— T'as pissé et pas dans le lit, c'est déjà pas si mal..., déclare Hortense, le nez dans le pot de chambre.
La jeune fille de quinze ans se redresse.
Florentine observe sa tenue de fille de chambre, à dominante blanche et bleue.
— Sors du lit..., ordonne-t-elle. Je vais t'habiller et après nous irons déjeuner avec les autres.
— Où suis-je..? demande Florentine.
— Nous sommes sous les combles de la galerie, côté cour... Côté est, si tu préfères…
— Qu'est-ce que je fais ici..?
— Tu es fille de chambre.
Florentine s'agite.
— Non..! Mon cheval…
— Les écuries, c'est terminé pour toi... Et, c'est tant mieux… Je veux dire, comment elles t'ont livrée... Pauvre chérie… Je n'ai jamais vu un cul abîmé à ce point... J'ai passé un temps fou à le lécher... Tu dois être contente d'être loin de ces brutes... Filles de chambre, nous sommes beaucoup plus raffinées... Allez, mets un pied à terre… Je veux voir si ton cul a un peu cicatrisé...
Hortense écarte le drap épais.
Elle tire Florentine hors du lit qui gémit de douleur.
— Allons… Ne fais pas ta douillette... Tu en as vu d'autres... Je le sais...
Florentine est debout.
Elle est habillée d'une longue chemise blanche qui lui tombe sous les genoux.
Le tissu est plus fin que la chemise des filles d'écurie.
Hortense s'occupe du lit.
Elle a des gestes rapides et efficaces.
Elle lisse le drap du dessous.
Elle arrange le drap du dessus et la couverture.
Elle regonfle le traversin.
En moins de trente secondes, le lit de Florentine est fait à la perfection.
Ensuite, Hortense soulève la chemise de Florentine pour exposer son cul.
Elle prend sur la table de chevet, un petit miroir à main.
— Regarde…
Elle le tient pour Florentine qui, sous le bon angle, découvre son cul martyrisé.
Contusionné à l'extrême, il est violet, marbré de plaques jaunes et de striures foncées.
— Pourquoi me faire ça..? se chagrine Florentine.
— Il faudra que tu nous racontes tes vicissitudes… J'aime bien les histoires de flagellation, même si je n'aime pas y participer... Les culs, je préfère les astiquer…
Hortense pose un baiser sur la fesse droite de Florentine qui réagit de surprise.
Elle se redresse.
— Allez, dans une semaine, ton beau petit cul sera réparé..., ajoute-t-elle. Pour nous autres, les châtiments sont différents...
— Comment..?
— Ils sont donnés en corvées… Tu verras...
Hortense repose le miroir.
Elle prend la pile d'habits posée sur la chaise de paille.
Elle les étale sur le lit.
— Je vais te montrer comment t'habiller… Je ne vais le dire qu'une seule fois, alors écoute bien… À partir de demain, il faudra le faire toute seule... On commence toujours par les bas… Soulève ta chemise...
Florentine lève les bords.
Hortense se baisse.
Elle s'empare de deux bas blancs opaques.
Elle caresse les poils foncés entre les jambes de Florentine.
— Tu fais assez sauvage, comme ça… Je te ferai une petite coupe, un autre jour... Avec le rasoir, je peux même te dessiner un joli cœur si tu veux...
Hortense lui enfile les bas.
Ils montent jusqu'à mi-cuisse.
— Tu as deux jarretières pour les tenir… Je te montre comment les nouer...
À chaque jambe, Hortense passe un ruban bleu sous le genou.
Elle fait un joli nœud.
— Ensuite, tu abaisses le haut du bas comme si tu le roulais… C'est parce que ça tient mieux comme ça... Bien… Maintenant, tu mets tes chaussures... Apprends bien l'ordre, parce que demain tu le feras sans aide...
Hortense présente une paire de souliers de cuir noir avec des talons bas.
— Tu mets les chaussures après les bas parce que sinon… Avec le corps baleiné, tu ne pourrais pas te plier pour les lacer... Voilà… Ensuite, c'est le jupon... Il est simple… Comme tu dois t'habiller toute seule, il se noue sur le devant.
Hortense l'aide avec le jupon blanc.
Ses petites mains sont très efficaces.
