Des parisiens chics.
Des intellectuels érudits.
Des grands diplômés.
Peu de femmes…
Un lieu réservé aux passionnés.
Un lieu où on écoute véritablement la musique.
La chérie revient avec sur son plateau deux petits verres et une bouteille dont le col dépasse d'un seau à glace.
Elle dépose un godet devant chacun de nous.
Usant d'une serviette blanche pour ne pas se geler les mains, elle remplit nos verres à ras.
Sans voir l'étiquette, je devine que c'est de la vodka.
Une vodka sirupeuse sortie tout droit d'un congélateur.
Elle repose la bouteille au fond de la glace.
Son service terminé, la jeune femme s'éloigne après nous avoir gratifiés d'un:
— Bonne soirée, vous deux.
Philippe s'empare de son verre.
Cette fois-ci, il se tourne vers moi.
Je soulève le mien pour trinquer.
Imitant un accent russe, il me salue d'un:
— Tovarich.
Ne sachant pas ce que je dois ajouter ou dire, j'avale le shot d'un trait.
Philippe fait de même.
La vodka glacée sur mon estomac vide a l'effet d'un coup de poing violent.
Mon cœur s'emballe.
Mon pouls accélère.
Dans ma tête, je ne pense qu'à une chose.
Ne rien dire…
Ne rien montrer.
Rester froide.
Demeurer aussi glacée que la bouteille dans le seau.
Satisfait, Philippe croise ses mains devant lui.
Puis, me fixant dans les yeux, il me demande:
— C'est quoi ton plan?
— Quel plan?
— Écoute, Mathilde… Ce soir, avec papa… C'était du grandiose… Je n'avais encore jamais vu ça. Je veux dire, ta performance était digne du César de la meilleure actrice de l'année. Même moi, j'avoue, j'étais un peu bouleversé… C'est pour te dire… Et puis, ces larmes… C'était quoi, ça ? Tu t’es entraînée devant un miroir, tout l'après-midi ?
Je rougis en pensant à mon passe-temps.
— Non, c'était sincère, je lui dis, en me reprenant.
— À d'autres, dit-il, en ricanant.
Mes joues continuent de rougir sous l'effet de l'alcool.
Philippe nous ressert deux verres.
L’interrogatoire…
Je suis une prisonnière politique qu'on va faire parler à coup de vodka.
Comment lui dire que je ne sais rien du tout?
Je ne connais rien des plans de Mathilde.
Par contre, j’admets être l'espionne du siècle, cachée dans le corps de sa demi-sœur.
Le deuxième verre cul-sec a l'effet inverse du premier.
Il dénoue la tension nerveuse qui ne m'a pas quitté.
Le jazz commence à entrer dans mes oreilles.
J'aime bien ce style musical même si je n'en écoute presque plus jamais.
Mathilde non plus, d'ailleurs.
Pas à la maison, en tout cas.
Le jazz est une musique qui réchauffe.
Dans cette cave étouffante, antichambre du brasier parisien, les notes de jazz sont des petites flammes qui vous lèchent le corps entier.
Ce n'est pas divin, c'est diabolique.
— Bon, je recommence, Mathilde. Clap… Prise deux… Moteur.
Philippe claque dans ses mains pour simuler un tournage de cinéma.
Son geste me fait sursauter.
— C'est quoi ton plan, Mathilde? insiste-t-il. À quoi tu joues?
Je reste muette.
Je ne le regarde même pas.
— Écoute, Mathilde… On se dit tout, depuis toujours… Tu sais que tu peux compter sur moi. Je suis un tombeau. Tu le sais, ça.
Silence complet de ma part.
— Je sens qu'il s'est passé un truc à la GBF… Et pas ce truc humiliant de l’autre jour… Même si, franchement, je ne vois pas pourquoi t'as fait ça. Je sais bien que chez toi tout a un sens… Rien n'est au hasard. Chaque parole… Chaque geste est calculé… Je sais que t'es après quelque chose… Je ne sais vraiment pas ce que c'est.
