Après une soirée pareille, après une baise pareille, je me réveille le lendemain, fourbu.
Il est midi passé.
La moitié du dimanche est déjà envolée.
Je remarque que j’ai dormi nu ce qui ne m’est pas arrivé depuis ma jeunesse.
Je soulève un peu le drap.
Julie est nue, elle aussi.
Nous nous sommes écroulés, sans prendre le soin de nous préparer pour la nuit.
J’ai la bouche affreusement pâteuse.
Titubant jusqu’à la salle de bain, je m’occupe de ma vessie.
J’enfile ensuite ma robe de chambre.
Encore un peu chancelant, je me dirige vers la cuisine.
Le salon est dans le même désordre que la veille.
Nos habits jonchent le sol.
La culotte de Julie trône au centre de la table basse.
Bon sang, dire qu’il y a peu, je me creusais la tête pour mettre la main sur une seule.
À présent, je n’ai qu’à me baisser pour les récolter.
C’est alors que la mémoire me revient.
Dans la poche de mon pantalon, se trouve la seconde petite culotte de Chloé.
Heureusement que je m'en souviens parce que, quand Julie va se mettre à ranger nos habits sales, elle va forcément retourner mes poches et la trouver.
Je me hâte de la glisser dans un petit sachet en plastique et de la ranger dans sa cachette.
Une catastrophe évitée de justesse!
Dans la cuisine, j’avale un grand verre d’eau.
Je chasse le souvenir érotique de la veille.
Je n’ai pas envie de penser à ça.
Je n’ai pas envie de bander.
Je veux bouger.
Prendre l’air.
Respirer.
N’étant pas du genre à faire un footing, je pense immédiatement à mon activité préférée.
Donner un coup à ma C5.
À coucher dehors sur le parking, elle en a toujours besoin.
Pendant que Julie dort encore, je prends une douche rapide.
Je me brosse les dents.
Je me passe un coup de rasoir.
J’enfile un survêtement sportif.
Je descends dans la cour.
Le dimanche autour de midi, il n’y a jamais personne pour m’embêter.
Je prends le seau du coffre.
Je le remplis au robinet de l’immeuble.
Puis, peau de chamois en main, j’attaque selon ma méthode habituelle.
Du haut vers le bas.
D’abord, le toit, les vitres et le capot avant.
Ensuite, le tour de la carrosserie, bas de caisse et jantes en dernier.
Dans l’accomplissement d’une activité mécanique, je réfléchis mieux.
Je peux mettre en conjonction les événements des semaines passées.
Le mystère demeure entier.
Julie, ma femme Julie, n’est plus la même.
On me l’a changée.
On me l’a transformée.
Non…
On me l’a métamorphosée.
Et, je sais qui c’est…
Ce on, c’est Valérie, notre voisine de palier.
Mais, tout de même…
Comment a-t-elle fait?
Comment peut-on changer à ce point?
J’ai toujours entendu dire que les gens ne changeaient jamais.
J’imagine alors le premier jour où Julie, après son travail, parcourt le nouvel espace commercial du centre-ville.
Elle entre dans la boutique Marionnaud.
Valérie est occupée à ordonner un rayon.
― Bonjour.
― Ah, bonjour… Comment allez-vous?
― Très bien, merci.
― C’est Julie, je crois.
― En effet… Me voilà… J’étais un peu curieuse de ce que vous vouliez me dire.
― Je suis contente que vous soyez passée me voir, Julie. Nous nous sommes croisées dans l’ascenseur plusieurs fois et, à chaque fois, il y avait un truc qui me dérangeait. En fait, je vais vous dire quelque chose qui va peut-être vous surprendre.
― Quoi?
― Votre parfum ne vous convient pas.
― Mon parfum?
― Oui.
― Je porte le même depuis quinze ans… Je l’aime beaucoup. C’est…
― Oui, je l’ai reconnu… Ce n’est pas un mauvais produit, en tant que tel… C’est juste un mauvais produit, pour vous.
― Mais…
― Vous voyez, Julie, les femmes se trompent souvent. Le problème vient qu’elles choisissent le parfum qui leur plaît.
