Le lendemain, c'est dimanche, je ne compte pas rester chez moi.
J’ai besoin de sortir et prendre l’air mais je crains de croiser Valérie.
Que lui dire?
Comment me comporter?
Chloé attise aussi ma curiosité.
Comment va-t-elle fêter ses douze ans?
Reçoit-elle ses petites camarades chez elle?
Sortent-elles pour un restaurant?
Je veux la voir dans sa belle tenue festive.
En même temps, je veux la fuir comme la peste bubonique.
Pour remédier à mon état fébrile, j’ai un plan.
Encore une occasion rêvée pour rendre visite à la famille.
Cette fois, nous irons chez mes parents qui habitent à trois heures de route de chez nous.
J’ai passé un coup de fil, la veille.
Nous sommes invités pour le déjeuner.
Mes parents habitent toujours la maison familiale où j’ai passé ma jeunesse avec mon frère et ma sœur.
Je suis le cadet.
Ma sœur aînée est mariée.
Une fille…
Elle habite la région Aquitaine.
Moins je la vois celle-là, mieux je me porte.
Mon frère, lui, n’est pas allé bien loin, dans tous les sens du terme, puisqu’il est passé du quartier petit bourgeois de mes parents à la zone périphérique des grands désespérés.
Marié.
Divorcé.
Remarié.
Redivorcé.
Jamais un emploi stable.
Toujours des petits boulots.
Problèmes avec la justice.
Problèmes de dépendance.
Alcool et drogue.
Aux dernières nouvelles, il est gardien de nuit dans un entrepôt.
Hervé ne présente qu’un seul intérêt pour nos parents.
Il est, à lui seul, le géniteur des quatre cinquième de tous leurs petits enfants.
Quatre enfants!
De quatre femmes différentes!
Dingue, non?
D’ailleurs, lorsque son premier enfant est né, mon frère était encore au lycée.
Depuis cette époque reculée, ce fils précoce est lui-même marié.
Loin de son passé, et surtout loin de son cas social de père, il brille au plus haut niveau de la société française comme l’attestent ses interviews régulières dans des magazines d’actualités politiques.
Dire que mes parents ont supplié pour que la petite copine de l’époque se fasse avorter.
Un beau retournement de situation puisque mon neveu Nicolas est, de loin, le plus célèbre de tous les Gorron.
Tout le petit monde de ma famille, je le garde volontiers à distance.
Une carte d’anniversaire et des vœux pour Noël sont déjà bien assez.
Et mes parents?
Je me limite à une visite tous les trois mois.
La distance kilométrique qui nous sépare est encore la meilleure excuse pour les garder éloignés.
Et puis, comme nous n’avons pas d’enfants, ils n’ont aucune raison de nous envahir.
Un bon point pour Julie…
Afin d’arriver à l'heure pour profiter de l’apéritif, Pineau des Charentes, que mon père ne rate jamais, nous nous sommes levés tôt et, de ce fait, couchés tôt.
Depuis la visite à la parfumerie de Valérie, j’ai une envie monstre de baiser.
Normalement, c’est réglé comme du papier à musique.
Samedi soir…
Julie est là, sous le coude.
Ma femme, à portée de main, donc.
Théoriquement, disposée…
Mais, je me retiens.
Un truc s’est passé la dernière fois qui, depuis, me bloque.
J’ai encore la vision de Julie exténuée sur le canapé avec sa chatte ruisselante de mon sperme.
Je me demande si c’était bien elle.
Il y a un truc nouveau chez Julie qui m’échappe.
Je suis incapable de l'expliquer.
Un vrai mystère.
Le trajet est monotone.
Autoroute.
Radio.
Julie qui somnole.
Nous avons à peine échangé une dizaine de mots depuis le départ.
Heureusement, la conduite de ma C5 est une récréation.
Une façon de se délasser.
De réfléchir.
De fantasmer.
Avec le navigateur de bord, nous arrivons pile poil à l’heure.
Embrassades.
Petit cadeau.