— Je…
— Quoi? Dis-le-moi.
— Je ne sais pas ce que tu dis. Je n'ai pas de plan.
Mon refus de répondre le fait réagir d'une grimace frustrée.
Une émotion.
Une première, pour lui…
— Ne joue pas à ça, Mathilde… Tu sais que je suis avec toi… Je suis ton…
Philippe ne termine pas sa phrase.
Il cesse de me fixer.
— Et puis ton con de mari, qu'est-ce qu'il lui arrive? On ne le reconnaît plus.
— Julien?
Du coup, c'est moi qui le regarde.
Le sujet m'intéresse.
— Oui, Julien… L'espèce de lopette que t'as épousée pour emmerder papa.
— Lo… Lopette, c'est… C'est un peu fort, non?
— J'ai dit lopette pour ne pas répéter tes expressions préférées. Mais, on s'en fout de lui… À moins que… Vous faites un coup, à deux? C'est ça? Non… Pas possible avec un con pareil… Je ne le crois pas. Là, Mathilde, tu me fais avancer dans le noir complet. Et, tu sais que je n'aime pas ça.
— Tu ne peux pas tout savoir.
Il se tourne vers moi.
Nos yeux se croisent.
— Ben si, justement… Je sais toujours tout. Mais là, tu vois… Si d'un coup, je suis dans le noir, ça ne veut dire qu'une seule chose… C'est que je suis, d'une manière ou d'une autre, de la partie, moi aussi… Soit en tant que pion… Soit en tant que cible… Et ça, ma petite chérie… J'aime pas du tout.
Qu'est-ce qu'ils ont tous à m'appeler ma petite chérie, tout le temps?
— T'es pas dans le coup, je lui réponds calmement.
— Alors, dis moi! Parle… Bon sang de bois, c'est moi, là, devant toi.
Philippe est complètement énervé.
Je ne l'ai jamais vu aussi excité.
Je tourne la tête vers les musiciens pour l’ignorer.
Réalisant que son emportement ne mène à rien, il nous sert un troisième verre.
Je crains que, à compter de celui-ci, je vais craquer.
Je vais tout avouer.
Philippe change subitement de visage.
Il exhibe un sourire apaisé avant d'élever son verre pour trinquer.
— Tovarich.
— Tovarich, je réponds en l'imitant.
Il fronce des sourcils, à peine un millimètre.
Il avale son verre d'un trait.
Je fais de même.
— Allez, viens…
Son bras s'étend dans ma direction.
Il m'invite à me rapprocher de lui.
J'hésite un court instant.
Me remémorant mon mantra féminin, j'accepte de me pelotonner contre lui.
J'ai le creux de mon cou contre son bras musclé.
Nous sommes semblables à un couple ordinaire, venu écouter de la musique.
Déjà éméchée, je ferme les yeux pour me laisser bercer par l'étrange atmosphère.
Cette étrange présence à mes côtés.
Cet étrange rapport qui nous lie.
Dans la peau de Julien, je ne suis rien pour lui.
Insignifiant.
Moins que rien…
Je repasse son descriptif en boucle.
Lopette…
Lopette…
Sa lopette…
C'est la salope qui pète!
Mon gloussement spontané trouble Philippe.
Il me regarde un court instant mais n'ajoute rien.
Mathilde m'a donc épousé pour emmerder son père.
La vérité, tombée de la bouche même du consigliere.
Pourquoi voulait-elle emmerder le paternel à ce point?
Parce qu'il voulait qu'elle en épouse un autre?
Un homme qu'elle n'aimait pas?
Et si elle ne m'aimait pas plus que ça, pourquoi ne pas accepter cet autre candidat?
Dans son jeu, je suis moi aussi un pion qu’elle bouge sur l'échiquier.
Un simple pion noir…
Insignifiant.
Tandis que dans mon dos, des pièces plus puissantes préparent leurs mouvements.
Je suis encore en jeu mais pas pour longtemps.