― C’est normal, non?
― Ce qui plaît à vous, ne plaît pas forcément aux autres… Mais, un parfum, c’est avant tout pour les autres. Il doit leur parler.
― Que dit mon parfum?
― Il ne dit rien d'intéressant. Et, c’est son problème… Je pense même que, en se dégradant, il laisse une petite odeur amère qui repousse.
― Je sens mauvais?
― Non, vous sentez bon mais, sans vous en rendre compte, vous diminuez très fortement l’intérêt que les autres vous portent.
― Ah, bon?
― Mais, là n’est pas la question fondamentale… Avant de rectifier la chose, il faut se demander ce que l’on souhaite accomplir dans les trois domaines de la vie.
― Les trois domaines?
― Les trois P... Professionnel. Personnel. Privé. Par exemple, cherchez-vous de l’avancement au sein de votre entreprise? Cherchez-vous à vous faire remarquer par les autres employés? Peut-être par la direction? Ensuite, au niveau personnel, c’est-à-dire dans la vie de tous les jours. Comment voulez-vous être appréciée? Que doivent penser les anonymes lorsque vous les croisez? Doivent-ils vous remarquer? Doivent-ils être plus aimables? Plus serviables? Et, enfin, dans votre vie privée, quel effet avez-vous sur votre mari? Sur votre amant?
― Tout ça, dans un seul parfum?
― Certaines femmes en utilisent plusieurs. C’est une erreur… Vous devez porter un parfum qui adresse, de façon complète, les trois domaines de votre vie. Pour le trouver, c’est assez facile, parce qu’il suffit de travailler à l’envers. Le plus difficile, c’est toujours la vie privée. Votre mari… Voulez-vous plus de lui ou moins de lui? En gros, voulez-vous plus d’intimité?
― C’est une question très…
― Privée, je sais… Mais, si vous voulez de l’aide.
― Oui, plus… Plus d'intimité… Ce serait bien, naturellement.
― Un peu plus ou beaucoup plus?
― Beaucoup plus!
― Donc, il va falloir l’enchanter. Le soumettre lentement à vos charmes…
― Comme avec une potion magique?
― C’est un peu ça… La parfumerie, c’est un peu de la sorcellerie, vous savez. Il s’agit d’envoûter. Nous sommes des mammifères. Notre odorat est aussi important que notre vision. Nous dégageons des odeurs naturelles, très puissantes, qu’il va falloir canaliser. La première erreur est de mélanger les parfums. C’est pour ça que vous devez jeter à la poubelle tous vos savons, vos shampooings, vos déodorants et même les crèmes parfumées qui gâchent tout. La senteur à mettre en avant est d'abord la vôtre. Votre empreinte olfactive, en quelque sorte… Votre corps produit un parfum naturel mais il ne suffit pas. Il faut ajouter un catalyseur qui intensifie votre personnalité. Qui est Julie? Eh bien, Julie, c’est d’abord un parfum… Ce parfum unique devient votre carte d’identité. Les gens qui vous rencontrent pourront mieux vous identifier. Ils auront une image mentale de ce que vous représentez. Ils se souviendront de vous. Mais, c’est un processus qui prend un peu de temps parce que nous avons beaucoup de choses à corriger. Vous permettez?
Valérie s’empare délicatement du bras de Julie.
― Allez-y...
― Je veux retirer les traces de savon parfumé, précise Valérie, en frottant la surface intérieure de son bras avec un coton imbibé d’alcool.
― C’est froid…
― À présent, je vais vous sentir, dit Valérie, en élevant le bras de Julie sous son nez.
― Je vous en prie…
― J’ai déjà un petit indice. La peau n’est pas la seule à être parfumée. D’autres parties du corps dégagent d’autres senteurs. La plus forte de toutes émane de votre vulve. C’est là que réside votre pouvoir féminin. D’ailleurs, je vous conseille de ne plus porter de pantalons. Ils agissent comme des barrières. Portez des robes. Des jupes… Courtes de préférence, afin que l’air ambiant puisse mieux circuler. Évitez les collants. Préférez les bas et des sous-vêtements très aérés. Les strings sont fortement recommandés.