Nous nous sommes arrêtés dans une petite ville pour acheter des fleurs et le dessert.
Nous nous retrouvons dans le salon familial pour l’apéro et les petites rondelles de saucisson.
Un regard autour de la pièce suffit pour m’informer que, contrairement aux parents de Julie qui ont toujours des tonnes de projets, mes parents n’évoluent pas beaucoup.
D’ailleurs, je trouve qu’ils ont pris un sacré coup de vieux depuis notre dernière visite.
Leurs habits font fatigués.
Leur décor intérieur fait démodé et défraîchi.
— Alors, mon Louis… Quoi de neuf?
Vous appréciez l’ironie.
— Pas grand chose, papa. Ah, si… J’ai acheté la petite culotte de la voisine. Elle a onze ans. Non, elle a douze ans… Aujourd’hui, c’est son anniversaire. Depuis que j’ai sa culotte à me mettre sous le nez, je me branle tous les matins comme t’as pas idée. Quel pied!
C’est clairement pas ce que je vais répondre.
Quoi de neuf?
Du neuf?
Il y a plein de neuf chez nous.
Chloé.
Valérie.
Et même Julie…
— Bof, toujours la même routine, tu sais. La vie moderne, quoi.
— Et, ça va toujours le boulot?
En fait, la question implicite de mon père est:
— T’as toujours le même boulot? Tu réalises que, si t’avances pas à ton âge, après, c’est terminé.
— Oui, ça se passe bien. On va ajouter un deuxième pôle de distribution.
— Et Julie, ça va toujours?
La vraie question, c’est:
— Tu baises encore ta femme? J'espère que tu réalises, mon fils, que l’infertilité… C’est pour la vie. Nos petits-enfants, on a déjà fait une croix dessus depuis longtemps.
Mon père use du mot toujours dans beaucoup de ses phrases comme si la continuité était une qualité autant qu’un reproche déguisé.
Peut-être que la constance, dans sa propre existence…
Le fait qu’il ait si peu bougé…
Tout ça vient aujourd’hui le hanter.
Dans le fond, entre ma sœur au sommet et mon frère au plancher, je suis l’enfant moyen qui lui ressemble le plus.
— Impeccable! Julie est toujours aussi parfaite, tu sais. Mais… Tout de même… Tu ne la trouves pas un petit peu changée?
Mon père se tourne vers le coin salle à manger où les deux femmes préparent la table.
Il dévisage Julie, un peu trop longuement à mon goût.
— C’est vrai qu’elle a un petit air différent. Elle s’est fait faire un lifting?
— Non!
— Je vois maintenant… Tu lui as payé une nouvelle paire de nichons. T’es pas gêné, mon salaud!
Mon père éclate de rire.
Il a un petit côté vulgaire qu’il aime bien entretenir, en privé, surtout avec la famille.
Non…
Surtout avec moi.
Comme si nous étions au même niveau.
— Mais, non! Tu dis n’importe quoi…
— Allez, mon Louis, décontracte-toi un peu… T’es toujours tellement sur la défensive... C’était une blague. Quoique, entre nous, de nos jours, ils font des miracles. J’ai un vieux copain de la boîte qu’a payé ça, à sa femme. Sylvie, tu la verrais (gestuelle), elle est transformée. Avec ça comme amortisseurs... Il doit pas s’embêter le Roland.
Nouveaux rires graveleux.
Je souris à peine.
Malgré nos âges adultes, je ne peux pas associer mon père à la sexualité, surtout à celle du couple qui m’a engendré.
Ma mère fait vraiment mémé.
Elle a passé l’âge de la baise depuis des lustres.
Tout ça, c’est terminé.
Et, si ce n’est pas le cas, alors je préfère de ne pas y penser.
Comme toujours, le déjeuner est trop long, trop copieux et assommant de banalités.
Mes parents ne tarissent pas d’anecdotes savoureuses sur les deux êtres que je déteste le plus au monde.