Et lui, Philippe, quelle pièce représente-t-il?
Probablement un cavalier qui se déplace de façon unique.
Qui saute par-dessus les autres…
Qui frappe sans qu'on puisse le voir arriver.
Si tout ceci n'est qu'une partie d'échecs contre qui jouons-nous?
Quel est le but de l'infernale partie?
Quel est l'enjeu?
Quel est le plan?
Philippe me serre un peu plus fort.
Je crains qu'il veuille glisser sa main libre sous la table pour me caresser le genou.
Il ne la bouge pas.
Il a la bouche à quelques centimètres de mon oreille.
Il murmure:
— Tu te souviens, quand tu étais petite fille et que tu m'expliquais ce que tu voulais faire… Ce que tu voulais devenir… Et moi, je t'écoutais sans trop y croire… Tu te souviens?
Je ne réponds pas parce que je ne sais rien de tout ça.
Je ne connais pas ma femme.
Nous n'avons jamais partagé un véritable moment d'intimité.
Nous ne nous sommes jamais enlacés après l'amour.
Pour parler…
Pour révéler nos plus grands secrets.
Mathilde est une horloge.
Une face qui cache une mécanique d'une complexité inégalée.
Une suite de complications.
— Et le marabout? T'es retournée le voir?
— Le quoi? je demande, subitement réveillée.
— Le marabout… Tu sais… Le black de Malakoff.
— Euh, non… Non.
— C'est bien ce que je pensais… De toute façon, tous ces trucs là… Il faut d'abord y croire avant que ça marche… Et toi, ma petite chérie… Tu n'as jamais cru en rien.
Son bras caresse le mien.
Il ajoute au creux de mon oreille:
— Sauf à l'argent, bien entendu.
Nous demeurons dans cette position encore une bonne demi-heure.
Le temps d'écouter une jeune femme noire qui chante du blues américain.
Malgré mon anglais médiocre, je saisis l'allégorie de sa dernière chanson.
Le diable qui, après une séance occulte, entre dans le corps d'une femme pour y semer l'anarchie.
Le déclic…
Je comprends à ce moment précis que toute cette transmutation impossible est le produit d'une magie noire.
Je suis la poupée vaudou dans laquelle on plante des aiguilles.
Je suis la victime.
C'est Mathilde qui a commandé l'enchantement.
Mathilde qui tire les ficelles.
Mathilde qui se promène impunément dans mon corps de nègre blanc.
— Allez, je te ramène, me dit Philippe, finalement.
Nous laissons tout en plan.
Il n'y a même pas d'addition à régler.
En haut de l'escalier, Philippe s'éclipse une minute.
Il revient avec mon manteau qu'il m'aide à enfiler.
— Ça m'a fait plaisir de revenir ici avec toi, me dit-il. Ça faisait trop longtemps…
Se penchant en avant, il pose un baiser sur mes lèvres.
Il m’ouvre la porte du club.
Le froid de la nuit m’assaille.
Je passe des délices de l'enfer à la froideur glacée de la réalité.
Je marche en titubant légèrement.
Je suis ivre mais pas assez pour le laisser paraître.
Lorsque nous retournons à sa voiture, je suis effrayée.
Philippe a bu autant que moi.
Compte-t-il me ramener jusqu'à Louveciennes dans son état?
De la folie…
Trois verres de vodka pure.
S'il est contrôlé, c'est…
La prison?
Je ne dis rien.
Il m'ouvre la portière.
Je m'installe sur le siège de cuir rouge.
Il vient ensuite se caler derrière le volant.
Il enfile calmement ses gants de conduite.
Il tourne la clé de contact au tableau de bord en bois précieux.
Le moteur démarre au quart de tour.
Philippe me dépose chez moi avec la même sobriété qu'à l'aller.
Lorsque je passe la porte d'entrée, il est plus tard que je ne pensais.
La musique classique tonitruante ne signale qu'une seule chose.
Julien est de retour.
Va-t-il me questionner?