― Ah, bon?
― Je devine, Julie, que vous êtes une femme extrêmement sensuelle… Comme beaucoup d’entre nous, vous avez un gros appétit pour la sexualité.
― Vraiment?
― Je suspecte néanmoins que vous vous privez… Et ce, depuis très longtemps. Je vois, à votre figure, que vous êtes en manque. Vous privant de sexualité, vous compensez en mangeant trop. Tous ces sucres et ces farines contribuent d'ailleurs à gâcher votre parfum naturel. Encore un terrain à corriger… Mais, ne brûlons pas les étapes. Je vais d’abord vous préparer des produits pour l’hygiène du corps. Ils sont complètement neutres. Dans votre toilette, favorisez l’eau fraîche, au maximum. Osez la douche sans savon. Rincez, à peine votre intimité. Nos bonnes bactéries se chargent de tout garder bien propre. Elles sont là, pour ça… Laissez votre peau retrouver son équilibre. Ensuite, une fois sèche, vous allez vous vaporiser avec ceci.
― Qu’est-ce que c’est?
― Poison Hypnotic, une eau secrète de la maison Dior. Le nom est bien trouvé. Ce parfum a de véritables pouvoirs hypnotiques. Il envoûte… Cette variante s’appelle eau secrète parce qu’elle est conçue pour la sexualité. Vous allez commencer très doucement. Seulement une fois le matin… Ne vous étonnez pas si vous ne sentez rien. C’est comme un secret… Au début, tout est caché. Après cinq jours, vous passerez à trois vaporisations dans la journée. Avant les repas, de préférence. Le parfum vous rappellera de manger moins. Après quinze jours, vous vous vaporiserez plus régulièrement. Vous allez vite en voir les effets.
Julie examine le petit flacon au dégradé rougeâtre.
― Et mon mari voudra plus de sexe? elle demande, sur un ton ironique.
― Pas que lui! Des hommes vont vous aborder, Julie. Des pulsions… C’est pour cela que vous devez toujours réfléchir à la question… Si un inconnu me fait une proposition, comment vais-je réagir? J’accepte? Je dis, non? Vous devez avoir la réponse dans les trois domaines de votre vie. Souvenez-vous des trois P... Professionnel. Personnel. Privé.
L’ironie n’est pas perdue.
Quelle blague…
Je me relève de ma tâche avec un sourire aux lèvres.
Trois pets!
Elle est bien bonne.
J’ai terminé de laver ma Citroën C5, mais je suis encore perdu dans mes pensées.
Je vois alors la Twingo de Valérie qui, trois emplacements plus loin, m’appelle au secours.
Après avoir rempli mon seau d’eau fraîche, je me mets à la laver elle-aussi.
Elle est tellement crasseuse que je dois appliquer pas mal d’huile de coude.
Je continue mentalement la scène chez Marionnaud...
― Écoutez bien, Julie… Je vais vous dire un petit secret. Tout comme il existe trois domaines de la vie, il existe trois zones pour se parfumer. Les mains, c’est le domaine professionnel. Au début et à la fin d’une réunion, on se serre la main. Votre parfum est une carte de visite. Vous laissez votre empreinte sur vos interlocuteurs. Observez les… Comment ils élèvent les doigts sous leurs nez. Ils vous sentent. Ils vous apprécient. Pour la vie de tous les jours, votre domaine personnel, vous parfumez votre gorge. Les décolletés aident à la diffusion. Ouvrez un bouton de plus à votre chemisier… Enfin, pour le domaine privé, vous parfumez votre bassin. Pas trop bas… Le sommet du mont de Vénus, seulement. Sans oublier, derrière… Le long de vos fesses. Ainsi, les hommes vont sentir les effluves de votre sexualité.
― Ça fait beaucoup de parfum tout ça…
― Maintenant, débute le véritable jeu. Comme je vous l’ai dit, vous commencez doucement. D'abord, une vaporisation le matin… Ensuite, ce sera trois, avant les repas. Enfin, lorsque vous êtes prête, parfumez-vous après chaque visite au petit coin… Et, je vous encourage à boire énormément d’eau minérale.
