Pendant les jours qui suivent, mes craintes retombent.
Je n’entends pas un mot de Valérie.
L’idée qu'elle veut me faire chanter n’était donc pas la bonne.
À quoi joue-t-elle, alors?
De mon côté, je ne me prive pas de savourer son string rose.
Afin de mieux les anticiper, j’ai réduit mes séances de masturbation à une fois tous les deux jours.
J'alterne alors entre mes trois fantasmes.
En ce qui concerne Valérie, elle est devenue ma maîtresse soumise.
Je la retrouve mentalement dans des lieux discrets de rencontres.
Cabines d’essayage.
Motels d’autoroute.
Clubs libertins.
Parfois, je l’offre à des inconnus de passage.
Elle ne dit jamais non.
Puis, les jours sans branlette, c’est ma femme Julie que j’observe dans toute sa réalité.
Il y a définitivement quelque chose qui cloche.
D’abord, il y a ce parfum…
En fin limier, j’ai découvert le nouveau flacon parmi ses produits de beauté.
Poison, Eau Secrète de Dior.
Le flacon rouge me fascine.
Il ressemble à un fruit défendu ou, sous un autre angle, à un cœur arraché.
En l’élevant à mon nez, je confirme ma découverte.
Un parfum est-il suffisant pour transformer un être?
Ou bien, n’est-ce qu’un révélateur?
La substance chimique qui développe ce qui, jusque-là, était resté secret…
Enfin, quoi que ce soit, je trouve qu’il a beaucoup d’effet.
Julie s’améliore.
Elle prend meilleur soin d’elle.
Son visage s’éclaircit.
Ses joues aussi sont un peu plus rouges.
Un soir, elle rentre complètement transformée.
Elle a changé de coiffure.
Dix centimètres en moins.
Une nouvelle coloration d'un brun profond avec un effet de mèches balayées sur le côté qui la rajeunit tout en mettant en valeur ses joues et sa bouche.
Cette dernière me semble subitement plus charnue, plus gourmande.
Lorsque je l’interroge sur son choix, elle me répond qu’elle en avait assez de son ancien coiffeur.
Une copine lui a donné une bonne adresse.
— Quelle copine?
— Tu ne la connais pas…
Julie s’entoure de mystères.
Je suspecte néanmoins que la copine en question n’est autre que notre voisine de palier.
Valérie…
Encore elle!
Elle hante mes nuits comme elle hante mes jours.
Elle s’arrache de mes scénarios fantasques pour infiltrer mon quotidien banal.
Et puis, l’agence bancaire de Julie n’est qu’à dix minutes à pied de la parfumerie de Valérie.
Une parfumerie…
Je ne suis pas si dupe.
Tout a commencé avec ce nouveau parfum.
Ce Poison.
Qui d’autre le lui aurait conseillé?
Et, c’est la coiffure, à présent…
Et puis, quoi encore?
Des sous-vêtements canailles?
Des strings?
Mais, ce n’est pas que cela…
Pas qu’un parfum…
Pas qu’une nouvelle coiffure…
Julie a quelque chose de différent qui semble monter de l’intérieur.
Je le remarque au ton de sa voix.
Depuis peu, elle effectue des pauses en parlant comme si elle manquait d’air.
Elle a parfois à peine assez de souffle pour terminer une phrase trop longue.
La fréquence aussi est légèrement plus basse.
Sa voix est devenue plus douce et, de ce fait, plus sensuelle.
Qu’est-ce qui peut provoquer ça?
Le grand événement arrive…
Dans la logique des circonstances des semaines passées, c’est inévitable.
Valérie nous rend la pareille.
Une invitation.
Samedi soir.
Chez elle pour boire un coup.
Comme dit Julie, c’est pour devenir de bons amis.
Devenir amis avec Valérie?
Elle délire.
Elle, peut-être, à la limite…
Mais, moi?
Jamais de la vie!
Valérie, c’est la femme de mes fantasmes.
La maîtresse impudique que j’appelle à son travail pour qu'elle vienne me sucer dans une cabine de la boutique Etam.