Va-t-il me gifler une seconde fois?
Me violer?
Me tuer pour de bon?
Je suis ivre…
Je suis terrifiée.
Je suis surtout confuse après tout ce qui vient de se passer.
Julien avance vers moi d'un pas léger.
Il a défait sa cravate.
Il a défait les trois premiers boutons de sa chemise.
Je devine sa toison pectorale noire et virile.
— Ma chérie… Où est-ce que t'étais? me demande-t-il, sur un ton presque hilare. Nous étions tous super inquiets. Tu devrais appeler tes parents pour les rassurer.
— Ce ne sont pas mes parents, je réponds sèchement, cherchant à projeter un maximum d'aplomb.
— Bon, je leur ferais un texto… T'étais où?
J'ai envie de tout raconter.
Chaque mot.
Chaque geste.
Chaque détail.
Je veux surtout lui dire que je sais.
Je sais qu'il a tout manigancé.
Il est allé voir un marabout à Malakoff pour me jeter un sort.
Prendre mon corps pendant…
Pendant combien de temps?
Un mois?
Un an?
Une vie?
— J'étais… J'étais dans un bar de Saint-Germain.
— Saint-Germain-en-Laye?
— Oui, c'est ça, je mens.
— Comment t'as fait?
— En sortant de la maison du Vésinet, j'ai fait du stop… Un mec s'est arrêté. Il m'a payé des coups à boire dans un café devant le Château.
— Un mec?
— Oui, un mec… Au hasard… Le genre de mec avec qui tu peux bavarder… Un peu flirter… Pour voir, si ça colle.
Julien m'agrippe par le bras.
Il me tire rudement.
— Et, ça a collé?
Son emprise me fait mal.
Je sens mon corps flancher.
Je me débats mollement.
— T'es complètement pétée, dis moi, s'amuse-t-il. Viens, t'asseoir…
Je m'installe sur le canapé.
— Et toi, qu'est-ce que t'as fait? je lui demande. T'étais pas mal entouré à la soirée.
— Je me suis super bien marré… Y'avait quelques vieilles copines de classe… Des filles de Jeanne d'Arc et de Saint-É qui ont épousé des clients à papa… À ton père, je voulais dire… Bref, elles étaient prêtes à tout me raconter sur Mathilde… J'ai eu le droit aux quatre vérités. C'était pas triste, crois-moi.
— Qu'est-ce que t'as appris?
— Ben, tu sais… La vérité, quoi… De me voir humiliée en public, comme t'as fait au boulot… C'est super pour délier les langues… Là, je dois te remercier pour ça. Chapeau…
— De rien.
— Et puis, tu l'as peut-être vue, la brune mignonne… Aurélie… C'était ma meilleure amie du primaire. Eh bien, j'ai pas hésité… Avec un petit coup dans l'aile, je l'ai emmenée dans ta chambre à l’étage. Entre les peluches et les vieilles poupées, j'ai pris un de ces pieds à la baiser. C'était magique…
Magique?
Ma femme qui baise son ancienne copine de classe.
Alors que la copine pense se venger de toutes les vacheries des années passées.
— T'as baisé une femme que tu connaissais quand t'étais enfant?
— Et toi, à Saint-Germain… Tu t'es pas privée, non? Tu t'es tapé deux mecs en même temps?
Je rougis de honte.
— Ben non, tu vois, je réponds, avec un début de fermeté. Nous, on est pas comme ça.
— Nous?
— Euh…
Je dis vraiment n'importe quoi.
— Tu parles des femmes, là? C'est ça? Ah, ma vieille… Tu me fais marrer comme t'as pas idée. Allons, ma petite chérie, ne sois pas si collet monté. Vis un peu, toi aussi… Profite… C'est pas dit que ça va durer, tu sais.
— Quoi? Qu'est-ce qui ne va pas durer?
Julien se corrige en précisant.
— Ben… Je veux dire, la vie… On ne vit qu'une seule fois… Autant en profiter.