C’est d’abord Anne, ma sœur, avec son appartement de deux cent mètres carrés, son train de vie de luxe et son mari, orthodontiste, qui se fait plus de fric qu’un banquier de la mafia.
D’ailleurs, l’orthodontie, c'est vraiment le racket médical à la puissance dix.
Des milliers d’euros pour déplacer d’un millimètre des quenottes de bambins.
Quel gâchis!
Et Sophie, leur gamine de dix-sept ans, qui parade son petit génie.
Danse.
Violon.
Première en ci, première en ça…
Et après, quand tout ce succès assommant est épuisé, c’est au tour de mon neveu Nicolas qui, paraît-il, est passé conseiller de ministre.
Chouchouté par le tout-Paris.
Encensé par l'intelligentsia.
Tu parles…
Tout ça pue la gauche caviar, à plein nez.
Des petits cons qui ne savent que piquer le pognon des gens qui travaillent pour de vrai.
Mais, pour mes parents, c’est mieux que le succès.
C’est la gloire absolue qui donne, à notre nom de famille, une résonance nationale.
Bon sang, un Gorron qui passe à la télévision!
Personnellement, je déteste la réussite.
Surtout chez les gens que je connais.
Avec de telles célébrités à une réunion familiale, comment s’intéresser au cadre moyen d'une entreprise de taille moyenne?
Tous l’ont deviné.
Depuis ma dernière promotion, il y a déjà cinq ans de cela, j’ai terminé.
Tout espoir d’avancement est utopique.
Je suis au maximum de ma carrière.
Lorsque j’en parle, j’adopte, il est vrai, un ton un peu amer.
Je dois passer, aux yeux de tous, pour un aigri.
Vous voyez le genre…
Pas d’enfants.
Pas d’avenir.
Juste un trois pièces en province à crédit et une Citroën C5 en leasing.
Pas étonnant qu’il affiche une tête de frustré.
Pas étonnant qu’il se branle en reniflant des culottes de gamines.
Heureusement, pour me remonter le moral, il y a toujours mon frère Hervé.
En voilà un qui accumule les déboires.
Point commun avec moi, il ne supporte pas son fils Nicolas.
Même que, pour l’énerver, il fait des choix politiques douteux, en épaulant le service d’ordre d’un parti d’extrême droite.
À lui seul, Hervé monopolise quatre vingt dix pour cent des soucis de mes parents.
Ils sont d'ailleurs les seuls à encore le tirer d’affaire.
Ils sont bien les seuls à s’y intéresser.
Après le déjeuner, pendant que les femmes font la vaisselle, mon père et moi regardons un match de football sur sa grande télé, en sirotant un verre de cognac.
Après dix minutes de jeu, le paternel est déjà endormi.
Ses ronflements m’agacent.
Je file en catimini pour user des toilettes.
De retour des vécés, en passant devant l’escalier qui monte aux chambres, je suis pris d’une vague de nostalgie.
Cela fait un bon moment que je ne suis pas monté à l’étage.
Je grimpe les marches sur la pointe des pieds.
Rien n’a changé.
Ni le tapis effilé.
Ni le papier peint à fleurs.
Ni le tableau du clown triste, en haut des marches, qui a l’air de dire:
— Ici, mon vieux, ça ne rigole jamais…
Le long du couloir, je pousse quelques portes sans entrer.
Au bout, c’est ma chambre d’enfant.
Le décor a à peine changé.
Les meubles sont débarrassés de leurs bibelots.
Quelques étagères vides.
Mes parents ont empilé des caisses en carton dans un coin.
Par contre, sur les murs, il y a encore mes vieilles affiches.
Au-dessus du lit, c’est celle du groupe de rock Téléphone, avec son tag rouge en gros: la bombe humaine.
Tu parles!
La bombe puante, oui…
À l’époque, je trouvais la fille assez bandante.
Combien de fois, je me suis branlé sous mes draps en train d’imaginer les trois autres bouffons qui la prenaient par tous les trous.