― Pardon?
― Ces petites pauses naturelles sont idéales pour faire le point. Vous voyez comment l'eau de toilette prend tout son sens. Dans cet espace discret, vous allez parfumer une, et seulement une, de vos trois zones. À vous de choisir selon vos objectifs du moment. Si vous êtes avant une réunion de travail, parfumez vos mains. En soirée, chez des amis, parfumez votre poitrine. Enfin, si vous souhaitez séduire, parfumez votre intimité. Julie, vous devez toujours savoir ce que vous voulez accomplir. C'est le secret pour être comblée.
― À quoi pensez-vous avec tant d'intensité?
Je lève le nez du capot avant.
C’est Valérie.
Elle est vêtue d’un kilt écossais à dominante rouge, de longues bottes noires et d’un twin-set de cachemire assorti.
Ses traits sont reposés.
Ses cheveux sont tenus en arrière par un grand nœud qui rappelle le motif de son kilt.
Elle croise les bras sous la poitrine dans une position à la fois défensive et péremptoire.
― À rien de spécial, je réponds, par automatisme.
― Puis-je savoir ce que vous faites à ma Twingo? demande-t-elle, sur un ton de reproche.
― Je donnais un coup à ma voiture et, après… J’ai pensé que la vôtre en avait pas mal besoin.
― C’est gentil de penser à moi.
― Oui et à propos, Valérie… Encore merci pour la soirée d’hier. C'était vraiment très sympa.
― Vous avez apprécié, hein?
― Pardon?
― Chloé…
Comme son ton de voix n’a pas changé, je prends la remarque pour un reproche.
Je baisse le nez.
― Je… Je…
― Elle s’est faite jolie, rien que pour vous.
― Pour moi?
― Elle voulait aussi vous faire un petit cadeau.
― Ah, bon?
― Mais, ça… Je sais que vous l’avez trouvé.
La bouche de Valérie se tord dans un rictus amusé.
Je sens mon visage rougir, démonstration particulièrement ridicule pour un homme de mon âge.
― Allons, ne soyez pas gêné, Louis…
― C’était un cadeau?
― C’est elle qui a choisi le motif. L'une de ses préférées… Elle l’a portée toute la journée, en pensant à vous. Par contre, le stratagème pour vous la donner discrètement, c'est entièrement de moi… Pas mal, le coup de la bière et du toilette cassé.
― Je… Je suis vraiment désolé, je réponds, tout penaud.
― Pourquoi donc? Il n’y a pas de honte à avoir.
― Ah, bon?
― Chloé sait exactement ce que vous en faîtes.
― C'est-à-dire que…
― Vous voyez, Louis… Quand on a douze ans, le monde ne fait pas tellement attention à vous. La plupart du temps, les enfants sont complètement ignorés. Dans la rue ou chez les commerçants, on leur dit à peine bonjour. Naturellement, ils se sentent mis à l’écart. Alors, ils rationalisent. Ils patientent gentiment. Mais, ça ne veut pas dire qu'ils ne vivent pas comme nous. Ils s’intéressent aux personnes autour d’eux. Ils se posent les mêmes questions que les grands. Que font ces gens? Que pensent-ils? Et puis, parfois, une attraction se forme en observant. Vous voyez, Louis… Chloé vous trouve très masculin. Avec vos costumes sombres, vos chemises blanches et votre pardessus foncé, vous incarnez l’homme… Le vrai! Une belle voiture soignée. Un travail important. Sans compter que votre visage n’est pas déplaisant. Chloé rêve, comme nous toutes... Qu’est-ce que ça doit être bien d’être mariée à un homme pareil. Une belle situation… Un beau logement… Une protection financière… Un statut social… Et puis, par transmutation, ce serait le genre de mari rêvé pour sa petite maman qui vit toujours toute seule… Alors, si un homme d’une telle carrure… D’une telle prestance… Il vous remarque… Il vous adresse la parole. Il veut quelque chose de vous. Quelque chose de secret… Alors, fort