— Maintenant, le fameux corps baleiné… C'est un peu comme un bustier... Tu le fixes avec ses crochets par le devant... Ensuite, tu le tournes afin que les crochets soient dans le dos.
Hortense lui pose l'habit rigide qui maintient la poitrine de Florentine.
— Tu glisses le bout de bois dans la fente, ici devant… Il s'appelle un busc... Tu vois, le tien a ton numéro gravé dessus... Le vingt-et-un...
Florentine voit le chiffre romain gravé sur le bois, lisse et fin.
— Le busc cache ton dard…
Hortense tire un bord qui coulisse pour révéler une fine pointe de fer.
— Ce n'est pas tranchant comme une dague mais le poison est mortel… Tu ne t'en sers qu'en cas d'extrême urgence… Compris..?
— Oui…
Hortense cache le dard et glisse le busc sur le devant du corps baleiné.
— Bien… Tu as une belle ligne, maintenant... Taille fine… Poitrine, bien pigeonnée... Tu fais plus fille et moins garçon... Ensuite, viennent les poches... Je te montre…
Carrés profonds de tissu bleu, ouverts par le haut, les poches s'attachent autour de la taille.
Les cordons sont noués sur le devant.
— N'oublie jamais tes poches… Tu y mettras plus tard ton chiffon et tes gants blancs... Bien… Alors, il ne te reste plus que la robe...
Hortense aide Florentine à enfiler la robe bleue, par le haut.
— Ce modèle est plus moderne… Elle n'a pas de boutons, comme autrefois... Alors, tu peux la mettre toute seule... Le nouveau tissu est un peu élastique... Il va bien épouser tes jolies formes... Les filles couturières ont fait un joli travail pour nous...
Hortense tire sur l'habit afin qu'il tombe bien en position.
La robe n'a pas de manches.
Les bras sont couverts par celles, légèrement bouffantes, de la chemise blanche.
La robe met en avant les formes du corps baleiné.
— En t'aidant de ton miroir à main, tu ajustes la chemise pour qu'elle soit harmonieuse au décolleté… Ensuite, tu passes le foulard blanc... Tu ne le noues pas... Il est étalé sur les épaules... Les extrémités sont tenues sur le devant... Tu les bourres sous le corps baleiné... Voilà… C'est bien comme ça...
L'habit de fille de chambre de Florentine est complet.
— Pour la coiffure, tu peux garder tes tresses, aujourd'hui… Même si ça fait cheval… Comme t'es pas orpheline, t'as pas le droit au bandeau bleu, comme moi... Je te conseille de te laisser pousser les cheveux et de faire un chignon... Je te montrerai… Ah oui, j'allais oublier...
Hortense ouvre le tiroir de la table à chevet.
Elle en sort une paire de gants blancs.
— Quand on travaille, on porte toujours des gants… Tu les gardes dans ta poche gauche... Tu vois, il y a une ouverture dans la robe pour y accéder...
— Je n'ai pas de culotte..?
— Pas de cheval à monter, non plus… À propos, tu ne pisses pas par terre, ici… Il y a des pots de chambre partout dans le grand château... Nous pissons debout… Je vais te montrer comment...
Hortense reprend le pot de chambre de Florentine caché sous le lit.
Elle pose un pied sur la chaise de paille.
Elle tire sa robe et son jupon de sa main gauche.
Elle présente le pot devant son entrejambe.
Ce n'est pas juste une démonstration.
Hortense pisse copieusement dans la porcelaine.
— J'aime bien quand tu me regardes pisser..., commente Hortense. Tes yeux bleus sont si profonds…
Une fois soulagée, Hortense pose le pied à terre.
Elle remet le pot de chambre sous le lit.
— Je te montrerai, une autre fois, où le vider.
— Je n'ai pas de dague pour manger et travailler..?
— Une dague..? rigole Hortense. Ce n'est pas nécessaire… Nos armes à nous, ce sont les brosses et les chiffons... Notre ennemi numéro un s'appelle poussière… Est-ce vrai que c'est vrai que tu as tué un homme dans le parc..?
— Oui.
— Je t'envie… Ça doit être excitant de faire ça... J'espère avoir l'occasion un jour, moi aussi...
Florentine grimace devant son allégresse un peu sotte.