Dans la réalité, je rase plutôt les murs à chaque fois que j’entre ou que je sors de l’immeuble.
Mon cauchemar, c'est croiser Valérie dans l’entrée.
Attendre l’ascenseur à ses côtés…
Comment la regarder dans les yeux puisqu’elle sait tout de moi, à un niveau intime?
Elle est dans…
Mon secret.
Si elle avait installé une caméra espionne chez nous, elle ne serait pas mieux informée.
Parce qu’un homme qui achète la petite culotte d’une gamine, on sait forcément ce qu’il va en faire.
C’est pas pour la laver et la repasser…
Il s'agit d'un outil sexuel de la plus haute perversité.
Valérie est au courant de ma déviance.
Elle y a même ajouté son string rose.
Mais, pourquoi donc?
Afin de doubler mon plaisir?
Afin de m'aider à fantasmer?
Alors, m’inviter chez elle?
Pourquoi faire?
Pour me torturer?
Et cette fois, ce sera obligatoirement en compagnie de Chloé.
Que va-t-il se passer?
Est-ce le moment qu’elle attend pour me dénoncer?
Oui, c'est ça…
Un commando du G.I.G.N. va faire irruption pendant la soirée.
M’emmener menotté, sous les yeux effarés de ma femme…
Sous les yeux révoltés de tous les occupants de l’immeuble.
Tous ces braves gens sortis, au son des sirènes, pour voir ce qui se passe:
— Mais, qu’est-ce qu’il a fait, madame Machin?
— C’est un affreux pédophile… Vous vous rendez compte, à deux pas de chez nous, en plus.
— Quelle horreur! J’espère bien qu’ils vont le guillotiner.
— Oui, des hommes pareils, ça ne devrait pas exister!
Alors, autant offrir ma tête à Valérie, déjà coupée, en guise de cadeau, dans une belle boîte enrubannée.
Moins fantaisiste, Julie a une autre idée à ce sujet.
Pour Chloé, elle a acheté un sac de bonbons à l’abricot de la marque, La Pie qui Chante.
Bonjour, le sous-entendu…
Pour Valérie, une grosse boîte de chocolats belges de marque Godiva.
Le logo?
Une nana à poil sur un canasson!
— Pourquoi des chocolats?
— On ne va pas lui offrir des fleurs ou une bouteille de vin. Je pensais bien à un savon parfumé mais elle a déjà tout ça, à prix réduits. Les chocolats, tout le monde aime ça. Et on pourra peut-être en profiter. Qui sait?
Je hausse des épaules parce que je n’ai pas de meilleure idée.
Ce n’est pas le chocolat qui me tracasse mais le rapprochement qui s’opère entre les deux femmes.
Elles deviennent amies et…
Plus elles deviennent amies, plus mon avenir est compromis.
C’est alors que j’ai une idée assez géniale.
Je vais profiter de cette soirée chez Valérie pour les éloigner.
Je vais trouver un sujet dévastateur…
Qu’est-ce qui sème le mieux la zizanie entre deux femmes?
La jalousie…
Oui, la femme est une jalouse de nature.
Elle ne supporte pas de voir une autre nana s’approcher de son mec.
Ajoutant deux plus deux dans ma tête, je vais, tout naturellement, me laisser séduire par Valérie.
Si Julie trouve que la voisine flirte un peu trop ouvertement avec moi, ce sera la discorde assurée.
Le coup de froid ne va pas tarder.
C’est assez diabolique comme idée mais cela m’oblige tout de même à user de beaucoup de doigté.
Autant j’étais bougon la première fois chez nous, autant je compte, chez Valérie, augmenter le thermostat charme, à fond.
Le samedi venu, je prends beaucoup de soin pour me préparer.
Longue douche.
Rasage de près.
Eau de toilette.
Poils de nez tondus.
Coiffure stylée avec une touche de gel le long de mes tempes qui accentue l'effet de volume.
Sous-vêtements frais.
Ensemble anthracite, sobre et coordonné.