logiquement, vous êtes complètement bouleversée. J’ai bien vu le soir en question que Chloé était troublée. Elle réfléchissait. Elle travaillait mentalement la situation. Je l’ai laissée un moment puis je l’ai incitée à parler. Elle m’a raconté votre proposition. Elle ne comprenait pas ce que cela impliquait. J’ai d’abord eu très peur… Alors, je lui ai bien expliqué tous les détails… Chloé connaît la mécanique de la sexualité. À douze ans, une fille aime caresser son minou, vous savez… Mais, la question restait posée… Si l'homme refaisait sa proposition, comment réagir? Je dis, non! Jamais! D'une voix très forte, pour l'effrayer… Ou bien, est-ce que je cède? Est-ce que je lui donne ce petit souvenir de moi, tellement intime… Et, si je le fais… Qu’est-ce que cela implique? C’était sa décision à prendre… Mais, je me suis tout de même invitée chez vous, pour voir de plus près… Mais, la décision… C’est bien Chloé… Elle l’a fait parce qu’elle voulait vous faire plaisir. Et, en vous faisant plaisir, elle se faisait aussi plaisir. Que vous le vouliez ou non, vous êtes un peu son premier amour... Elle ne vous oubliera jamais. Avec les cinquante euros, elle s’est achetée une petite chaîne dorée avec un petit cœur. Elle la porte tous les jours. Elle sait aussi que vous êtes marié. Elle sait ce que le mariage représente. C’est un mur, entre vous… Votre femme ne doit rien savoir parce qu’elle ne pourrait pas comprendre. C’est une situation très compliquée. C’est un amour secret qui, tant que l’un ou l’autre ne rompt pas, risque de durer.
― Je vais arrêter, je déclare brutalement. Je vais dire à Chloé que je n’avais pas le droit.
― Quoi? Et lui briser le cœur? Pourquoi lui faire du mal, Louis?
― Mais… C’est… C’est interdit.
― Depuis quand les sentiments sont-ils interdits? Et puis, pédophile n’est pas un vilain nom… Celui qui aime les enfants. Il n’y a rien de mal à aimer les enfants. Le problème, c'est qu’on y associe les violeurs et les malades mentaux qui usent de violences, physiques et mentales, pour assouvir des pulsions criminelles. Les sentiments ne font de mal à personne. C’est la violence qui fait mal! C’est la violence qui traumatise!
― Qu’est-ce que je dois faire?
― La question est plutôt… Qu’est-ce que vous allez faire? Réfléchissez, Louis… Réfléchissez avant d’être pris au dépourvu. Si vous êtes sur une île déserte, en compagnie de Chloé, jusqu’où irez-vous? Moi, je ne suis pas là. Julie n’est pas là, non plus. C’est juste vous et elle… Chloé vous aime. Elle a construit un temple autour de son amour. Et vous, Louis? Qu’apportez-vous à l’édifice? Elle fera quasiment tout ce que vous lui demanderez… Mais vous, Louis… Qu’allez-vous lui offrir? Qu’allez-vous lui donner? Parce qu’au final, c’est vous qui décidez.
― Je ne…
― Ne répondez pas… Je ne vous demande pas ça. Je vous demande de réfléchir, assez longtemps à l’avance, pour savoir, exactement, comment vous allez vous comporter. Je veux juste ajouter qu’on peut très bien vivre de grandes histoires d’amour en restant à la terrasse des cafés.
― Mais, comment faire pour dominer la tyrannie de la sexualité masculine?
― En faisant exactement comme vous faites, déjà…
Valérie me transperce de son regard glacé.
― D’accord… J’ai compris, je réponds, en hochant la tête.
Valérie décroise les bras. Son visage se détend.
― Alors, je vous dis un grand merci… Et, merci aussi pour la voiture.
― Si vous me laissez les clés, je peux aussi faire l’intérieur.
― Une chose à la fois, Louis… Une chose à la fois.
Valérie tourne des talons pour filer vers notre immeuble.