Sur la table de nuit, quelques vieilles bandes dessinées accumulent de la poussière.
Je feuillette un album de Gai-Luron lorsque je sens une présence dans mon dos.
C’est Julie qui se faufile dans la pièce, en élevant un doigt silencieux vers ses lèvres.
— Ta mère est allée s’allonger, murmure-t-elle.
Julie s'approche de moi sans faire de bruit.
Elle penche le nez sur la page dessinée.
— Tu retrouves les classiques de la littérature française…
Gai-Luron, c’était mon préféré.
J’aimais bien ce chien apathique et insouciant.
Et puis, il y avait Belle-Lurette, avec son petit nœud dans les cheveux.
Elle aussi me faisait bander.
Je crois qu’à l’époque, je ne pigeais pas toutes les subtilités des personnages.
Je ne voyais pas que ce chien ridicule était un peu mon reflet.
— C’était ton petit lit? demande Julie, toujours à voix basse.
— Oui.
— Tu y amenais tes petites copines pour baiser?
Je repose l’album de bande-dessinée sur la pile.
Le passé revient de loin comme un boomerang oublié.
— Des copines? C’était pas vraiment ça… Une… Une seule fille! Ma toute première fois, en plus… J’avais quoi? Dix-sept ans passés… Pas trop précoce, tu vois… J’avais mis des semaines… Non, j’avais mis des mois à la convaincre de passer à l’acte. Je veux dire, autre chose que de la peloter, par-dessus ses habits… Elle s’appelait Agnès… Seize ans et demi… Une fille du quartier… Pas mal du tout… Après des mois d’une mendicité lamentable, elle a finalement accepté… C'était un mercredi après-midi… On a juste une heure… Seuls dans la maison… Ici, même. On s’est déshabillés, chacun dans son coin puis elle a sauté sous le drap, en le tirant sous le menton. J’ai suivi, puis on s’est un peu embrassés… J’en pouvais plus. Je me suis mis sur elle et je… Je… Je ne trouvais pas le trou… Faut dire qu’elle ne m’aidait pas beaucoup… Elle écartait à peine les jambes. Enfin, j’ai finalement trouvé… Je m’y suis enfoncé. Dix secondes après, c'était terminé… Ensuite, j’avais super peur que ma sœur rentre plus tôt de son cours d’équitation… Je me suis rhabillé en quatrième vitesse pendant qu’elle utilisait la salle de bain… Pas vraiment le pied tout ça… Je t’assure qu’il n'y a pas eu de deuxième fois.
— Elle t’a largué?
— En fait, je n’étais qu’un faire-valoir… J’ai appris, après coup, qu’elle sortait en même temps avec un copain de son frère… Un type de vingt-trois ans. Il avait son permis de conduire. Il avait une bagnole… Sortir avec moi, c’était juste pour… Je ne sais même pas ce qu'elle voulait… Lorsque je lui ai demandé pourquoi elle me larguait, elle m’a répondu que c’était parce que je n’avais pas d’expérience… Tu vois le genre… Dix secondes! Parfait pour ma mise en confiance masculine… Moi, sur le coup, comme je ne trouvais pas le trou, je croyais qu’elle était vierge. En fait, c’était une belle salope.
— Qu’est ce que tu espérais? Une vierge ou une salope?
— Je sais pas… J’étais pas trop informé à l’époque, c’est vrai… Pourtant, après… J’ai pensé que, si elle avait un peu d’expérience, elle aurait pu m'aider à m’éduquer.
— Qu’est-ce que tu aurais aimé qu’elle fasse?
— Déjà, pour commencer, j’aurais bien aimé voir quelque chose…
Malgré tout, je rigole du passé.
— Tu aurais aimé qu’elle te montre son cul? C’est le truc qui fait bander, non?
Sans prévenir, Julie se penche en avant. Elle se met spontanément à quatre pattes sur mon petit lit d'enfant.
— Qu’est-ce que tu fais?
Julie se redresse mais c’est juste pour remonter la jupe serrée autour de sa taille.