Chaussures cirées.
Pour calmer ma nervosité, j’ai avalé un double whisky.
Je dissimule mon haleine par un brossage de dents vigoureux.
L’heure venue, je me mire dans le miroir de l’entrée.
J’ai l’air chic, décontracté et, je dois bien l’admettre, terriblement viril.
Je lisse le pull fin sur mon petit ventre, à peine rond.
J’ai perdu du poids ces dernières années.
Pour gagner en efficacité, je ne mange plus à la cantine de l’usine.
Ce repas en moins commence à payer.
Julie aussi est prête.
Elle s’est nettement moins pomponnée.
Elle porte des habits du niveau d’un samedi soir ordinaire à la maison.
Correct, mais sans plus…
— T’as l’air de bonne humeur, commente Julie, en m’entendant chantonner. Je croyais que tu allais ronchonner.
— T’as raison, ma chérie. C’est bête de ne pas se faire de nouveaux amis. Je sens que vous vous entendez bien Valérie et toi. Et puis, ce serait chouette, non? Elle habite juste à côté. C’est vraiment pratique pour des rencontres… Spontanées.
— Quelles rencontres?
— Je ne sais pas, moi… Des trucs entre filles. Quand vous avez besoin de lâcher un peu de vapeur et de râler sur vos maris.
— Valérie est célibataire.
— Pas pour longtemps! Une femme d'une telle beauté, elle doit avoir des tonnes de prétendants.
— C’est vrai… Si ça se trouve, elle va peut-être nous le présenter.
Quoi?!
Un autre homme?
Ce soir?
Je n’y ai pas du tout pensé.
Si c’est le cas, mon plan tombe à l’eau.
Si Valérie est avec son mec…
Du genre, bras dessus, bras dessous, bisous-bisous sur le canapé, ce serait pire que tout.
Si en plus elle lui a raconté ce qu’elle sait à mon sujet.
Merde…
Peut-être qu’il va me péter la gueule.
Du coup, je n’ai vraiment plus envie d’y aller.
Hélas, il est bien trop tard pour simuler une grippe subite et carabinée.
Je suis coincé.
En sonnant à la porte de Valérie, j’ai le cœur qui tourne comme un bolide aux Vingt-quatre heures du Mans.
Trop anxieux pour faire face, je me cache derrière Julie.
Et puis, c’est elle qui tient la boîte de chocolats et les bonbons.
Une minute plus tôt, elle m'a suggéré de donner les friandises à la petite.
Ça ne va pas la tête!
Un homme offrant des sucreries à une gamine…
Non mais, franchement.
La porte s’ouvre.
Julie baisse un peu le nez.
Chloé se tient dans l’ouverture…
Panne moteur…
Dérapage dans les Hunaudières.
Blocage des freins.
Mon bolide explose.
— Bonjour, dit-elle pour nous accueillir.
— Bonjour, répond Julie. Tu dois être Chloé…
— Oui, c’est moi.
Non, ce n’est pas elle!
Ce n’est pas elle du tout!
Qu’est-ce qu’elle a fait?
Chloé est coiffée comme une grande.
Ses cheveux sont gonflés, légèrement frisottés.
Et son visage? Les paupières de ses yeux sont ombrées.
Et du…
Du rouge à lèvre…
Elle porte du rouge à lèvre!
— Entrez, dit la petite fille, en s’écartant du passage.
— Tiens, c’est pour toi, dit Julie, en lui tendant le sachet coloré.
Le visage de Chloé s’illumine en agrippant les sucreries.
Il y a tout de même une petite fille sous tout ce maquillage.
J'avance, derrière Julie, vers l'intérieur, en évitant de me montrer.
Aussitôt, je suis enchanté par le parfum ambiant…
Une senteur chaude et accueillante qui inspire autant que la promesse d’un accès privilégié au harem du sultan.
D’ailleurs, voir Chloé, c’est se régaler d’une petite courtisane en formation.
Elle porte une jolie robe noire qui tombe à mi-cuisses.
Ses bras fins sont dénudés.