— As-tu des questions..?
— Non… Pas pour le moment...
— Allons déjeuner... Je vais te présenter aux autres...
— Je vais être fouettée..? interroge Florentine, avec inquiétude.
— Pour la bienvenue, tu veux dire..? Non, rassure-toi... Nous faisons les choses différemment... T'es une fille de chambre, maintenant…
Longeant le couloir, Hortense montre à Florentine différents placards où se trouvent les outils de sa nouvelle profession.
Des piles de chiffons variés…
Des brosses fines de toutes formes et tailles...
Des flacons remplis d'huile végétale, de vinaigre blanc ou de cire naturelle...
Au-delà du passage, se trouve la salle commune.
La pièce est mansardée.
Une longue table de bois ciré, étincelante…
Des chaises en paille...
La table est mise.
Des assiettes blanches profondes…
Des cuillères à soupe d'un métal brillant...
Des verres fins, transparents...
Par la porte de côté, une jeune fille de treize ans entre en tenant une énorme soupière.
Elle la pose sur une table de coin.
Sans s'occuper de leurs présences, elle repart en vitesse.
— C'est Émilie..., informe Hortense. Elle est contente que tu sois arrivée pour que tu la remplaces à monter les plats des cuisines.
Émilie revient les bras chargés de quatre plateaux en argent, empilés les uns sur les autres.
Ils sont moins larges que ceux des écuries.
— On ne l'aide pas..? propose Florentine.
— Chacune sa corvée… Ta place, à table, est ici... Le vingt-et-un... Moi, je suis à l'autre bout... Le trois… Assieds-toi et attends les autres, bien sagement...
Florentine s'installe sur sa chaise de paille.
Le corps baleiné remonte un peu.
Elle voit bien son décolleté.
L'habit rigide l'oblige à se tenir bien droite.
Elle pose les mains sur le devant de sa robe.
Cela fait des mois qu'elle n'en a pas portée.
Elle apprécie l'ouverture dégagée.
L’air frais sur son con…
Florentine observe Émilie dans son activité, imaginant que ce sera bientôt à elle de faire ces gestes.
Les filles de chambre ont un repas moins carnivore qu'aux écuries.
Une soupe de légumes...
Des viandes, sous forme de pâtés...
Des crudités…
Petit à petit, les filles reviennent de leurs travaux.
Elles se servent en eau en usant des carafes de verre posées sur la table.
Les coiffures, comme les habits, sont identiques.
Elles portent les cheveux mi-longs, tirés par des bandeaux bleus.
Une fille de chambre vient se placer à la droite de Florentine.
Du coup, elle se demande si le XXI va la suivre pendant tout son temps au haras.
Si oui, elle sera toujours la dernière servie, assise en bout de table...
— Bonjour, mademoiselle... Je suis Benoîte...
— Bonjour, Benoîte... Je suis Florentine...
Benoîte est nettement plus jeune que Florentine.
Elle présente une allure douce et délicate.
— Veux-tu être ma petite amie..? demande-t-elle, sans hésitation.
— Je pensais que ce serait Hortense.
— Non… Hortense est avec Octavine... La fille, là-bas, au deux… Hortense était chargée de ton accueil parce que moi je viens d'arriver, comme toi… Mais, je veux bien que tu me demandes, si tu préfères… Parce que tu es plus âgée... Je te trouve très jolie…
Benoîte a un visage finement dessiné, très plaisant.
Florentine n'hésite pas.
— Veux-tu être ma petite amie, Benoîte..?
— Oh, oui… Merci Florentine..., s'enchante Benoîte, sur un ton d'ingénue.
— Tu as quel âge..?
— J'ai treize ans... C'est mon premier emploi... Je sors à peine de l'orphelinat…
Après le temps passé aux écuries, Florentine se sent supérieure.
La jeune fille, qui la fixe de ses grands yeux marrons, a un air enfantin.
L'idée de l'avoir comme compagne intime l'excite aussitôt.
— Nous allons passer de bons moments ensemble…, assure Florentine d'une voix rauque qui la surprend.
Benoîte offre ses petites lèvres.
Florentine répond d'un tendre baiser.
Toutes se lèvent à l'unisson.
Colette vient d'entrer.