Elle se remet à quatre pattes.
Je ne vois plus que son immense cul et la grosse culotte qui l’enveloppe.
Ce n’est pas une culotte de coton blanc mais une culotte beige, plus souple, plus soyeuse, avec de la dentelle brodée autour des échancrures.
Baissant carrément son visage contre le couvre-lit, elle écarte les cuisses.
Je vois sa main droite qui, par en-dessous, envahit le devant.
Elle se caresse la chatte.
— Qu’est-ce que tu fais? je répète, aussi sottement que la première fois.
— Tu aimes mon gros cul? Est-ce que tu aimes mon gros cul?
Alors que nous n’avons parlé qu’à voix basse, Julie élève subitement le ton.
Bon sang, elle va réveiller ma mère qui sommeille deux portes plus loin.
— Chut! Pas si fort…
— Dis-moi, que tu aimes mon gros cul.
Je vois le fond de sa culotte qui s’agite sous ses doigts.
— Oui, je réponds en déglutissant.
— Dis-moi, que tu aimes mon gros cul.
— J’aime ton gros cul.
— J’entends pas.
— J’aime ton gros cul. J’aime ton gros cul.
De sa main libre, Julie écarte le tissu souple pour exhiber ses deux globes laiteux.
— Baise-moi, Louis… Baise-moi, comme une salope… Dans ta petite chambre d’écolier… Baise-moi dans la chatte… Là… Regarde bien.
Je suis hypnotisé par tout ce que je découvre.
Cambrant ses reins, Julie écarte de deux doigts les petites lèvres de sa chatte mouillée.
Son trou intime m’invite.
J’ai une érection de type barre d’acier trempé.
Je baisse mon pantalon aussi vite que possible.
Je suis un peu haut mais, en courbant légèrement les genoux, mon sexe remonte vers sa chatte béante.
— Baise-moi... Baise-moi la chatte… Enfonce ta queue dans ma chatte… Baise-moi, mon Louis.
Elle n’a pas à me le dire longtemps tant je suis excité.
Je m’enfonce d’un coup, jusqu’à la garde.
Je la fends de mon épée.
Julie éructe un puissant râle de jouissance.
Merde!
Et mes parents qui somnolent, juste à côté.
Putain, je vais me faire gauler.
Ils vont me passer un sacré savon!
Je me mets à pomper Julie comme un forcené.
Indifférent à ses petits cris de jouissance, je lui martèle la chatte sans pitié, à tel point que ses fesses claquent bruyamment contre mes cuisses.
— Baise-moi, Louis… C’est bon! Baise-moi, comme si j’étais Agnès… C’est ta première fois… Et tu peux tout voir… Regarde mon cul… Le trou de mon cul.
Je baisse le nez sur l’anus de ma femme.
Que c’est beau!
Que c'est merveilleux!
Mais, Julie ne parle plus à haute voix, elle en vient aux cris stridents…
Du coup, la tirant par les hanches, je lâche un torrent de sperme au fond d'elle.
Je le sens couler à flot.
Un vrai robinet.
Julie se met à jouir, en broyant son clitoris de la main gauche.
Elle en bave sur le couvre lit.
Bon sang, que c’est bon!
Puis, réalisant où je me trouve, je me retire immédiatement de sa chatte, dans un bruit de ventouse géante qu’on décolle.
Sa culotte vient recouvrir son cul comme le rideau d’une salle de spectacle qui se referme.
Je prends le mouchoir de ma poche.
Je m’essuie la queue, en toute hâte.
Je me rhabille.
Julie s’est redressée, sans s’essuyer.
Elle fait coulisser sa jupe vers le bas.
Je pense aussitôt à sa chatte pleine de jute qui coule dans sa culotte.
Qui coule le long de ses cuisses.
Ma femme bourrée de mon sperme dans ma petite chambre d’enfant.
Quelle jouissance!
Quel pied!
Julie partage un regard complice.
Je n’ose pas bouger.
Je suis convaincu que mes parents sont derrière la porte.