Son col est suffisamment échancré pour révéler une once de poitrine, ornée d'une chaîne et d’un petit cœur dorés.
Ses jambes nues sont chaussées d’escarpins à talons.
Ils ne sont pas démesurés mais, tout de même, n’en sont pas moins élevés.
Avec sa coiffure et son maquillage, Chloé est une vraie petite fille…
D’amour.
Et moi, j’ai Julie à mes côtés.
Ne pas trop regarder!
Ne pas trop regarder!
L’arrivée de Valérie brise ma fixation.
La mère porte un ensemble clair rehaussé par des bijoux fantaisie.
Ses cheveux sont coiffés de longues boucles qui retombent en cascade sur ses épaules.
Il est évident que toutes deux ont passé l'après-midi chez le coiffeur.
Le même que ma femme?
Du coup, c’est Julie qui doit se sentir pas assez habillée.
Je la sens se raidir en offrant les chocolats.
Valérie nous remercie.
Elle les dépose sur une console, sans s’y intéresser.
Julie avance vers l'intérieur avec la souplesse d'un robot grippé par la rouille.
Quelque chose ne lui plaît pas du tout.
Ça commence très, très bien…
En entrant dans le salon mitoyen, je suis immédiatement rassuré.
Pas de mec à attendre sur le sofa.
Quel soulagement!
Par contre, le décor n’est pas du tout ce que j’imaginais.
Autant notre appartement est propre et ordonné, moderne et fonctionnel, dans un style, Ligne Roset, aux coloris étudiés…
Autant celui de Valérie, c’est du n’importe quoi…
Bohémien?
Même pas…
Du pur branquignol!
Des objets, il y en a de tous les côtés.
Des hétéroclites.
Des bizarres.
Des démodés.
On trouve des articles aussi disparates qu’une lampe magma orange, une belle grosse boîte à cigares en acajou, en passant par une collection de Schtroumpfs en plastique.
La pièce n’est pas sale mais sérieusement désordonnée.
Au centre, autour d’une table basse recouverte d’un million de bibelots, trônent deux immenses canapés dépareillés.
A-t-elle oublié que nous venions ce soir?
Ou bien, avec son rendez-vous chez le coiffeur, n’a-t-elle pas eu le temps de ranger?
— Louis, asseyez-vous là…
Je prends place sur le canapé bordeaux délavé, hyper bas et bien trop profond.
J’ai les genoux qui remontent sous le menton.
Julie s'installe à mes côtés.
Sur ses gardes en me voyant m'enfoncer, elle opte pour le rebord mou.
Elle plie ses jambes sur le côté.
— Tiens, Chloé… Mets-toi en face de Louis.
Chloé vient s’asseoir en face de moi sur le canapé de cuir jaune vif.
Elle n'adopte pas la technique de Julie.
Trop petite pour pareil abysse, ses jambes remontent un centimètre de trop.
Avec sa robe courte, j’ai une vue imprenable sur sa petite culotte blanche!
Je tourne aussitôt les yeux vers Valérie qui me sourit gentiment.
— C’est charmant chez vous, je déclare, en me raclant la gorge.
— J’aime bien accumuler des trucs, répond Valérie, chaleureusement. Je sais que ça peut dérouter.
— Mais, non… Pas du tout.
Les lèvres pincées, c’est Julie qui est complètement déroutée.
Ma femme n’aime pas du tout.
Bingo!
Partie gagnée.
— J’amène les boissons, chantonne la maîtresse de maison, en s’éloignant.
Je sens que Chloé m'observe.
Puisque Julie me tourne en partie le dos, je feins de m’intéresser au décor pour occuper mon regard.
Le choix des affiches aux murs est assez curieux, allant d’un poster encadré du film Bonnie and Clyde avec les deux acteurs américains, en noir et blanc, des pistolets à la main, à celui de mignons petits chats ébouriffés dans un panier en osier.
Au centre du mur en face, trône un Elvis Presley géant, particulièrement hideux, fabriqué de perles colorées sur fond de velours noir.
J’ai déjà entendu dire que…
Entrer chez les gens, c’est entrer dans leurs têtes.
Il y a certainement beaucoup de vérité dans cette maxime.
Entrer chez Valérie, c’est entrer dans une névrose.
— Tu vas à l’école, Chloé? demande Julie pour briser le silence.
Quelle question stupide…
Bien sûr qu’elle va à l’école.
C’est la Loi!
— Oui, répond Chloé, timidement.
— T’es en quelle classe?
— Sixième.
— Ça se passe bien?
— Oui.
— T’as des petites camarades?
— Oui.
— Et tes professeurs sont gentils?
— Oui.
À chaque oui, Chloé se mord la lèvre inférieure.
Comme elle a déjà oublié qu’elle porte du rouge à lèvres, les bords de sa bouche se mettent à rosir.
Accoutrée en lolita, le contraste est troublant.
Son visage maquillé annonce une puberté en marche tandis que sa petite voix rappelle l’enfance innocente.
Et sa culotte blanche…
Encore un flash de sa petite culotte blanche.
J’ai, tout à coup, très honte de moi.
Je ne peux plus rester au fond de mon siège.
Je bondis en direction d’Elvis que je feins d’admirer de plus près.
En effet, il s’agit bien de perles colorées dont de nombreuses manquent à l'appel…
C’est monstrueux!
Valérie revient avec un grand plateau dans les mains.
Je m’élance pour l’aider.
— Laissez-moi faire…
— Merci, Louis. C’est très gentil.
Je lui prends des mains le plateau, couvert de verres et de boissons.
— Je vais faire de la place, signale la maîtresse de maison.
Valérie se penche en avant pour dégager un espace sur la table basse.
À cinquante centimètres en arrière, j’ai son postérieur juste sous le nez.
Je ne peux pas m’empêcher de le fixer.
Porte-t-elle un string?
Quelle couleur?
Bleu électrique?
— Louis…
Je tourne la tête vers Julie qui me fusille du regard, en fronçant des sourcils.
Valérie se redresse.
Ayant écarté des gros livres et une collection de petites boîtes argentées, elle laisse suffisamment de place pour que je dépose ma charge.
— Mon ex aimait bien la bière, déclare Valérie. Il était fin connaisseur. Je pensais que ça ferait plaisir à Louis… C’est une bière belge, très parfumée.
Valérie s'empare d'un grand verre et d’une bouteille foncée.
Elle me les colle entre les mains.
— Merci.
Je lis l’étiquette.
Mort Subite.
Tout un programme…
Moi qui n’aime pas trop la bière, me voilà servi.
— Pour Chloé, j’ai préparé un Shirley Temple. C’est un cocktail vierge, qui a été inventé pour la petite actrice de Hollywood, avec de la grenadine et de la limonade, Ginger Ale… Tiens, ma chérie.
Chloé glisse sur son siège pour s'emparer du grand verre rouge.
Du coup, le bas de sa robe remonte encore plus haut…
Malheur!
— Et pour Julie et moi, un petit mélange dont j’ai le secret… Vous allez me dire si vous aimez, Julie… C’est hautement conseillé pour mettre à l’aise…
Valérie tend un immense verre à pied à Julie.
Le mélange rappelle les mers bleues du Pacifique.
Maintenant que toutes ces dames sont à leurs places, je retourne sagement à la mienne.
Mais, cette fois-ci, j’imite ma femme, en demeurant sur le bord du canapé.
On approche nos verres pour trinquer.
— À votre santé, déclare Valérie, amicalement.
— Santé, nous répétons, en chœur.
Mon verre heurte le bord de celui de Chloé.
Elle me lance un petit coup d’œil furtif suivi d’un grand sourire.
Je réalise que c’est la première fois qu’elle sourit depuis notre arrivée.
J’avale une gorgée de l’affreux breuvage belge…
En fin de compte, ce n’est pas si mauvais que ça.
Un petit goût de cerises…
Et puis, c’est de l’alcool.
J’en ai rudement besoin.