Ils ont tout entendu.
Ils ont tout vu.
Merde, je suis complètement foutu.
Plus courageuse, Julie me tire par la main.
Je tends timidement le cou vers le couloir.
Ouf!
Le passage est libre.
Sans faire de bruit, nous quittons la chambre.
Les marches de l’escalier grincent à peine.
Au rez-de-chaussée, j’entends le poste de télévision.
Que faire?
Retourner devant le match?
Sans faire de bruit, Julie a déjà ouvert la porte d’entrée.
Elle me fait signe.
Nous filons à l’anglaise…
Traversant le petit jardin, nous nous retrouvons dans la rue déserte.
Malgré le fond de l’air très frais, nous marchons, main dans la main, le long des trottoirs de mon ancien quartier.
S’aérer fait le plus grand bien.
Je jette un coup d’œil furtif vers ma femme.
Je trouve que, malgré la lumière du jour lugubre, elle rayonne de beauté.
Sa peau est extraordinairement lumineuse.
Ses cheveux sont plus épais.
Ses traits sont plus fermes.
Mon père s’est moqué de la transformation de Julie mais, moi, je la vois très clairement.
Ma femme renaît.
— Qu’est-ce qu’elle est devenue Agnès?
— Je ne sais pas.
— Tu veux qu’on passe devant chez elle?
— D’accord.
Tandis que nous marchons en silence, je constate, avec effroi, que la rue de mon enfance, à l’instar de mes parents, s’est pas mal dégradée.
Les trottoirs sont craquelés, avec des mauvaises herbes qui poussent dans les fissures.
La chaussée n’est qu’une série de raccommodages.
Beaucoup de jardins sont peu ou pas entretenus.
Même la qualité des véhicules a changé.
Autrefois, c’était un ensemble de pavillons pour les classes moyennes, voire supérieures.
Chacun était fier de sa voiture et de sa propriété.
On prenait encore soin de son habitat.
Pas de doute, la bande de copains de mon neveu Nicolas s'est amusée à presser le pays.
La grandeur nationale n’est plus que celle du mollusque borné qui nous gouverne.
Après avoir contourné une dizaine de pâtés de maison, nous nous trouvons devant la maison où habitait Agnès.
Ma première flamme…
Ma première fois.
Dans mes souvenirs, ses parents sont aimables mais, à présent, ils me semblent plutôt naïfs.
Avaient-ils seulement idée que leur fille mineure circulait à l’arrière des voitures?
Qu’elle taillait des pipes à un garçon majeur, baba derrière le volant de sa 205?
Qu’elle baisait comme une salope dans sa chambre d’étudiant?
Bon, il y a une majorité sexuelle en France.
Quinze ans…
Mais, tout de même.
Comme toutes les maisons du quartier, celle d'Agnès a besoin d’un sérieux coup de peinture.
Devant le garage, une 406 pourrie attend la casse.
Derrière le portail, le nain et sa brouette ont perdu tout éclat.
Leur survie me fait néanmoins supposer que la famille vit encore à cette adresse.
Peut-être, même Agnès…
Quelle tête a-t-elle à quarante-quatre ans?
Rides?
Surpoids?
Problèmes de santé?
Et sa vie personnelle?
Mariée?
Divorcée?
Combien de fois?
Combien de lardons enfantés?
Combien, encore à charge?
J’ai envie de sonner.
Voir.
Parler.
Juger.
— Salut, Agnès. C’est moi, Louis. Tu te souviens? Je te présente ma femme, Julie. On est en visite chez mes parents et… On baisait comme des lapins, dans ma chambre d'autrefois… Alors, on a pensé à toi… Ouais, tout ça pour te dire que t’étais assez conne, tu vois… Ouais, t’étais une belle connasse de me laisser chercher le trou de ta chatte… C’était ma première fois, putain de merde! J’espère que ta vie a été bien misérable, après ça.
En réalité, je n’ai pas du tout envie de sonner.
À cette porte ou à une autre.
Tous ces visages du passé…
Tous ces fantômes ne me disent rien qui vaille.
Jeter un coup d’œil de l’extérieur, c’est déjà bien assez.
Mieux vaut en rester là.
— Viens, on rentre, je dis à Julie en la prenant par la taille.
Au retour, lorsque nous passons la porte d’entrée, nous sommes un peu dans l’expectative.
Surtout moi…
— Ah, vous voilà, déclare ma mère, chaleureusement. Vous êtes allés vous promener? Vous n’avez pas eu froid sans manteaux? Venez dans le salon, j’ai fait du café, bien chaud… On va manger la tarte.
Mon père est toujours devant sa télé.
Lorsque j’entre, il affiche un sourire complice.
Nous a-t-il entendus dans nos ébats?
Je m’installe nerveusement sur le canapé.
Julie distribue les petites assiettes.
Elle coupe les parts.
Elle nous sert.
Elle place la mienne devant moi de sorte que le pic pointe vers le bas.
— Pour le gros gourmand, me souffle-t-elle.
— J’adore la tarte aux pommes, déclare mon père, en se frottant les mains.
Je rigole intérieurement, en imaginant la réplique de ma mère:
— Eh bien, moi… C’est l’éclair au chocolat!
Après une seconde séquence de bavardage, cette fois-ci plus agréable que la première, nous reprenons la route.
Je suis de bonne humeur à l’idée de rentrer chez nous.
J’ai perdu mon anxiété.
J’ai, en mémoire vive, les images de Julie sur mon petit lit.
Je vois surtout son cul énorme, une fois sa culotte tirée de côté.
Une culotte pleine de sperme et de foutre.
Je ne pense plus qu’à ça.
Comment la lui piquer?
Va-t-elle la mettre dans le coffre de linge sale?
Je veux cette culotte!
Elle est à moi…
Une culotte d’urine, de sueur, de mouille et de sperme.
Le pactole.
Le gros lot de l’Euromillions!
Malgré le silence confortable du véhicule, je n’ai pas le courage de la lui demander.
Pourquoi?
Pourquoi ce manque d’audace?
Je peux demander à une gamine de onze ans de me vendre sa culotte, mais je suis incapable de demander à ma femme de me donner la sienne.
Ma propre femme…
Quinze ans de mariage.
Je m’en veux d’être si lâche.
De ne plus savoir déclencher sur commande un moment d’intimité.
Avec le temps, un truc s’est brisé en moi.
Après deux heures de route, je sens que Julie s’agite sur son siège.
— Ça ne va pas? je lui demande.
— Ça me gratte.
— Qu’est-ce qui te gratte?
— Garde les yeux sur la route, Louis… C’est promis, hein! Ça pourrait être dangereux…
— Qu’est-ce que tu veux faire?
— Je ne tiens plus… Faut que je la retire.
Au début, je crois qu’elle parle d’autre chose.
Il me faut un petit moment avant de comprendre.
Est-ce le miracle que j’attendais?
A-t-elle lu dans mes pensées?
— Ne te tourne pas vers moi, Louis… Jure le moi, mon chéri.
— Je te le jure.
Obéissant, je garde les yeux droit sur la route mais, de ma vision périphérique, je devine ses gesticulations.
Je jette un coup d’œil juste au moment où elle a terminé la délicate opération.
Tenant le bout de tissu dans sa main serrée, elle jette sa culotte sale dans la boîte à gants.
— Ça va mieux? je demande sur un ton inquiet.
— Désolée, mais je n’en pouvais plus.
Soulagée, Julie se cale contre le siège pour me regarder conduire.
Ses yeux brillent comme jamais.
— T’es sûre que ça va?
— Oui… Tu sais, j’ai vraiment passé une excellente journée. Ça m’a fait plaisir que tu me parles un peu de toi… De ta jeunesse… D’Agnès…
— Ouais, ben, c’est rudement loin tout ça.
— Trois heures de route… C’est quand même pas l'éternité.